BECK Georges, Aleksandrovitch

Par Daniel Grason

Né le 14 février 1903 à Moscou (Russie, URSS, Fédération de Russie) ; chauffeur ; volontaire en Espagne républicaine.

Le père de Georges Beck, Alexandre fonctionnaire postier était mort en 1915. Sa mère née Loukachevitch Antonina vivait avec l’une de ses sœurs et son mari à Leningrad. Une seconde sœur Zinaïda vivait avec son mari dans l’Oural. Depuis 1930, il n’avait plus de nouvelles de sa famille.
Georges Beck entra dans un lycée de Leningrad en 1917. Étant sans ressource, il travailla pendant ses vacances d’hiver et d’été comme pécheur et dans l’agriculture pour subvenir à ses besoins. Comme les autres élèves des classes de première et de terminale, il fut mobilisé par une garde blanche en 1919. Il s’échappa et partit à Novorossisk puis à Sébastopol sur la mer Noire. Il effectua cette année-là, dix mois de service militaire comme électricien dans la marine. Il s’engagea sur le sous-marin Bourevestnik. Ayant contracté le typhus, il n’eut pas le temps de naviguer, et séjourna six mois à l’hôpital. Il émigra en 1920, à Constantinople (Turquie), puis en Tunisie où il travailla dans la pêcherie, l’agriculture et la viticulture.
Ayant l’objectif de reprendre des études, il partit pour la France. Sans ressources, il alla travailler à la Société métallurgique de Normandie (SMN) à Caen (Calvados), puis à Paris comme tourneur et estampeur, venu illégalement en France, il travaillait sans papier. En 1925, il se fixa à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine) au 135 rue Marius-Aufan. Il travailla dans un garage de la rue Rivay, dans la même ville, il adhéra à la CGTU et par la suite à la CGT. Une quarantaine d’ouvriers travaillait dans ce garage pour des sociétés de taxis, lui était chauffeur. La ville elle-même regroupait l’essentiel des sociétés de taxis de la région parisienne. Pendant la grève de 1934, très actif, il distribua des tracts du parti communiste et assura le ravitaillement de nuit des grévistes. La corporation des chauffeurs était syndicalement très organisée. Léon Depollier* dit Léon Girault, fils de Suzanne Girault était le secrétaire permanent du syndicat des cochers-chauffeurs de la Seine.
Il obtint l’autorisation de partir en Espagne de Delaferrière, secrétaire syndical de Levallois-Perret et de Léon Depollier. Dans sa biographie en russe, remplie le 1er décembre 1938, Georges Beck accola le nom de Depollier au 12, rue de Buci, Paris VIe arr., siège de l’Association des amis de la patrie soviétique. Une association dirigée par Paul Belooussoff* et Alexandre Tveritinoff*. Il arriva en Espagne, le 15 janvier 1937, il fut affecté à la XVe Brigade internationale, comme chauffeur du Service d’investigation militaire (SIM), particulièrement du yougoslave Vladimir Stefanovic (Vlajko Begović), puis chauffeur traducteur d’Enrique Sanchez qu’il désignait comme le chef du SIM des Brigades internationales. Il fut aussi à la XIIIe Brigade internationale, chauffeur d’Edward (Boleslaw Molojec). Georges Beck parlait le russe, le français, l’espagnol, l’allemand et le polonais, sur sa fiche individuelle figurait son niveau d’instruction générale : baccalauréat.
Il prit part aux combats sur différents fronts : Jarama (février 1937), Huesca (juin), Brunete, Quinto (août), Belchite (septembre) et Teruel (décembre, février 1938). En juin 1938, il fut nommé responsable du transport à l’hôpital de Mataro. Il fut nommé sergent. Il était apprécié ainsi : « Sans parti. Bon camarade, discipliné, très sérieux dans les tâches qui lui sont confiées, bonne éducation politique, bon travailleur ». Il lisait Front rouge et la Pravda, ainsi que les journaux muraux des diverses brigades. Ses lectures ne se limitaient pas à la presse, il ne négligeait pas ne nommer Karl Marx, Lénine et Staline, mais était lecteur de Maxime Gorki, Isaac Babel, Mikhaïl Cholokhov.
En mai 1938, il fit une demande d’adhésion au Parti communiste, il mentionnait dans ses connaissances levalloisiennes Jacques Defrance et Delapierre, gérant de la Maison commune. Une lettre fut adressée de la base d’Albacete à Marcel Gitton, secrétaire du Parti communiste de France à l’organisation : « Nous vous prions de nous fournir tous les renseignement que vous possédez, sur lui, et votre opinion pour son admission à notre Parti ». Le 18 juillet 1938, Gitton répondit que Georges Beck avait adhéré en 1934, mais qu’il n’avait jamais répondu aux convocations. Il confirmait qu’il avait mené une action très sérieuse lors du mouvement de janvier 1934 parmi les chauffeurs de nationalité russe. Il concluait : « L’impression du camarade Delapierre est que le camarade Beck est animé du plus vif désir de retourner en URSS ». Le 1er décembre 1938 dans sa biographie qu’il rédigea en russe, Robert Beck écrivait : « Après ma demande d’adhésion au parti, je travaille dans la cellule de l’hôpital en tant que candidat ». Georges Beck figurait sur la liste des trois cent quarante volontaires de nationalité russe en Espagne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136428, notice BECK Georges, Aleksandrovitch par Daniel Grason, version mise en ligne le 16 mars 2011, dernière modification le 13 juin 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : RGASPI 545.6.1538. BDIC mfm 880/42 ; RGASPI 545.6.1541. BDIC mfm 1541 ; RGASPI 545.3.494. BDIC mfm 880/43, trois questionnaires biographiques dont l’un en russe (trad. Macha Tournié). – Castells Andreu, Las Brigadas internacionales de la guerra de España, Barcelone Ariel, 1974. – Pierre Broué, Histoire de l’Internationale communiste. 1919-1943, Fayard, 1997. – Sous la direction de Roger Bourderon, La guerre d’Espagne. L’histoire, les lendemains, la mémoire, Tallandier 2007.

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