Par René Lemarquis, Claude Pennetier
Née le 16 août 1900 à Paris ; sténo dactylographe ; militante communiste à Paris à partir de 1922 ; employée au Secrétariat Romain de l’IC en 1931.
Les parents de Jeanne Bardot étaient employés dans les Cuirs et Peaux : le père comme sellier, la mère comme mécanicienne dans la maroquinerie, tous deux étaient syndiqués d’abord à la CGT puis à la CGTU. Le père sera également membre du PC, cellule de chez Hachette (1er rayon). Jeanne fit toute sa scolarité primaire et en plus deux années de cours complémentaire où elle apprit un peu d’anglais et obtint le brevet élémentaire.
Jeanne Bardot commença à travailler fin 1916 chez un fabriquant de corsets, suivit l’École Universelle par correspondance, à la préfecture de Blois, à la Société de la Marine et d’Homécourt jusqu’en octobre 1919. Elle partit alors 20 mois à Londres où elle travailla dans la couture et revint à Paris à la mi-juillet 1921. Après un emploi aux Savonneries Lever elle travailla d’août 1924 à août 1925 à la Fédération unitaire des Métaux puis jusqu’en avril 1928 à la Mission Commerciale de l’URSS. Elle fut ensuite permanente jusqu’en octobre 1930 à la Région Parisienne du PC. En 1932 elle gagnait 1 100 F par mois au Centre.
Jeanne Bardot adhéra aux Jeunesses communistes en novembre 1921 puis au parti en janvier 1924. Elle se syndiqua dès 1917 aux Employés CGT puis CGTU après 1921. Elle eut comme compagnon Renan Radi qui fut à cette époque employé aux écritures à la Mission Commerciale de l’URSS et délégué permanent de la Fédération des JC avant d’entrer en 1928 à la rubrique Vie sociale de l’Humanité. Il fut interpellé le 24 mars 1929 avec les délégués à la Conférence de la salle Reflut ainsi que sa compagne Jeanne Bardot (qui ne le mentionne pas dans ses autobiographies).
Jeanne Bardot fut envoyée à Moscou en juin 1931 pour remplacer Jeanne Ferrat comme sténo dactylo au Secrétariat Romain lors du 11e Plenum de l’IC. Elle remplit le 25 juin, sous le nom de Jeanne Radi, deux questionnaires identiques d’enquête avec une seule variante à la question 3 : l’expression “vivant maritalement” disparaissant dans l’un après la mention “mariée” (ce qui était d’ailleurs inexact). Son arrivée fut confirmée le lendemain par Pierre Celor représentant du PCF à l’IC ; elle habitait alors à l’Hôtel Lux chambre 350. Elle devait rentrer en France quelques mois plus tard puisque, le 1er octobre 1931, Maurice Thorez lui faisait parvenir une lettre, en même temps qu’à Celor, pour l’aviser d’une proposition d’envoyer pour la remplacer “Biquette” ainsi que le compagnon de cette dernière qui pouvait être employé en URSS. Maurice Thorez précisait à Celor que Renan Radi posait chaque jour la question du retour de Jeanne qui quitta son emploi le 21 novembre 1931.
Le 1er février 1932 Jeanne Radi qui habitait 18 rue de la Corderie à Paris 3e écrivit une autobiographie. Elle indiquait sa situation dans le parti : après avoir appartenu au Comité du 5e rayon à la Section de la Presse (brochures, journaux d’usines) elle déclarait ne plus aller qu’à sa cellule du 8e rayon, 9e sous rayon. En ce qui concerne ses positions, si elle condamnait les trotskistes et la direction Treint-Girault elle pensait que la question du “groupe” avait été “exposée trop étroitement” au début de sa découverte mais qu’elle “comprenait seulement maintenant les résultats néfastes de son activité”. Après avoir regretté son manque de formation théorique elle concluait en déclarant n’avoir jamais été exclue du Parti ni être passée devant la CCCP.
Par René Lemarquis, Claude Pennetier
SOURCES : RGASPI 495 270 8724 :questionnaires de l’IC juin 1931 ; autobiographie du 1er février 1932. — DBMOF tome 18. — Arch. nat. F/13119 :24 mars 1929. — L’Humanité du 18 mars 1929. — Notice de Renan Radi (tome 39).