TYSZELMAN Samuel (Szmul), Cecel

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Né le 21 janvier 1921 à Pulawy (Pologne), fusillé, par condamnation, le 19 août 1941 à La Vallée-aux-Loups à Châtenay-Malabry (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier casquettier, employé ; militant communiste ; résistant, membre de l’Organisation spéciale (OS).

Fils de Raphaël et de Dwojra, née Nudelman, Samuel Tyszelman était âgé de trois ans quand ses parents émigrèrent en France et s’installèrent à Paris (XVIIIe arr.). La famille obtint la nationalité française le 19 mars 1940. Son père exerçait la profession de chapelier. Samuel Tyszelman, bon élève, dut arrêter ses études et travailler à ses côtés dès l’âge de quinze ans. Il fréquenta le patronage laïc du Yiddisher Arbeiter Sport Club (YASK), affilié à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT). Il militait à la Jeunesse communiste (JC) avec Georges Ghertman, Charles Wolmarck et Élie Wallach, qui l’appelaient familièrement « Titi ». À l’été 1941, membre des Bataillons de la jeunesse, il assuma la direction de la JC des IIIe, IVe et Xe arrondissements. Selon Albert Ouzoulias, Samuel Tyszelman, Charles Wolmarck et Élie Wallach dérobèrent le 2 août 1941 de la dynamite dans une carrière de Clichy-sous-Bois (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis), en prévision de futurs attentats.
Samuel Tyszelman habitait au 45 rue de Turenne (IIIe arr.).
La direction clandestine du Parti communiste décida d’organiser une manifestation sur les Grands Boulevards en mobilisant la Jeunesse communiste. Le 13 août 1941 vers 19 heures, Olivier Souef, l’un des dirigeants des étudiants communistes, sortit de la bouche du métro Strasbourg-Saint-Denis avec un drapeau tricolore. Le signal était donné : les jeunes présents sur les trottoirs se joignirent au petit groupe, une quarantaine de manifestants se dirigèrent vers la place de la République en entonnant le premier couplet de « La Marseillaise ». Henri Gautherot était l’un de ceux chargé de la protection des manifestants. La police municipale ayant été prévenue par téléphone, rapidement, les jeunes communistes lancèrent à la volée des tracts dénonçant l’occupation allemande. Des militaires et marins allemands s’en prirent physiquement aux manifestants, qui s’échappèrent. Deux marins se lancèrent à la poursuite de Samuel Tyszelman. Il se réfugia dans la cave de l’immeuble du 29 boulevard Magenta (Xe arr.). Le concierge le dénonça à la police municipale, qui l’arrêta. Il fut fouillé, mais il n’était porteur d’aucun tract ou objet. Il nia avoir participé à la manifestation, mais les marins allemands confirmèrent qu’il était parmi les manifestants.
Incarcéré à la prison de la Santé (XIVe arr.), Samuel Tyszelman comparut le 18 août 1941 en compagnie d’Henri Gautherot très sérieusement blessé, devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Tous les deux furent condamnés à mort. Samuel Tyszelman écrivit une dernière lettre à sa famille, recommandant à ses parents : « soignez-vous bien afin de vous garder pour Fleur [sa jeune sœur] ». Il fut passé par les armes le 19 août à La Vallée-aux-Loups, chemin dit de l’Orme-Mort, à Châtenay-Malabry.
Son corps fut inhumé le 19 août au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) division 47, ligne 2, n° 72, en présence de l’abbé Dubreuil, premier chapelain du Sacré-Cœur de Montmartre (XVIIIe arr.), qui assista Henri Gautherot dans ses derniers moments. Le jour même, un Avis signé du commandement militaire allemand en France, en français et en allemand, fut placardé dans les rues de Paris : « Le Juif Szmul Tyzelman de Paris, le nommé Henry Gautherot de Paris ont été condamnés à mort pour aide à l’ennemi, ayant pris part à une manifestation communiste dirigée contre les troupes d’occupation allemandes. Ils ont été fusillés aujourd’hui. Paris, le 19 août 1941. » Deux jours plus tard, Pierre Georges, qui venait d’abattre l’aspirant de marine Moser à la station de métro Barbès-Rochechouart, déclara à ses amis : « Titi est vengé. »
Sur l’acte de décès de Samuel Tyszelman figure la mention « Mort pour la France » par avis du ministre des Anciens Combattants et Victimes de la guerre du 16 avril 1958.

- La dernière lettre de Samuel Tyszelman
 
Samuel Tyszelman écrit une dernière lettre à sa famille, le 19 août 1941.
« Très chers parents et très chère sœur,
Ceci seront certainement les derniers mots que j’écrirais : mes dernières pensées vont à vous. Si, dans ma vie, je vous ai parfois fait quelques misères, pardonnez-moi, d’ailleurs je suis sûr que vous m’avez déjà pardonné. Je vous demanderai surtout une chose à laquelle, je suis sûr, vous ne me refuserez pas de m’obéir, surtout, en quelques sortes, que ce sont mes dernières volontés.
Soignez-vous bien et élevez bien Fleur et faites que ce soit vraiment une bonne fille, digne des excellents parents que vous avez toujours été [...]. Je n’aie plus grand-chose à vous dire si ce n’est que jusqu’au dernier moment je penserais à vous.
Encore une fois, soignez-vous bien afin de vous garder pour Fleur.
Bonjour à tout le monde ou plutôt Adieu.
Tous mes baisers pour toi maman, pour toi papa et pour toi Fleur.
Je vous adore.
Votre fils.
Adieu.
Samuel. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article157866, notice TYSZELMAN Samuel (Szmul), Cecel par Daniel Grason, Gérard Larue, version mise en ligne le 2 avril 2014, dernière modification le 20 août 2022.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Nouvelle plaque posée à Châtenay-Malabry
Communiqué par madame Annette Bouton-Charle
Mémorial de la vallée aux loups. Châtenay-Malabry
Communiqué par madame Annette Bouton-Charle

SOURCES : Arch. PPo., 77W 202, BS2 cartons 20 et 44. — DAVCC, Caen, B VIII dossier 2, Liste S 1744-1537/41 (Notes Thomas Pouty). — Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, Éd. sociales, 1972. — Annette Wieviorka, Ils étaient Juifs, résistants, communistes, Denoël, 1986. — J.-M. Berlière, F. Liaigre, Le sang des communistes, op. cit. — Pierre Daix, Dénis de mémoire, Gallimard, 2008. — G. Krivopissko, La vie à en mourir, op. cit. — Site Internet CDJC. — MémorialGenWeb. — État civil, acte de décès, Le Plessis-Robinson. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry. — Notes de Jean-Pierre Ravery.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable