BEERBLOCK Karel (Charles). [Belgique]

Par Guy Vanschoenbeek

Gand (Gent, pr. Flandre orientale, arr. Gand), 1854 − 1918. Ouvrier textile puis employé de la coopérative socialiste, militant ou dirigeant (?) de l’Association socialiste des travailleurs du lin, cofondateur de coopératives dont le Vooruit.

Karel Beerblock s’élève à force de travail au poste de chef d’équipe dans une usine linière. En 1884, militant de l’Association socialiste des travailleurs du lin, il est engagé comme employé à la coopérative, Vooruit (En avant), après l’échec d’une grève. La même année, il est cosignataire de l’acte officiel de fondation du Vooruit. En 1896, il devient chef d’atelier et administrateur. Dans le même temps, il est la cheville ouvrière de l’Association des travailleurs du lin, qu’il représente entre autres au Congrès du Belgische werkliedenpartij (BWP) - Parti ouvrier belge (POB) en 1891 et 1893.

Élu au Conseil de prud’hommes de Gand en septembre 1887, Karel Beerblock ne peut pas siéger, son beau-frère, Gust Vanderhaeghen* étant également élu. En 1887, il est candidat aux élections communales de Gand.

L’action de Karel Beerblock au sein de l’Association des travailleurs du lin lors de la grève générale de 1893 lui vaut une sévère condamnation. Fin 1895, il est l’un des meneurs des actions de masse dans les usines de textile gantoises, actions qui l’amènent à être à nouveau d’être condamné à quelques mois de prison. Au cours de cette période, il est nettement radical et anti-Anseele, ce qui transparaît dans sa correspondance avec l’anarchiste hollandais, Ferdinand Domela Nieuwenhuis.
Cela semble changer subitement en 1896 : dans le conflit Vooruit - Paul De Witte, Karel Beerblock choisit clairement le parti d’Edouard Anseele et consorts. Il devient secrétaire du parti, secrétaire du Comité central du POB gantois – il le reste jusqu’en 1907 – et est l’un des soutiens d’Edouard Anseele. Il laisse Jan Samijn* s’occuper du fonctionnement de l’Association des travailleurs du lin.

Beerblock se lance dans la coopération : déjà avant 1895, il fait des essais d’exportation du modèle coopératif à Menin (Menen, pr. Flandre occidentale, arr. Courtrai - Kortrijk). Plus tard, il s’occupe de la fondation de De Zon (Le soleil), entre autres à Tielt (pr. Flandre occidentale, arr. Tielt).
En 1900, il guide le rédacteur du Peuple, Auguste Dewinne, lorsqu’il fait paraître sous forme de livre ses reportages sous le titre Arm Vlaanderen (Pauvre Flandre).
Le nom de Karel Beerblock est surtout lié à l’implantation de la coopération à Lokeren (pr. Flandre orientale, arr. Saint-Nicolas - Sint-Niklaas) à partir de 1907. Déjà en 1891, il vient pour y donner des meetings et essaie d’y monter une organisation syndicale. À partir de 1907, soutenu moralement par le Comité central gantois et surtout financièrement par l’industriel et philanthrope, Ernest Solvay, Beerblock met sur pied une coopérative de production pour le traitement des peaux de lapin à Lokeren. Les premiers conflits apparaissent après deux ans, avec, en 1909, une grève contre sa décision de retravailler « à domicile ». En 1911, il se retire de cette entreprise. Son travail, L’industrie des peaux de lièvre et de lapin en Flandre. Travail à domicile (traduction française parue en 1912), fait naître une véritable polémique de presse, entre autres dans le journal Vooruit où Ferdinand Hardijns* lui reproche d’être devenu libéral. Déjà en août 1904, dans un article sur le rôle des syndicats, Beerblock écrit : « Nous ne devons pas poser nos revendications au nom de la classe ouvrière (werkenden stand), mais comme personnes (menschen) qui ont l’avantage d’appartenir aux forces créatives de la société ». Lors du Congrès de la Commission syndicale de 1904, il déclare : « Il faut beaucoup attacher d’importance au côté moral dans les syndicats ». C’est alors la fin définitive de la carrière de Beerblock dans le mouvement socialiste.

Il faut encore signaler l’intérêt de Karel Beerblock pour le mouvement féminin. Au VIe Congrès de la Commission syndicale en 1903, son intervention porte sur la nécessité pour les syndicats de défendre les revendications et les intérêts des femmes. En 1907, il écrit Onbegrepen (L’incomprise), un roman qui peut être qualifié de féministe.

Karel Beerblock est toujours très actif sur le plan littéraire. Outre les publications déjà mentionnées, il écrit en 1904 quelques courtes esquisses sous le titre, Uit het leven des fabriekswerkers (La vie des ouvriers d’usine). Ce qui est remarquable est que, malgré le tournant politique de la fin de sa vie, son nom continue à vivre dans les annales de l’historiographie socialiste de cette époque et surtout dans la mémoire des travailleurs du lin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158314, notice BEERBLOCK Karel (Charles). [Belgique] par Guy Vanschoenbeek, version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 5 avril 2024.

Par Guy Vanschoenbeek

SOURCE : VANSCHOENBEEK G., Novocento in Gent. De wortels van de sociaal-democratie in Vlaanderen, Gent-Antwerpen, AMSAB-Uitgeverij Hadewijch, 1995.

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