LEFÈVRE Lionel [DOUCHET Lionnel, Paul, Joseph]. Pseudonyme : Joseph LOISEAU

Par Frédéric Stévenot, Claude Pennetier

Né le 15 décembre 1904 à Holnon (Aisne), mort le 28 février 1974 à Francilly-Selency (Aisne) ; cheminot en Picardie ; militant socialiste de l’Aisne ; résistant, responsable en 1941 du groupe Libération-Nord (Aisne), arrêté en 1943, déporté à Buchenwald.

Monument de Francilly-Selency (Aisne)
Monument de Francilly-Selency (Aisne)

Lionnel Douchet, enfant naturel d’Hélène Marthe Douchet, 22 ans, confectionneuse, fut reconnu et légitimé quatre ans plus tard par Charles Alexandre Lefèvre, lorsque celui-ci se maria avec sa mère à Saint-Quentin (Aisne), le 16 février 1909. Lionel Lefèvre passa sa jeunesse à Lehaucourt (Aisne) où il fut recueilli par ses oncles. C’est là qu’il se maria le 2 décembre 1923, avec Andrée Colombe Marguerite Carrez ; le couple eut trois filles.

Conseiller d’arrondissement SFIO élu le 5 octobre 1936, adjoint au maire de Quessy-Cité (actuellement commune associée de Tergnier), employé de la SNCF à Tergnier (matériel roulant) et secrétaire du syndicat CGT des cheminots, Lionel Lefèvre fut l’un des créateurs du mouvement Libération-Nord dans l’Aisne. Les rencontres réunirent des personnalités socialistes locales d’avant-guerre, comme les députés Marcel Levindrey et Élie Bloncourt, mais aussi le secrétaire de la SFIO clandestine pour le Nord, Robert Verdier, mais aussi de futurs responsables de Libé-Nord comme Robert Cadeau, André Baudez, Marcel Thiéry*, ou Joseph Rault.
Selon Alya Aglan, en Picardie, les groupes Libé-Nord les plus précocement organisés sont ceux de l’Aisne et de la Somme. Dans l’Aisne, Élie Bloncourt, député socialiste, aveugle de guerre, rassembla, dès le début de l’occupation, un groupe formé de socialistes et de syndicalistes, rattaché à Libération-Nord au mois de février 1941, sous l’autorité du cheminot Lionel Lefèvre, dit Joseph Loiseau. Il était secondé par Robert Cadeau, de Laon, ainsi que par Dagneaux, Devauchelles et Tribouilloy. L’activité débuta par la collecte de renseignements concernant le trafic ferroviaire et les déplacements de troupes, ainsi que la distribution de journaux clandestins. Le docteur Claude Mairesse organisa avec lui des réceptions de parachutages. Sa citation au grade de chevalier de la Légion d’honneur révéla de nombreux domaines d’activité : « renseignement, émission clandestine de radio, sabotage d’ateliers et d’ouvrages, parachutages et dépôts d’armes et d’explosifs. S’est particulièrement distingué en 1943 dans la destruction des installations hydrauliques et électriques de Tergnier » (6 juin 1946).
Il fut un des premiers organisateurs du Comité départemental de Libération avec Élie Bloncourt. Après son arrestation le 26 novembre 1943, il fut remplacé par son adjoint Robert Cadeau, fusillé en août 1944, puis par l’inspecteur du primaire Jules Ferry, en relation avec Henri Ribière (Aglan, p. 200-201). Lionel Lefèvre fut conduit à la prison de Saint-Quentin, puis rue des Saussaies où il fut torturé, sans parler, puis à la prison de Fresnes et enfin au camp de Royalieu. De là, il fut déporté vers le camp de Buchenwald par le convoi I.172 qui partit de Compiègne le 22 janvier 1944. Il fut alors transféré à Dora (matricule 41733) puis Ravensbrück. Il pu revenir en juillet 1945, atteint par la tuberculose. Après un an de sanatorium, il créa l’ADIF pour la défense des déportés, internés et résistants de l’Aisne. Il créa également une section locale des blessés du poumon.

Homologué FFi et DIR (GR 16 P 353568), Lionel Lefèvre obtint la médaille commémorative de la guerre 1939-1945 avec barrette « Libération », le 24 mai 1946. Il fut élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur le 1er août 1957 en qualité « d’ancien capitaine des ex. forces françaises de l’Intérieur », puis à celui de commandeur le 4 août 1961. Il obtint également la médaille de la Résistance et celle de la Déportation et de l’internement politique.
Une rue de Lehaucourt prit son nom en avril 1981, qui fut donné à la place de la gare de Tergnier (Aisne).

Un monument commémoratif fut élevée en sa mémoire, à Francilly-Selency (Aisne).
« À la mémoire de
Lionel Lefèvre
1904-1974

Commandeur
de la Légion d’honneur
Joseph Loiseau
en Résistance
Chef de réseau pour l’Aisne de
Résistance-fer et Libération

Déporté par les nazis en 1943
au camp de Dora ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article5800, notice LEFÈVRE Lionel [DOUCHET Lionnel, Paul, Joseph]. Pseudonyme : Joseph LOISEAU par Frédéric Stévenot, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 30 mai 2018.

Par Frédéric Stévenot, Claude Pennetier

Monument de Francilly-Selency (Aisne)
Monument de Francilly-Selency (Aisne)

SOURCES : Arch. Dép. Aisne, 11 468, J. 1461/12. SHD, dossiers adm. des résistants. — Alya Aglan, Le Mouvement Libération-Nord (1940-1947). Un engagement politique dans la Résistance, Thèse de doctorat, IEP de Paris, 1998, p. 200-201. — Notes de Gilles Morin. — Dossier communiqué par Didier Planchon, son petit-fils. — Musée de la Résistance et de la Déportation, Tergnier.— Site Internet : Fondation pour la mémoire de la Déportation. — État civil d’Holnon (arch. dép. 5 Mi 1703)

ICONOGRAPHIE : Généalogie Aisne

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