DEMOULIN Joseph, Nicolas. Pseudonyme : Joseph DESAURIS.

Par Freddy Joris

Verviers (pr. Liège, arr. Verviers), 26 février 1850 – Verviers, 15 avril 1907. Ouvrier textile, un des leaders ouvriers verviétois au XIXe siècle, dirigeant de la Fédération verviétoise de l’Association internationale des travailleurs puis dirigeant socialiste, conseiller communal de Verviers.

Les débuts de l’action militante de Joseph Demoulin, ourdisseur, datent de la Première Internationale. Il est secrétaire de la Caisse de résistance des ouvriers ourdisseurs verviétois à partir de 1871 au moins et, dès ce moment, il collabore au Mirabeau. Mandaté par son organisation tant aux Congrès belges de l’Association internationale des travailleurs (AIT) qu’aux Congrès trimestriels de la Fédération verviétoise, Joseph Demoulin représente aussi les ourdisseurs aux Réunions des sociétés ouvrières de Verviers et environs d’octobre 1870 à avril 1871, auxquelles les militants convient le patronat local pour discuter de questions sociales.

Secrétaire du Conseil de la Fédération verviétoise en 1873 au moment où les éléments les plus radicaux dominent l’AIT à Verviers, Joseph Demoulin est membre, l’année suivante, du Conseil fédéral belge, installé à Verviers de janvier 1874 à fin 1875. Il y est chargé de la correspondance avec la section bruxelloise. Il participe en tant que délégué de ce Conseil au Congrès général de l’AIT qui se tient à Bruxelles du 7 au 13 septembre 1874. Demoulin présente le rapport sur l’état de la section belge et préside une partie des séances, notamment celle de la clôture. En dépit des difficultés qu’il éprouve à manier le français devant un tel auditoire, il intervient dans la discussion finale pour appuyer l’abstention à l’égard des luttes politiques.

Joseph Demoulin défend encore ce point de vue quatre ans plus tard, à l’occasion d’un meeting à Verviers qu’il préside avec Pierre Bastin. D’une certaine manière, il reste fidèle à ce principe jusque vers 1900 puisqu’il s’oppose au sein du Parti ouvrier belge (POB) aux partisans de la lutte électorale « à tout prix ».

Joseph Demoulin participe, en 1888, à la fondation du cercle socialiste, Le Devoir, et en devient un des leaders, avec le gérant de la coopérative locale, Jean Fraiture. Or ce groupe n’est pas adversaire de la participation aux élections mais, composé de coopérateurs, il estime que la coopération ne doit en rien être sacrifiée à la lutte politique, ce qui n’est pas l’avis d’une autre tendance socialiste, dirigée par Pierre Fluche, qui semble donner une priorité absolue aux résultats électoraux. Ces dissensions aboutissent dans les années 1890 à la création des deux fédérations rivales, à des exclusions réciproques, celle de Demoulin en 1896 par exemple.

Durant cette période, Joseph Demoulin fait figure, avec Jean Fraiture, de chef de file des socialistes opposés à Pierre Fluche. Sous le pseudonyme de « Joseph Desauris », il est successivement secrétaire de rédaction de L’union socialiste de février 1892 à fin 1893, collaborateur de L’organe ouvrier au premier semestre de 1894 puis de la nouvelle Union socialiste de février à septembre 1895, secrétaire de rédaction du Devoir d’octobre 1896 à août 1898 et enfin collaborateur de En avant d’août 1898 à mai 1899. La création de ce dernier titre est le fruit de la réunification des socialistes verviétois sous la direction de Pierre Fluche, devenu échevin.

Réconcilié avec Pierre Fluche, Joseph Demoulin est élu conseiller communal suppléant en 1903 et il entre au conseil l’année suivante, en remplacement d’Henri Angenot. Il y siège jusqu’à sa mort trois ans plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140759, notice DEMOULIN Joseph, Nicolas. Pseudonyme : Joseph DESAURIS. par Freddy Joris, version mise en ligne le 5 juin 2012, dernière modification le 29 décembre 2019.

Par Freddy Joris

SOURCES : FREYMOND J. (dir.), La Première Internationale. Recueil de documents, t. III, Genève, 1971,pp. 169, 501 – OUKHOW C., Documents relatifs à l’histoire de la Première Internationale en Wallonie, Louvain-Paris, 1967, p. 106, 129, 138 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 47) – WOUTERS H., Documenten betreffende de geschiedenis der arbeidersbeweging ten tijde van de Ie Internationale, delen I-II-III, Leuven-Paris, 1963, p. 517, 657, 727-760, 1241 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 27) – Le Fouet, Verviers, 30 septembre 1901 – JORIS F., La presse verviétoise de 1850 à 1914, Louvain-Paris, 1982, p. 141-150, 489 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 92).

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