GRIMOUILLE Louis [GRIMOUILLE Henri, Louis]. Pseudonyme : Henry Falques

Par Gérard Larue

Né le 23 juillet 1909 à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine) mort le 14 janvier 1958 ; métallurgiste, professeur d’enseignement technique professionnel ; militant CGT et communiste ; résistant FTPF-FFI, président du Comité de Libération du Xe arrondissement de Paris, maire du Xe à la Libération (1944-1946).

Fils de Louis Grimouille, cordonnier, né le 27 février 1866 dans la Nièvre ; et d’Emma-Frida Gross, née en 1879 à Saint Gall Suisse, Henri Grimouille épousa le 27 octobre 1927 à Courbevoie, Marie, Françoise Tréguier, née le 4 juin 1901 à Saint Gilles Pligeaux (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Ils eurent deux filles, Christiane et Yvette.
Incorporé au 72e régiment d’artillerie le 15 octobre 1930, Henri Grimouille reçut le grade de brigadier pointeur. Il rejoignit son foyer en octobre 1931.
Le couple s’installa en février 1932 au 43, rue Albouy Paris Xe arrondissement (actuelle rue Lucien-Sampaix). Titulaire du certificat d’études primaires, il aspirait à améliorer ses connaissances. C’est ainsi qu’il suivit avant-guerre des cours du soir de culture générale à la Maison des syndicats dispensés rue Mathurin Moreau (Paris XIXe arr.).
Membre de la CGT, il participa activement aux réunions syndicales dans les usines, bureaux, magasins, à la Bourse du travail du Château-d’Eau et de la Grange-aux-Belles.
Mobilisé en septembre 1939, son métier de soudeur à l’arc, peu répandu et très recherché, lui permit une affectation spéciale en août 1940 aux Ateliers de chaudronnerie de Noisy-le-Sec. Il fut ensuite employé à partir d’octobre 1941, à la Société des avions Caudron-Renault 52, rue Guynemer à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine) en qualité de professeur technique pour les apprentis. Il devint plus tard agent de maitrise puis professeur d’enseignement technique.
Membre du Parti communiste avant-guerre, et malgré l’interdiction de ce dernier par le gouvernement Daladier en septembre 1939, il participa dès 1940 à l’organisation de la résistance en région parisienne dans le cadre de la formation des Comités populaires, sous l’impulsion d’Henri Tanguy futur lieutenant-colonel Rol. En mai 1941, il rejoignit les rangs des Francs-tireurs-partisans-français où il fut chargé du recrutement de nouveaux résistants sur la région P1 (10è, 11è, 12è, 18è arr.). Dès février 1942, nommé au 1er bureau FTPF de l’Ile de France, il dirigea la région P2 (rive gauche de la Seine) où il assuma la responsabilité du recrutement et de la formation des groupes armés, puis en juillet 1943, il fut nommé au grade de lieutenant par Roger Arnoux, cadre régional. Il occupa les mêmes fonctions à nouveau sur la région P1.
Selon le témoignage de ses filles : « le 43 rue Albouy vit passer, Jean-Pierre Timbaud, André Tollet, Rol-Tanguy, et bien d’autres camarades clandestins antifascistes allemands notamment ». Albert Ouzoulias, membre du Comité parisien de libération, confirma que « leur père avait procuré de nombreuses planques aux FTPF ».
Extrêmement prudent dans un combat clandestin dangereux pour sa famille et lui-même, soutenu par son épouse, aidé parfois par sa fille aînée, il appliqua méticuleusement les consignes de sécurité du Parti, tout en continuant son métier. En août 1943, pour échapper à la police française, il dut passer dans l’illégalité complète et devint permanent FTPF, assumant la responsabilité du contrôle, de la sécurité et du recrutement des FTPF en liaison avec l’inter militaire Vidal et le commandant Raynal, de juillet 1943 à la Libération.
En juillet et août 1944, responsable aux cadres sous les ordres de Rino Scolari, il dirigea la formation des milices patriotiques dans le Xe arrondissement, ainsi que celle du bataillon « la Marseillaise » à l’école du quai de Valmy.
Homologué membre du groupe FFI du Xe arrondissement secteur Nord-Seine-mouvement FTPF du 18 août au 25 août 1944, il participa aux combats des gares de l’Est et du Nord et du métro Saint-Martin. Concernant cette période, Henri Grimouille déclara dans son dossier d’homologation aux FFI : « Le dernier retranchement de l’ennemi sur le Xe arrondissement a été la caserne Prince Eugène, place de la République. Les SS présents refusèrent de se rendre et firent une sortie par les couloirs du métro communiquant avec les sous-sols de la caserne, leur sortie au métro Saint-Martin fut anéantie grâce à une compagnie du bataillon la Marseillaise, formé des FFI du Xe que j’ai alertée et dirigée sur le lieu de combat. »
Christian Chevandier relata les faits dans son ouvrage sur la participation des policiers à la Libération. Les FFI tentèrent de prendre d’assaut la caserne Prince-Eugène le 25 août au matin, le lieu était défendu par quelques pièces d’artillerie, et des soldats allemands fortement armés occupaient des petits blockhaus. Les échanges de tirs furent très meurtriers, deux gardiens de la paix furent tués Marcel Bisiaux et Maurice Lamy ainsi que des FFI. Un officier allemand transmis l’ordre de Choltitz de se rendre. « À 19 heures 25, alors que le commandant allemand de la caserne de la République est fait prisonnier, quelques agents partent dans les caves d’un hôtel voisin à la recherche d’officiers qui tenteraient de s’échapper. » Des FFI, dont Henri Grimouille, accompagnèrent les policiers patriotes résistants.
Dès le 19 août 1944, Henri Grimouille (Union des syndicats ouvriers de la région parisienne) fut nommé président du Comité local de Libération du Xe arrondissement, faisant fonction de maire avec Nel (OCM), Allard (Libération), Vidal (Parti communiste), Bastia (Parti socialiste), Demoulin (Ceux de la résistance), Zanca (Front national pour l’indépendance de la France), Mme Tompousky (Assistance française), Mme Dubois (Union des femmes françaises), Sichel (Ceux de libération, vengeance), Posière (Résistance) , Castelbou (Démocrates-chrétiens), Laufman (Forces unies des jeunesses patriotiques), Curel (Syndicats chrétiens), Rouillon (Francs-tireurs et partisans français), Amare (Mouvement prisonniers et déportés), François (Défense de la France), Ballet (Comité populaire), Lucas Alfred (Union des républicains démocrates) , Lucas Auguste (Radical-socialiste), Peyrotte (Alliance démocratique).
Il fut nommé maire du même arrondissement par arrêté du préfet de la Seine. Le 9 octobre 1944, au théâtre de la Porte Saint-Martin, il présida un gala organisé par le Front national (section du Xe arrondissement) au profit des prisonniers, déportés et victimes du nazisme. De très nombreuses vedettes prêtèrent leur concours à cette fête, au cours de laquelle fut mise aux enchères une toile de Picasso, peinte spécialement pour cette occasion.
Pour avoir reçu en 1945 en tant que maire, le ministre de l’air Charles Tillon, communiste, Henri Grimouille fut licencié de son poste chez Caudron.
Lors du renouvellement général des municipalités parisiennes en février 1946, André Allard (tendance socialiste) fut élu Maire. Devenu maire- adjoint, Henri Grimouille fut alors nommé maire-honoraire du Xe arrondissement par décret ministériel le 2 juin 1947.
Très sérieusement malade, il dut renoncer à son métier et fut recruté en 1946 à l’Office central de soudure comme professeur d’enseignement technique, puis vérificateur des soudures sur différents chantiers (raffinerie de la Mède, pipeline le Havre-Paris). Victime d’un accident du travail, il décéda des suites de ses blessures, le 14 janvier 1958 à l’âge de quarante-neuf ans.
Le nom d’Henri Grimouille figure dans la liste des maires du Xe arrondissement (1944-1946) inscrite sur une plaque commémorative située dans le hall de la mairie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article219102, notice GRIMOUILLE Louis [GRIMOUILLE Henri, Louis]. Pseudonyme : Henry Falques par Gérard Larue, version mise en ligne le 22 septembre 2019, dernière modification le 14 décembre 2021.

Par Gérard Larue

SOURCES : Arch. PPo. 1W 1271-372307, 77W 875-278913. – SHD dossier militaire Vincennes GR 16 P 271107. – Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014, p.159. Nos vifs remerciements à Christiane et Yvette Grimouille pour les compléments familiaux qu’elles nous ont aimablement communiqués.

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