VERNICHON Maurice, Alphonse

Par Gilles Pichavant

Né le 26 avril 1910 à Graville-Sainte-Honorine (Seine-Inférieure, Seine-maritime), mort le 17 août 1942 à Auschwitz (Pologne) ; inscrit maritime ; syndicaliste CGTU puis CGT ; communiste ; déporté

Maurice VERNICHON Col. part. de l’Union Locale Cgt du Havre
Maurice VERNICHON Col. part. de l’Union Locale Cgt du Havre

Maurice Vernichon naquit le 26 avril 1910 à Graville-Sainte-Honorine, fils de Jules Vernichon, menuisier, et de Marie Daubenfeld, son épouse. Il devint marin au Havre.
On sait que les ports jouaient un rôle de premier plan dans le fonctionnement de l’Internationale communiste (komintern). C’était le cas du port du Havre et Maurice Vernichon ainsi que ses collègues, navigants ou dockers, Roger L’Hévéder, Augustin Gruenais, Émile Famery, Charles Domurado*, Henri Nicol, Marcel Toulouzan, Couillard étaient rattachés à l’IMD (Internationale des Marins et Dockers). Leur rôle international les amenait à occuper dans l’organisation communiste une place particulière avec parfois des missions directement commanditées par l’IC ou la direction centrale du PCF. Cette activité politique parallèle tenait les marins et dockers en marge des structures locales du Parti. On évoque à ce sujet la notion de double appareil. La guerre d’Espagne accentua ce phénomène avec la création de la compagnie maritime France-Navigation, la « société rouge » au pavillon français qui possédait plusieurs navires au port d’attache du Havre, recrutait des équipages entiers de militants communistes, en vue d’aider la République espagnole en péril à s’armer. En 1937, Maurice Vernichon travailla comme soutier sur le Winnipeg, un vapeur de cette compagnie maritime.
Militant communiste et syndicaliste, il poursuivit son engagement dans la clandestinité. Maurice Vernichon appartint, avec Roger L’Héverder et Émile Famery, à la première organisation clandestine de résistance au Havre, de l’été 1940 à celui de 1941. Elle était constituée d’éléments jeunes, ouvriers et instituteurs, plus une bonne partie des anciens des Brigades internationales et de la compagnie France-Navigation, tous issus du 4ème canton du Havre, de l’ancienne commune de Graville.
Pris dans la même affaire que Léon Bellenger, de Sainte-Adresse, Marcel Couillard et Maurice Granjon*, sur enquête du commissariat spécial du Havre, pour « distribution de tracts dans les queues pour le ravitaillement », il fut arrêté le 31 janvier 1941 à Bordeaux, où son travail l’avait amené. Il fut détenu dans une prison de cette ville jusqu’au 5 février. Le lendemain, il fut conduit en transit à la Maison d’arrêt de la Santé à Paris. Le 13 février, il fut écroué à la Maison d’arrêt du Havre.
Le 19 mars, le tribunal correctionnel du Havre condamna Léon Bellenger, Marcel Couillard et Maurice Vernichon à 13 mois d’emprisonnement chacun, pour propagande communiste. La libération de Maurice Vernichon de la Maison d’arrêt du Havre devait s’effectuer le 28 avril 1942, à l’expiration de sa peine, un mois après ses deux camarades. Mais il fut maintenu en détention sous le statut d’interné administratif en attendant d’être remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci, conformément aux procédures ordonnées dans le « Code des otages ». Transféré au camp de Royallieu à Compiègne sans doute en janvier 1942, il fut déporté le 6 juillet 1942 dans le convoi des 45 000 vers Auschwitz. Le 17 août 1942 Maurice Vernichon mourut au Revier d’Auschwitz, d’après l’acte de décès du camp.
La mention “Mort en déportation” fut apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001). La mention "décédé au camp d’Auschwitz" fut aussi apposée sur son acte de naissance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article204809, notice VERNICHON Maurice, Alphonse par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 30 juin 2018, dernière modification le 30 décembre 2020.

Par Gilles Pichavant

Maurice VERNICHON Col. part. de l'Union Locale Cgt du Havre
Maurice VERNICHON Col. part. de l’Union Locale Cgt du Havre

SOURCES : Site Mémoire Vive, Maurice Vernichon — Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 376 et 422. — Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Haute-Normandie réalisée à Rouen en 2000, citant : Liste établie par la CGT, p. 10 – Brochure “30 ans de luttes“, PCF de Seine-Maritime, 1964. — Louis Eudier, listes à la fin de son livre Notre combat de classe et de patriotes (1939-1945), imprimerie Duboc, Le Havre, sans date (1977 ?). — Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre d’appel avec la liste des détenus décédés (« Verstorbene Häftlinge »). — Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3. — État civil
. – Marie-Paule Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre, PURH, 2010.

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