QUÉNNIEC Louis, Marie, Jean, Joseph [QUENNEC]

Par notice complétée par Gauthier Langlois

Né le 5 vendémiaire an VII (26 septembre 1798) à Ménéac (Morbihan), mort 5 avril 1887 à Vannes (Morbihan) ; huissier, négociant et imprimeur ; militant socialiste.

Son nom est orthographié Quénnec à l’État-civil mais Quenniec sur la plupart des autres documents. Il était fils de Louis Julien Quénnec et de Julie Pichol et avait épousé en première noces Anne Sophie Blanpin et en secondes Astérie Marie Maurice.

Ancien huissier, puis négociant, quincaillier, marchand de fer d’une certaine aisance, Quenniec se disait estimé de ses concitoyens qui l’avaient élu officier de la garde nationale. Il obtint, le 11 décembre 1849, un brevet d’imprimeur. Il avait fondé un an auparavant L’Indépendant du Morbihan avec comme rédacteur le docteur Alphonse Lamarre et imprimeur Alexandre de Lamarzelle.

L’Indépendant du Morbihan, dans son numéro 1 du 4 décembre 1848, définissait ainsi sa ligne politique : « Sans préambule aucun et sans explications subséquentes, nous dirons : Nous sommes des républicains démocrates et socialistes et notre politique sera révolutionnaire ; tels sont en effet notre programme et notre nom. »

L’Indépendant n’eut pas de difficultés jusqu’en février 1850. Quenniec soutint alors énergiquement les dix transportés de Belle-Île, accusés de rébellion et de bris de prison, de leur arrivée à Vannes (21 février) à leur acquittement par les assises du Morbihan (18 mars 1850). Quenniec publia le « Salut des Proscrits » de Gabriel Huguelman le 1er février et en réponse le 5 février les vers de Benjamin Colin : « Un Breton aux Proscrits ».

L’acquittement du 18 mars fut suivi de manifestations où l’on chanta la Marseillaise, le Chant du Départ, du Palais de Justice à la prison. L’Indépendant fit paraître, le 29 mars, comme supplément de son numéro 82, un numéro spécial qui rendait compte du procès et publiait un échange d’adresses entre les « Proscrits » et les démocrates vannetais. Quenniec fit par suite l’objet de trois procès de presse : il fut condamné, le 20 mars, par la cour d’assises de Vannes, à dix jours de prison et cent francs d’amende ; il purgea sa peine de prison en mai, pour être inquiété en juin, parce que L’Indépendant avait consacré une page spéciale à une pétition contre la loi électorale restreignant le suffrage universel ; cette fois-ci, il fut acquitté ; mais, sur appel a minima du ministère public, il fut condamné, le 28 août 1850, à 5 100 francs d’amende.

L’Indépendant, entre-temps, avait cessé de paraître le 26 juillet, après le vote de la nouvelle loi du 16 juillet 1850 sur la presse. Depuis le 21 décembre 1849, Quenniec imprimait son journal dans son imprimerie.

Le 26 décembre 1850, un arrêté ministériel retira à Quenniec son brevet d’imprimeur. Le préfet fit mettre les scellés sur ses presses. Quenniec essaya d’intenter une action en Conseil d’État contre le préfet pour excès de pouvoir. Le préfet écrivit : « Son imprimerie n’était pour lui qu’un moyen de propagande socialiste. » Et il ajouta à ce grief déjà lourd de fausses accusations de négligences diverses. Le Conseil d’État refusa à Quenniec l’autorisation de poursuivre le préfet.

Le 12 janvier 1852, Quenniec fut arrêté chez lui comme l’un des chefs du « parti socialiste » dans le Morbihan. Sur ordre de Louis-Napoléon, il fut frappé d’expulsion, le 4 avril, et cette mesure fut transformée en internement le 12 décembre 1852. Entre-temps il s’était réfugié, avec Benjamin Colin à Jersey. Intéressé par le spiritisme, il participait avec Victor Hugo et sa famille aux séances de table tournante chez Edmond Le Guével et sa femme Rose.

Malgré la préfecture qui déclara que « son retour dans le département produirait un effet très fâcheux », Quenniec rentra à Vannes lors de l’amnistie de 1859.

Aux élections législatives de février 1871 il fut candidat malheureux dans le Morbihan sur la liste dite des « Amis de l’ordre et de la liberté, de la France et de la république » avec Léon Gambetta et ses compagnons d’exil Gustave Ratier, avocat à Lorient et Edmond Le Guével.

Suite à la loi de réparation des victimes du Coup d’État du 2 décembre 1851, il avait obtenu, en 1882, une pension de 1 000 francs.

Il est décédé en son domicile, rue Thiers, à Vannes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article36656, notice QUÉNNIEC Louis, Marie, Jean, Joseph [QUENNEC] par notice complétée par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 31 décembre 2020.

Par notice complétée par Gauthier Langlois

SOURCES : Arch. Dép. Morbihan, collection de L’Indépendant du Morbihan. — Cette suite de titres d’articles de Quenniec dans L’Indépendant du Morbihan donnera une idée de ses préoccupations : « Blancs ou Rouges », « Ce que c’est que la Réaction », « De l’ignorance dans les campagnes », « Ce que c’est qu’un socialiste », « Les superstitions dans les campagnes », « Les œuvres de Louis Blanc », « Le monopole de l’imprimerie ». — J.-L. Debauve, « La presse morbihannaise sous la IIe République », dans Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, année 1949. — Denise Devos, La Troisième République et la mémoire du coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte : la loi de réparation nationale du 30 juillet 1881 en faveur des victimes du 2 décembre 1851 et des victimes de la loi de sûreté générale du 27 février 1858 : F15 3964 à 4023, Paris, Archives nationales, 1992, p. 335. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Quennec - Louis Marie Jean Joseph », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Jean-Claude Fizaine, Victor Hugo et les mystères de Jersey. Un manuscrit inédit de Xavier Durrieu (Les séances chez Leguével), 2015. — Le Phare de la Loire, 3 octobre 1882.

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