COLIN Marius, Georges

Par Daniel Grason

Né le 18 janvier 1899 à Nouzonville (Ardennes), mort le 27 décembre 1949 à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine) ; chef de la régie municipale ; militant communiste de Gennevilliers ; déporté à Mauthausen (Autriche).

Fils de Désiré, manouvrier, et d’Henriette, née Fillion, Marius Colin s’était marié le 29 avril 1922 à Sedan (Ardennes) avec Marcelle Duc. En 1924 il vint habiter au 38 rue du Gros-Orme, puis 2 place du docteur Roux à Gennevilliers dans un logement locatif de la cité jardins. Chef de la régie municipale de la ville de Gennevilliers, il militait au Parti communiste.
Après l’approbation du pacte germano-soviétique par le parti communiste, le gouvernement interdisait son activité par le décret du 22 septembre 1939. La délégation spéciale nommée à la tête de la ville décidait le 5 octobre 1939 le licenciement des salariés connus pour leur engagement communiste, dont Marius Colin.
Le 29 novembre 1939 vers 17 heures des policiers du commissariat d’Asnières faisaient irruption dans l’appartement des époux Aubruchet, Lucien et Thérèse au 2 place du docteur-Roux dans le même escalier que Colin. Ils surprenaient Marius Colin, René Sevi et Marie Encontre qui imprimaient le n° 8 de l’Humanité clandestine. Les policiers saisissaient : un duplicateur, des stylets, trois flacons d’encre, trois boîtes de stencils, un paquet de tracts, des documents et 2700 francs en espèces. Une automobile Peugeot qui devait servir au transport du matériel était mise en fourrière.
Tous étaient inculpés d’infraction au décret du 22 septembre 1939, incarcérés à la prison de la Santé à Paris, ils comparaissaient en février 1940 devant le 2e Tribunal militaire de Paris. Marius Colin et René Sevi étaient défendus par Maître Moro-Giafferi, ils furent condamnés à cinq ans de prison. Le journal collaborationniste Le Matin du 22 mai 1940 se fit l’écho de cette condamnation sous le titre : « Des imprimeurs clandestins de l’organe des Soviets sont condamnés ». Le quotidien indiquait que : « René Sevi, ancien instituteur, directeur auxiliaire du patronage de Gennevilliers [était] en train de composer des tracts communistes et d’imprimer une feuille portant le titre de l’organe officiel des Soviets en France ». Marius Colin et René Sevi étaient condamnés à cinq ans de prison.
Marius Colin quitta le 21 mars 1940 la prison de la Santé pour Fresnes, le 4 avril 1940 il arrivait à la centrale de Poissy (Seine-et-Oise, Yvelines), le 5 juin 1940 à l’abbaye de Fontevrault (Maine-et-Loire). Le 2 août 1942, à la demande du Ministère de l’Intérieur, un membre de la sous-direction administrative rédigeait une note sur lui. Il observait que : « Colin, qui était un militant actif, n’occupait pas toutefois un poste important dans l’ex-Parti Communiste ».
Son parcours carcéral continua, le 17 septembre 1943 il arrivait à la prison de Blois (Loir-et-Cher), le 17 février 1944 son transfert eut lieu au camp de Compiègne (Oise). Marius Colin était le 22 mars 1944 dans le convoi de 1218 hommes à destination de Mauthausen (Autriche). Les prisonniers arrivèrent le 25 mars, il fut affecté au Kommando de Gusen où les détenus travaillaient au creusement de galeries qui abritaient des chaînes de montage de moteurs d’avions des firmes Steyr, Daimler, Puch et Messerschmitt. Ses poumons et son cœur furent affectés par le travail forcé, les mauvais traitements, des conditions de travail qu’aggravaient l’insuffisance de nourriture. Marius Colin fut transféré au camp de Mauthausen.
Le camp fut libéré par l’armée Américaine le 5 mai 1945, 640 hommes sur 1218 étaient morts. Marius Colin matricule 59753 avait survécut. Son état physique était très faible, il reprit cependant son travail le 1er juillet 1945. En septembre 1945 il s’adressa par écrit à Waldeck L’Huillier, maire de la ville. Il lui demandait le paiement des cinq ans et près de six mois passés en détention et en déportation. À la suite de son congé annuel qui se terminait le 16 décembre 1946, il annonça qu’il ne reprendrait pas son travail.
Deux ex-déportés Gaston Mousson, matricule 60351 et Roger Heim, n° 41999 témoignèrent auprès de la Direction interdépartementale des Anciens combattants et victimes de guerre, ils certifièrent que Marius Colin avait contracté une maladie des poumons et du cœur au cours de sa déportation. Le préfet de la Seine en fit part dans une lettre du 17 décembre 1949 adressée au préfet de police, en précisant que Marius Colin demandait une pension.
Entre les fêtes de Noël et du jour de l’An, le 27 décembre 1949, Marius Colin mourut à son domicile.
Le nom de Marius Colin figure parmi les morts en déportation sur le monument commémoratif au cimetière communal de Gennevilliers.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174378, notice COLIN Marius, Georges par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 juillet 2015, dernière modification le 25 février 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. CB.81.23, 1W 0566. – Bureau Résistance GR 16 P 136865 (non homologué). – Arch. Mun. Gennevilliers. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Le Matin, 22 mai 1940. – État civil.

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