Par Jacques Droz
Né le 11 avril 1896 à Weggis (Suisse), mort le 23 novembre 1988 à Berlin-Est ; écrivain communiste, émigré aux États-Unis.
Frère cadet de John Heartfield, Wieland Herzfelde était né dans une famille militante de gauche : son oncle, Joseph Herzfelde, magistrat de carrière, avait été l’un des fondateurs de l’USPD et avait appartenu jusqu’à sa mort au parti communiste. Wieland Herzfelde débuta à Berlin dans la littérature dadaïste et dirigea la revue Die Pleite (La Faillite). Inscrit en 1919 au KPD, puis au Bund proletarisch-revolutiânärer Schriftsteller (Ligue des écrivains prolétariens révolutionnaires), il fut l’un des fondateurs du Malik-VerLag, créé d’abord pour publier les œuvres dadaïstes et expressionnistes et qui devint le centre de diffusion de la littérature communiste et soviétique. Quand il devint impossible d’en poursuivre la direction à Berlin, il la transporta à Prague, puis à Londres. A Prague, il avait mis en route, d’accord avec J.R. Becher, les Neue Deutsche Blätter, qui parurent de 1933 à 1935, auxquels collaborèrent, entre autres, Oskar Maria Graf (1894-1967) et Anna Seghers, et dont le but était de combattre le fascisme au moyen de la littérature. Cette revue n’afficha pas l’optimisme de la plupart des revues de l’exil ; elle s’ouvrit aux organisations non-marxistes, voire libérales, ainsi qu’à l’idée du Front populaire, mais elle attaqua vivement les écrivains qui, comme Gerhardt Hauptmann, s’adaptaient à la nouvelle Allemagne ou qui se réfugiaient dans l*« émigration intérieure ».
Ayant liquidé l’entreprise du Malik, Herzfelde émigra aux États-Unis où il fut le seul intellectuel communiste qui réussit à imposer sa présence idéologique. Il fit publier de nombreuses œuvres de ses compatriotes par le Deutscher Schriftsteller-verband (Association des écrivains allemands) et à la fin de la guerre, il créa la maison d’édition Aurora qui fut gérée de façon coopérative par plusieurs auteurs, dont Ernst Bloch et Bertolt Brecht, et qui édita sous le titre de Morgenröte (Aurore) plusieurs textes antifascistes.
Revenu en 1949 en Allemagne, Herzfelde fut nommé professeur à l’Université de Leipzig, membre de l’Académie des Sciences et président du Pen-Club de Berlin-Est. Il y vivait en 1988.
Par Jacques Droz
ŒUVRE : Der Malik-Veriag 1916-1947,1966.
SOURCES : Walter, Exilliteratur, op. cit. — Palmier, Weimar, op. cit. — Rœder et Strauss, op. cit. — Durzak, op. cit.