LAPIE Armand (LAPIE Désiré, Armand, Célestin) [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell

Né à Saint-Erme (Aisne) le 26 avril 1865, mort à Lyon le 30 mai 1940. Libraire, éditeur.

Armand Lapie était le fils d’Alcindor Lapie, carrossier, militant blanquiste qui mourut accidentellement pendant le siège de Paris lors de l’explosion de sa fabrique de bombes Orsini.

Vers 1886, il vécut quelque temps en Argentine, où il rencontra Claude Thomachot. Il travailla dans des colonies agricoles russes, "copies du mir".

Il aurait été gérant ou collaborateur du Père Peinard. En 1892 il habitait Londres, où il tenait une librairie, 30 Goodge Street, un des rendez-vous de la colonie anarchiste française. En 1894 il aurait habité, selon la police, chez Cesare Cova, un anarchiste illégaliste fréquentant le groupe de Parmeggiani, L’Anonimato/L’Anonymat. Le lendemain de l’exécution de Vaillant parut un placard intitulé A Carnot le tueur et signé Un groupe anarchiste ; selon un rapport de police, il aurait été rédigé par Cohen et imprimé par Ségaud, Lapie et Bidault.

Son nom figure (sans photo) dans l’Album photographique des individus qui doivent être l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières (Paris, Imprimerie Chaix, septembre 1894), en tant que réfugié à Londres, sous le coup d’une condamnation.

Fin 1895, Lapie fut victime de dénonciation de la part des compagnons, accusé d’être un mouchard pour d’obscures raisons, peut-être résumées par Constant Martin : « Il est bien connu qu’à Londres les compagnons s’aigrissent et deviennent suspicieux à l’excès. » C’est alors contre lui que furent publiés d’autres placards par le groupe L’Anonymat.

Lapie s’installa alors à Lausanne où il ouvrit la Librairie ancienne et populaire en 1899, rue de la Louve 5, où défilèrent des générations d’étudiants. Il participa à la fondation de la Maison du Peuple et fut en 1905 parmi les enseignants de l’Ecole libre de Lausanne, qui y donnait des cours tous les dimanches sous l’égide de la Libre Pensée. Il fut ensuite au premier comité de l’Ecole Ferrer de Lausanne (voir Jean Wintsch).

De 1903 à 1920, il édita à Lausanne une vingtaine d’ouvrages, notamment les Souvenirs d’une morte vivante de Victorine Brocher, une brochure de Wintsch sur Steinlen, des œuvres de Claude Tillier, des traductions de Romeo Manzoni.
Il était marié à Henriette Pidoux, sans enfants, et avait « adopté » la fille d’un compagnon, qui devint comédienne à Lausanne.

Mais pendant la guerre il passa dans le camp des interventionnistes et redevint francophile, au point de se faire décerner la Médaille d’honneur du ministère des Affaires étrangères.

Il rentra en France en 1925, d’abord à Reims puis à Lyon, où il mourut en 1940.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article155459, notice LAPIE Armand (LAPIE Désiré, Armand, Célestin) [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, version mise en ligne le 27 mars 2014, dernière modification le 6 août 2021.

Par Marianne Enckell

SOURCES : Edmond Villetard, L’Insurrection du 18 mars, Paris 1872 — Constance Bantman, « Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914 », thèse, Paris, 2007 — Dictionnaire Maitron (pour Alcindor Lapie) — AD Aisne, état-civil Saint-Erme-Outre-et-Ramecourt – Gazette de Lausanne, 23.8.1923, 10.6.1940 — Les Temps Nouveaux, 8 et 22 février 1896 — Le Libertaire, 15 et 22 février 1896 — René Bianco, « Un siècle de presse anarchiste d’expression française », thèse, Aix-Marseille 1987. – Note de Lapie pour Jacques Gross et Max Nettlau, ca 1925 : Max Nettlau Papers, IISG Amsterdam.

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