MAIRET Joseph

Par Michel Cordillot

Né le 4 février 1818 à Dijon (Cote d’Or) ; mort le 9 décembre 1902 ; typographe ; pionnier de l’organisation syndicale dans la typographie parisienne ; quarante-huitard ; proche des idées de Pierre Joseph Proudhon*.

Joseph Mairet
Joseph Mairet

Fils de Simon Mairet, manoeuvre, et de Claudine Cothenet, Joseph Mairet entra en apprentissage en 1830 chez Brugnot, à Dijon. Deux mois plus tard, il s’enfuit de son atelier après avoir reçu du prote un soufflet. Il s’essaya alors à divers métiers, puis retourna finalement à l’imprimerie en 1831. Son nouvel employeur était un prêtre défroqué de tendance politique libérale, qui imprimait le Journal de la Côte-d’Or. L’apprenti claqua une nouvelle fois la porte après avoir refusé d’effectuer certaines corvées. Mais cette fois son père se fâcha et le mit à la porte du domicile familial.

Joseph Mairet gagna alors Paris, où il arriva le 8 avril 1833. Il y rejoignit son frère Nicolas, également imprimeur, qui parvint à le faire embaucher bien qu’il n’ait pas eu de livret, faute d’avoir achevé son apprentissage.

Début 1834, les deux frères Mairet participèrent à une première tentative infructueuse de constituer une organisation rassemblant les typographes. En 1839, alors que Joseph était employé chez Boulé, il fut l’un des fondateurs de la Société typographique (Henri Leneveux en fut élu président). Il en devint rapidement un des militants les plus actifs et fut associé à l’équipe dirigeante, étant élu membre du Comité central en 1844 et membre de la commission mixte ouvriers/employeurs en 1845. La grande bataille menée par les typographes parisiens au début des années 1840 fut celle du tarif. Elle fut gagnée en 1843 et commémorée par un grand banquet annuel, auquel Mairet assista chaque année de 1844 à 1851.

Suite au toast « À l’organisation du travail » qu’il proposa lors du banquet typographique de 1844, Joseph Mairet fut approché par son confrère Grat dans le but de former une association ouvrière en commandite. Cette dernière vit le jour sous le titre d’Industrie fraternelle, et l’une de ses premières activités fut la publication de la 4e édition de L’Organisation du travail de Louis Blanc. C’est également des presses de l’Industrie fraternelle que sortit en 1847 la brochure de Georges Duchêne, Actualité — livrets et prud’hommes.

Lors de la révolution de février 1848, Joseph Mairet participa les armes à la main à la prise des Tuileries. Peu après, il fut membre avec son frère, Louis Vasbenter, Louis Debock et Duchêne, de la délégation qui se rendit auprès de Proudhon pour lui demander de collaborer au Représentant du peuple. En mars, il fut élu membre de la commission chargée de renégocier le tarif avec les imprimeurs. Dans le même temps, il fut nommé lieutenant de la 2e compagnie du 1er régiment de la XIe légion de la Garde nationale. Cette compagnie, essentiellement composée d’ouvriers forgerons travaillant aux usines Derosne et Cail (ce qui lui avait valu d’être surnommée la « compagnie infernale ») fut dissoute au lendemain des journées de juin, auxquelles Joseph Mairet ne semble pas toutefois avoir personnellement participé.

En septembre 1848, Mairet présidait la commission d’organisation du banquet typographique, qui fut d’une tonalité très révolutionnaire. En janvier 1849, il tenta de fonder une Association générale typographique, mais ce fut un échec. En juin de la même année il était au chômage.

Lors du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, il se retrouva de nouveau derrière les barricades ; son frère Nicolas fut quant à lui arrêté, de même que tous les membres du bureau de la Société typographique.

En 1860, il était typo chez Meyrueis lorsque fut relancée, sous l’impulsion d’Eugène Gauthier, la Société typographique. Celle-ci était désormais officiellement cantonnée dans le rôle d’une société de secours mutuels. Pourtant, en 1862, seule sa non-élection à la Commission de contrôle sauva Joseph Mairet d’une condamnation suite à la grève déclenchée à l’imprimerie Dupont (voir Debock).

À compter de cette date, J. Mairet cessa de jouer un rôle de premier plan. Lorsqu’il arrêta de travailler, il se retira à Champigny et mit à profit ses loisirs pour écrire ses souvenirs de militant, dont il acheva la rédaction le 21 avril 1895. Ayant vécu trois révolutions, qui toutes avaient échoué, il avait perdu beaucoup de ses illusions.

La publication de ses Carnets, par les soins de la Fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication à l’occasion du centenaire de la CGT, met à la disposition du public un ensemble de documents et un témoignage de toute première importance pour l’histoire des origines du syndicalisme dans les métiers de l’imprimerie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article34332, notice MAIRET Joseph par Michel Cordillot, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 9 octobre 2021.

Par Michel Cordillot

Joseph Mairet
Joseph Mairet

SOURCE : Arch. Dép. Cote d’or 5 MI 9 R 162 Acte de naiss. [en ligne]. - Les Carnets de Joseph Mairet. Histoire de la Société typographique parisienne et du Tarif (1839-1851), éd. établie par Roger Dédame. La Plaine-St-Denis : FILPAC-CGT, 1995.

ICONOGRAPHIE : Les Carnets de Joseph Mairet, op. cit.

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