HUGEL Lucien (fils)

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

Né le 25 mars 1922 à Sélestat (Bas-Rhin), mort le 2 avril 1984 à Mulhouse (Haut-Rhin) ; mineur de la potasse dans le Haut-Rhin, interné politique, journaliste à Berlin-Est ; militant communiste et syndicaliste CGT ; secrétaire départemental de l’UJRF en 1946, membre du bureau fédéral du PCF en 1953, secrétaire général du syndicat CGT des mineurs en 1948 ; secrétaire général de l’union départementale CGT de 1955 à 1966 ; membre de la commission administrative nationale de la CGT, correspondant en République démocratique allemande de l’Humanité (1966-1972), secrétaire régional du comité régional d’Alsace de la CGT de 1971 à 1976, collaborateur du secteur international de la CGT à Paris de 1976 à 1982, président du Centre régional d’Alsace de l’Institut d’histoire sociale de la CGT de 1983 à 1984.

Lucien Hugel en 1967
Lucien Hugel en 1967
Cliché pris à Berlin. Fourni par la famille.

Lucien Hugel est le fils de Lucien Hugel (né à Sélestat en 1897, mort à Wittelsheim en 1964). Grâce à une bourse, il put commencer des études secondaires au collège de Sélestat (Bas-Rhin), où sa famille avait trouvé refuge pendant le chômage du père, mais il dut abandonner cette chance de promotion sociale pour commencer un apprentissage d’ajusteur quand son père fut réembauché aux mines de potasse et que sa famille revint à Wittelsheim (Haut-Rhin), en 1936. Le jeune homme fut embauché à la mine Amélie I des Mines domaniales de potasse d’Alsace (MDPA) comme manœuvre, puis comme apprenti tourneur. En mars 1939, il devint responsable des Jeunesses communistes de Wittelsheim. Après l’annexion de fait de l’Alsace, il participa à diverses actions symboliques anti-nazies, comme la collecte et l’autodafé des bulletins d’adhésion à la Deutsche Arbeitsfront (syndicat nazi) dans les ateliers centraux du puits Amélie I. Les autorités nazies ne les poursuivirent pas mais retirèrent d’office la cotisation de la fiche de paie. En octobre 1941, il saccagea, avec six camarades, les arcs de triomphe et les couronnes préparées en vue de la célébration du Kreistag (Journée d’arrondissement des organisations nazies) dans le stade de Thann. Il hissa un drapeau rouge et découpa la croix gammée des drapeaux arrachés aux mâts. Cette provocation lui valut d’être interné, avec Henri Schaub*, au camp de rééducation de Schirmeck (Bas-Rhin). Pendant son internement, il fut contraint de mettre en place les fils de fer barbelés autour du camp d’extermination du Struthof, situé à quelques kms de Schirmeck. Il en garda des cicatrices sur les doigts. Il ne sortit du camp que pour être incorporé de force dans le Reichsarbeitsdienst (Service du travail du Reich), puis dans l’armée allemande. Il reçut une formation militaire en Tchécoslovaquie puis, envoyé à Vienne, il déserta et se cacha dans un maquis sauvage pendant la débâcle allemande, se rendit aux Américains près de la frontière suisse. Il rentra le 4 juin 1945 à Wittelsheim.

Il reprit aussitôt son travail aux MDPA. Il adhéra au Parti communiste. En 1946, il devint secrétaire départemental de l’Union des jeunesses républicaines de France. La même année, le 13 juillet, il épousa à Wittelsheim Cécile Hégy (voir Cécile Hugel). Lucien et Cécile eurent des vies militantes parallèles. Le couple eut deux enfants. Membre du bureau de l’UD-CGT du Haut-Rhin en 1947, Lucien fut élu en 1948 secrétaire général du syndicat CGT des mineurs de potasse et devint permanent en 1949.

D’août 1956 à 1966, il assuma les fonctions de secrétaire général de l’Union départementale CGT du Haut-Rhin à Mulhouse, à la suite de l’exclusion précipitée de Charles Aschbacher. Il était également administrateur de la Société de secours miniers du Haut-Rhin (1962-1964), membre de la Commission de développement économique régionale (CODER) d’Alsace (1964-1966) et président du Foyer de l’ouvrier de Mulhouse.

Il fut co-président du Mouvement de la paix dès sa création dans le Haut-Rhin, avec Jean-Paul Halbwachs et Frédéric Eck.

De janvier 1953 à août 1968, il fut membre du bureau fédéral du PCF du Haut-Rhin. Il suivit une école d’un mois puis une école de quatre mois.

En 1966, il rejoignit son épouse Cécile à Berlin-Est en qualité de correspondant de l’Humanité en République démocratique allemande. Ce fut pour lui un choix douloureux. En 1972, lorsque Cécile termina son mandat de secrétaire générale de la Fédération démocratique internationale des femmes et devint permanente au Comité central du parti communiste, Lucien fut nommé au secteur international de la CGT pour s’occuper des relations avec les syndicats de la RDA. En 1976, le couple rentra à Mulhouse. Lucien fut alors élu secrétaire général permanent du Comité régional d’Alsace de la CGT et occupa cette fonction jusqu’à sa retraite, en 1982. Les Hugel habitaient un logement de la Maison du Peuple à Mulhouse.

Retraité, Lucien devint, le 26 avril 1983, président du Centre régional d’Alsace de l’Institut d’histoire sociale de la CGT qu’il avait contribué à fonder.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50806, notice HUGEL Lucien (fils) par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss, version mise en ligne le 11 juillet 2009, dernière modification le 13 août 2010.

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

Lucien Hugel en 1967
Lucien Hugel en 1967
Cliché pris à Berlin. Fourni par la famille.

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — L’Alsace, Mulhouse, 4 avril 1984. — Résistance, numéro spécial de l’Humanité d’Alsace et de Lorraine, janvier 1965, p. 41 et 45. — Léon Tinelli et Roger Guibert, Lucien Hugel 1922-1984, Strasbourg, s.d. — DBMOF, 32, p. 16. — Témoignages de Cécile Hugel et de Léon Tinelli. — Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, fascicule n° 18, p. 1696-1697. — État civil de Sélestat.

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