BAZENANT Léopold [BAZENANT Jean, Léopold]

Par Marc Geniez, Jean-Denis Merle

Né le 11 juillet 1858 à Bordeaux (Gironde), mort le 2 mai 1922 à Le Bouscat (Gironde) ; instituteur, directeur d’école et de cours complémentaire ; militant associatif, amicaliste ; premier président de la Fédération des amicales d’instituteurs et institutrices publics de France et des colonies ; chroniqueur de presse.

Fils de Léonard Bazenant, fumiste et maçon, et de Marie Chicoulin, respectivement âgés de 32 ans et 29 ans au moment de sa naissance, Léopold Bazenant avait un frère, Jean (né en 1861) agent technique principal des Ponts et Chaussées.
Dans sa jeunesse, il se préparait à un concours d’admission à une grande école, lorsqu’il perdit un bras dans un atelier dont il était élève. Compte tenu de son handicap, il se destina alors à l’enseignement et entra à l’École normale d’instituteurs de la Gironde dont il sortit major de sa promotion. Après plusieurs affectations en tant qu’instituteur, dans les années 1890, il devint successivement directeur de l’école d’Ambarès (Gironde), de l’école de la rue de New York à Bordeaux, puis, en avril 1898, directeur de l’école-cours complémentaire (CC) de la rue Francin à Bordeaux.

Léopold Bazenant s’impliqua dans la défense des intérêts professionnels de ses collègues. À partir de juillet 1897, il assura la présidence de l’amicale des instituteurs et institutrices de la Gironde, fondée en 1894, qui comptait 800 membres en 1897. En 1898, il fut élu au Conseil départemental de l’enseignement primaire de la Gironde.

Homme de lettres autant que de culture, il fut aussi chroniqueur de presse et publia des articles dans plusieurs journaux, notamment dans l’hebdomadaire La Petite Gironde, pendant plus de 20 ans, à partir de la fin des années 1890, sous le pseudonyme « L. Ambaud » qu’il partageait avec un collègue, ami et complice, Léo Lafon. Ils y écrivaient des articles sous la rubrique « Autour de l’école ».
Il collabora aussi au journal Le guetteur de Saint-Quentin. En juillet 1902, le Bulletin de l’instruction Publique annonça l’attribution à Léopold Bazenant de la médaille de bronze, décernée aux « collaborateurs » des cours d’adultes et des œuvres complémentaires de l’école.

Dans plusieurs articles de la Revue de l’enseignement primaire et primaire supérieur et dans celle des amicales de la Gironde, il défendait avec verve la nécessité de revaloriser la fonction d’instituteur, trop méprisé, et se faisait le défenseur de l’école laïque. Il réclamait que les instituteurs ne soient plus nommés par les préfets mais par les recteurs, afin d’être indépendants dans l’exercice de leur métier, ce qui ne signifiait pas indifférence vis-à-vis de la politique : « Il n’est pas bon que, dans une société démocratique, l’instituteur, c’est-à-dire l’éducateur du peuple, assiste impassible aux manifestations de la vie publique » ; dans sa commune, il doit être « l’apôtre de la bonne cause, des saines idées de justice et de solidarité sociales ». Ces revendications constituèrent la trame du programme revendicatif de la Fédération des amicales.

Autorisées par le ministre G. Leygues, les premières assises nationales des groupements d’instituteurs et institutrices de France se tinrent le 19 août 1899 à l’Hôtel de Ville de Laon. Il fut décidé qu’un congrès des Amicales aurait lieu à Paris l’année suivante. Le Congrès de Paris (1900) fixa les modalités d’une entente entre toutes les Amicales de France et des colonies. Le Congrès de Bordeaux, en 1901, adopta un projet d’organisation fédérale des Amicales. Léopold Bazenant devint à cette occasion président de la Fédération des Amicales des instituteurs et institutrices de France et des colonies avec son ami et complice Léo Lafon comme secrétaire général. Il fut donc l’un des initiateurs de ce processus fédéral et le premier président de la Fédération nationale des Amicales, qui comptait 65 000 adhérents en 1920, lorsqu’elle se transforma en Syndicat national des instituteurs.
En 1903, dans le cadre de la préparation du congrès de Marseille (après la loi de 1901 sur les associations), le « Comité administratif des amicales » toujours présidé par Léopold Bazenant, organisa un référendum auprès des amicales départementales pour définir les revendications soumises au congrès. Il annonça que le bureau avait décidé de confier au député républicain de la Gironde Charles Chaumet (nouvellement élu en 1902 et proche d’Emile Combes), le soin de déposer et de défendre à la Chambre des députés les revendications des amicales. Par la présence d’Émile Combes, président du Conseil, ce Congrès vit la reconnaissance officielle des Amicales et de leur union, ainsi que le départ de Léopold Bazenant des instances dirigeantes de la Fédération des amicales. Remplacé à la présidence par Célestin Michel, tandis que Lafond était remplacé par Henri Bontoux, Il devint alors « Président honoraire du Comité administratif du Bulletin général des Amicales ».

Dans l’exercice de ses responsabilités amicalistes, il était souvent décrit comme compétent, dévoué, talentueux et très éloquent, inspiré par « un sentiment de patriotique solidarité ». Léopold Bazenant signa le « Manifeste des instituteurs syndicalistes » paru dans l’Humanité le 24 novembre 1905, texte dans lequel une minorité de militants des amicales revendiquait l’évolution de celles-ci en syndicats, bien qu’ils fussent alors illégaux pour les fonctionnaires.

Sollicité par Désiré Guérin, fondateur de l’Association nationale du personnel des cours complémentaires, il participa au premier congrès national de l’ANPCC les 18 et 19 avril 1911, à Paris, où il intervint à neuf reprises, notamment contre la suppression des cours complémentaires de faible effectif (entre 12 et 15 élèves), contre la création des Comités de patronage près des cours complémentaires (il préférait les associations d’anciens élèves), pour autoriser l’inscription d’un élève à un C.C à condition que celui-ci ait obtenu son certificat d’études primaires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article77427, notice BAZENANT Léopold [BAZENANT Jean, Léopold] par Marc Geniez, Jean-Denis Merle, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 6 novembre 2022.

Par Marc Geniez, Jean-Denis Merle

ŒUVRE : Arithmétique et système métrique, co-écrit avec J. Alix, cours moyen et supérieur, bibliothèque d’éducation 1899. — Arithmétique, co-écrit avec J. Alix, cours préparatoire, bibliothèque d’éducation. — Arithmétique, co-écrit avec J. Alix, cours élémentaire, bibliothèque d’éducation. — Arithmétique, co-écrit avec J. Alix, cours moyen, bibliothèque d’éducation.

SOURCES : Arch. SNC-SNCL. — Bulletin de l’instruction Publique ; Revue de l’amicale des institutrices et instituteurs de France et des colonies ; Revue de l’enseignement primaire et primaire supérieur (27/12/1896, 21/11/1897, 18/12/1897, 15 mars 1898), sur Gallica. — Presse : La petite Gironde ; Le Voltaire (23/07/1897) ; Le guetteur de Saint-Quentin. — Notes de Paul Baumann.

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