PAUL François

Par Daniel Grason

Né le 5 février 1896 à Paris (XXe arr.), mort le 28 août 1965 à Paris (XIIIe arr.) ; artisan vernisseur ; militant communiste ; déporté à Buchenwald (Allemagne).

Fils de François Théophile Paul, trente-cinq ans et d’Adèle Marsillat, trente-deux ans, journalière, il naquit 89 rue de Bagnolet à Paris (XXe arr.), a été reconnu par sa mère le 23 juin 1913. Il alla à l’école primaire, obtint à l’issue de sa scolarité le CEP.
De la classe 1916, il fit son service militaire pendant la Première Guerre mondiale dans un service auxiliaire, blessé il était pensionné à 20%, décoré de la Croix de Guerre avec palmes et de la médaille militaire.
François Paul épousa Louise Joséphine Parisot le 24 mars 1938 en mairie du XXe arrondissement. Le couple vivait 85 rue des Vignoles à Paris (XXe arr.). Artisan vernisseur, il exerçait sa profession au 10 impasse Rançon à Paris (XXe arr.). Il vivait de son travail, gagnant environ 800 francs par semaine.
François Paul était connu de la police, il s’était rendu le dimanche 24 mai 1942 au marché aux Puces de Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis) où devait se tenir une manifestation initiée par le parti communiste clandestin. Mais des policiers habillés en bourgeois étaient sur place, il fut interpellé. Interrogé, il signa un engagement sur l’honneur de s’abstenir de participer à l’action illégale et désapprouva la propagande communiste.
Il distribua des tracts du parti communiste clandestin en compagnie de Roger Mailleau le 21 novembre 1942 en soirée, il fut interpellé par trois inspecteurs. Son logement et son atelier furent perquisitionnés en vain…
Interrogé le 22 novembre 1942, il affirma qu’il n’avait jamais été membre du Parti communiste, ni fait de politique. Il déclara avoir été contacté six mois plus tôt par un nommé « Drouot », celui-ci se serait présenté à son atelier pour faire vernir une boîte. « Nous avons parlé politique et discuté des évènements actuels » déclara-t-il aux policiers, il précisa « Mon interlocuteur a fait l’apologie de l’Armée rouge et du régime soviétique. »
François Paul accepta de diffuser des tracts, un nommé Drouot lui présenta Roger Mailleau il fit équipe avec lui à raison d’une distribution tous les quinze jours. Il estimait avoir participé à une douzaine de distribution. Les deux militants divergeaient sur le nom du militant qui les présenta l’un à l’autre, Rabinovitch pour l’un, Drouot pour l’autre. François Paul lâcha le nom de « Leroy » avec qui il avait rendez-vous au métro Bagnolet, sous la pendule de la salle de distribution de billets à 20 heures. Il en livra un signalement détaillé : trente-cinq ans environ, 1,75 mètre, mince, légèrement vouté, visage maigre, teint pâle, entièrement rasé, béret basque ou chapeau, pardessus gris, costume foncé à rayures.
Des policiers surveillèrent le lieu du rendez-vous en vain…
Inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 François Paul a été incarcéré, puis condamné à une peine de prison. Le 22 janvier 1944 il était dans le convoi de 2006 hommes qui partit de Compiègne à destination de Buchenwald en Allemagne. Les prisonniers arrivèrent quarante-huit heures plus tard.
François Paul participa aux actions de solidarité à l’intérieur du camp qui étaient autant d’actes de résistance pour résister à la barbarie. Le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Le Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité précisa Olivier Lalieu dans son ouvrage La zone grise ? La résistance française à Buchenwald.
Dans son ouvrage 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »
François Paul rentra de déportation, il a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déporté interné résistant (DIR). Il mourut le 28 août 1965 à Paris XIIIe arrondissement à l’âge de soixante-neuf ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228680, notice PAUL François par Daniel Grason, version mise en ligne le 2 juin 2020, dernière modification le 2 juin 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 221 W 17. – Bureau Résistance GR 16 P 461027. – État civil acte de naissance Paris XXe arr. numérisé V4E 10706 acte n° 506. – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.

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