ROZE Suzanne, née [CLÉMENT Suzanne Hélène Joséphine]

Née le 18 août 1904 à Beuzeville-la-Grenier (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), morte en déportation le 1er mars 1943 à Auschwitz ; militante CGT à Fécamp ; militante communiste de Seine-Maritime ; juge prud’homme à Fécamp (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), déchue en 1941.

Suzanne Clément naquit le 18 août 1904 à Beuzeville-la-Grenier (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), fille d’un père cheminot et d’une mère sans profession. Elle devint confectionneuse dans le textile, dans une usine de Fécamp.
Elle était issue d’une famille de militants communistes, son père fondateur d’une cellule communiste était en 1939 secrétaire du groupe des Vieux travailleurs et son frère Julien était trésorier du rayon de Fécamp._
Le 23 août 1924 elle se maria à Fécamp, avec Louis Joseph Roze. Le couple eut un fils, Michel, né en 1924.

Le 10 février 1926, elle participa à la fondation du syndicat unitaire du Textile de Fécamp, qui n’eut qu’une existence éphémère, mais cet échec ne la découragea pas et elle s’imposa comme le véritable porte-parole des salariés des Établissements Couturier de Fécamp. Inscrite au Parti communiste à partir de 1935, elle multiplia les incidents qui lui valurent plusieurs blâmes.

Le 8 juin 1936, elle participa au déclenchement de la grève aux Établissements Couturier de Fécamp, où elle était ouvrière. Des piquets de grève furent installés, et, pendant quatre jours, le personnel occupa l’usine, les hommes assurant la garde de nuit, et le 11 juin la grève se termina par la satisfaction de l’ensemble des revendications. Le syndicat fut créé, et Suzanne Roze devint une militante très connue dans la ville. Elle devint Conseillère prud’homale.

En 1938, à la suite de la grève du 30 novembre, elle subit la répression patronale, perdit son emploi et se retrouva au chômage. La seule entreprise où elle put se faire embaucher fut une sécherie de poissons, où le travail était très dur. Quand, en prison, on lui demandait ce qu’elle y faisait, elle répondait : “Je lavais les joues de morues”. Elle devint alors dirigeante du syndicat de l’Alimentation de Fécamp.

Le 3 octobre 1939, elle fut condamnée par le tribunal correctionnel du Havre à 18 mois de prison et 1000 francs d’amende pour "propagande d’inspiration étrangère", car malgré l’interdiction du parti communiste, elle continuait à le défendre publiquement, et à en diffuser les écrits.

Pour n’avoir pas répudié publiquement et catégoriquement toute adhésion au parti communiste, et toute participation interdite par le décret du 26 septembre 1939, elle fut déchue de son mandat de conseiller prud’homme par arrêté en date du 22 février 1941, en même temps que les conseillers prud’homme de Rouen : Paul Boufflet, Hélène Caudron, Maurice Jeanne, Abel Poirson, Roger Sporry, et Georges Bourgois ; de Darnétal : Fernand Campard, et Roger Bourgeois ; Elbeuf : Georges Mesnil ; du Havre : Oscar Laudéa, et Hervé Guyader ; de Bolbec : Joseph-Hilaire Deneuve et Ernest Delcourt.

Elle quitta Fécamp pour le Havre, puis Rouen, en laissant son fils en garde chez sa mère et devint une militante illégale. La police française l’arrêta le 20 février 1942, alors qu’elle se rendait chez Madeleine Dissoubray et, ne pouvant obtenir aucun renseignement sur la Résistance, la livra à la Gestapo le 23 mars. Sa mère fut elle aussi arrêtée, puis transférée avec elle à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e), et son fils confié à des voisins. Sa mère fut libérée en juillet 1942, retourna à Fécamp et reprit son petit-fils. Le 22 janvier 1943, Suzanne Roze fut parmi les cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne où on la fit monter dans un wagon à bestiaux. Le 24 janvier le train partit pour l’Allemagne. Elle arriva à Auschwitz le 26 janvier 43 et y mourut 1er mars.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20147, notice ROZE Suzanne, née [CLÉMENT Suzanne Hélène Joséphine], version mise en ligne le 18 mai 2020, dernière modification le 16 juillet 2021.

SOURCES : Arch. Dep. de Seine-Maritime, cote 1M 313, 4 MP 2886 Fiches individuelles de militants syndicaux. — État civil. — 1936, ils ont osé, ils ont gagné, histoire des grèves en Seine-Inférieure, publié en 2006 par l’Institut CGT d’Histoire sociale de Seine-Maritime — Ils sont toujours vivants..., brochure de la Fédération PCF de Seine-Maritime, 1985. — Site Web Mémoire Vive, des convois des 45000 et des 31000 d’Auschwitz-Birkenau : http://old.memoirevive.org/spip.php?article1363. — Le Convoi du 24 Janvier, de Charlotte Delbo, Éditions de Minuit, 1966. — Note de Joëlle Tocque.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable