THOMACHOT Claude [dit Thomachot aîné] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell

Né le 3 juillet 1841 à Mâcon (Saône-et-Loire). Menuisier. Membre de l’Association Internationale des Travailleurs à Genève.

Fils d’Antoine Thomachot, menuisier, proscrit de 1848 réfugié à Genève, et de Jeanne Léonard, frère aîné d’Auguste Thomachot. La proximité des prénoms des deux frères les fait souvent confondre.

Antoine Thomachot, qui avait pris la nationalité suisse, acquise du même coup par ses fils, s’était remarié à Genève en 1861. Claude Thomachot suivit l’école à Genève. Contrairement à son frère Auguste, il ne rentra pas en France.

Il prit la responsabilité, avec Georges Herzig, d’une affiche placardée à Genève le 21 avril 1881, protestant contre l’exécution de nihilistes russes à Pétersbourg. Il signa aussi avec d’autres le mandat de Kropotkine au congrès de Londres de 1881 (voir Gustave Brocher) et fut un temps gérant du journal Le Révolté.

En novembre 1883, il partit pour l’Argentine avec sa femme Madeleine, sage-femme et couturière, et leurs enfants Auguste, Mathilde, Eugène et Emma ; il se présentait comme agriculteur et catholique aux autorités d’immigration. Elisée Reclus, à Genève, avait conseillé à Thomachot de se joindre au projet de collectivité de Mosè Bertoni (un cousin de Louis Bertoni ; voir à son sujet le Chantier biographique des anarchistes en Suisse), mais ce dernier ne partit qu’en mars 1884. Débarquant à Buenos Aires, il trouva son compagnon en difficultés financières et dut lui venir en aide. Le petit groupe (Mosè voyageait avec sa nombreuse famille) prit la route du nord, mais les Bertoni et les Thomachot se séparèrent bientôt. Mosè écrivit qu’« il n’est peut-être pas méchant, mais c’est un original, et il me semble qu’il est devenu un peu fou ; sa femme s’est révélée être une créature infâme, et c’est elle qui le conduit » (lettre du 1er juin 1884 de Santa Ana, prov. Misiones). Armand Lapie le rencontra au Parana vers 1886.

La famille Thomachot s’établit alors dans une ferme au Brésil. Claude Thomachot continua à correspondre avec Armand Lapie et Elisée Reclus, qui le remercia à la dernière page du dernier volume de la Nouvelle Géographie universelle (1894) : « Un ami de vieille date, M.Thomachot, m’avait envoyé d’amples descriptions. »

La compagne de Thomachot revint en France après sa mort, selon Armand Lapie, tandis que leurs enfants restaient en Argentine, "modestes ouvriers".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155088, notice THOMACHOT Claude [dit Thomachot aîné] [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, version mise en ligne le 27 mars 2014, dernière modification le 22 mai 2019.

Par Marianne Enckell

SOURCES : Archives départementales de Saône-et-Loire — Gazette de Lausanne, 26 avril 1881 – Archives Nettlau, IISG (lettre d’Armand Lapie à Jacques Gross, 1925) — D. Baratti et P. Candolfi, L’Arca di Mosè, biografia epistolare di Mosè Bertoni, Bellinzone 1994 – notes de Gianpiero Bottinelli et de Marc Vuilleumier — Centro de estudios migratorios latinoamericanos, www.cemla.com (TOMACHOT).

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