Par Yves Le Maner, Claude Pennetier, Thomas Pouty, Frédéric Stévenot
Né le 13 avril 1910 à Drocourt (Pas-de-Calais), fusillé comme otage le 26 septembre 1941 à la citadelle de Lille (Nord) ; mineur puis ouvrier d’usine ; militant communiste du Pas-de-Calais.
Arthur Loucheux fut ouvrier mineur dans sa commune natale avant d’être révoqué pour fait de grève au début des années trente. Militant du Parti communiste, il était, en 1932, secrétaire de la cellule locale, rattachée au rayon d’Hénin-Liétard. Le groupement était surtout composé de mineurs de la fosse no 1, dite « La Parisienne », et se révélait très actif malgré son faible effectif (environ trente membres). Considéré par les services de police comme antimilitariste notoire et partisan de l’action directe, Loucheux fit toujours l’objet d’une surveillance particulière.
Arthur Loucheux joua un grand rôle dans la reconstitution du Parti communiste et de la CGT dans le Nord et le Pas-de-Calais. Il fut un des meneurs de la grève des mineurs de mai-juin 1941. Arrêté par la Felgendarmerie et la gendarmerie française à Drocourt où il résidait, comme cadre d’une organisation communiste, emprisonné à Loos-lès-Lille le 22 juin 1941, il fut désigné comme otage en représailles aux attentats dans le Nord et d’un vol d’explosif. Celui-ci eut lieu dans la nuit du 22 au 23 septembre 1941, attribué à des « bandits armés – certainement des communistes ». Des attentats furent commis contre des trains de transport militaires et des trains français, dans le courant de la nuit suivante ainsi que dans la journée du 25 septembre. De sa cellule, il écrivit, ce jour à 23 heures, une dernière lettre à sa femme : « tu es jeune encore, je te demande que de temps en temps tu penses à moi, mais je t’en prie, plus tard il te faut te refaire un foyer ». Quelques heures minutes avant d’être fusillé, il affirma : « Les soldats allemands ont toujours été correct avec moi. Sur ma tombe, pas de croix, de curé, ni de Christ. Je suis libre-penseur. » Fernand Turbant, compagnon de cellule évoque chaleureusement Loucheux.
Le lendemain, Niehoff, commandant militaire pour la Belgique et le nord de la France, ordonna l’exécution de vingt otages à la citadelle de Lille, « militants communistes particulièrement actifs ».
En septembre 2012, une plaque fut apposée sur les lieux en hommage aux cinq fusillés du 15 septembre (Albert Deberdt, Louis Doisy, Joseph Noël, Henri Ployard et Hugo Zajak) et aux vingt du 26 septembre 1941.
L’Humanité clandestine du 2 octobre 1941 annonça la mort d’Arthur Loucheux. Son nom figure sur le monument aux morts de Drocourt comme fusillé.
Par Yves Le Maner, Claude Pennetier, Thomas Pouty, Frédéric Stévenot
SOURCES : Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 5221. – DAVCC, Caen, B VII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Collection de l’Humanité clandestine. – Guy Krivopissko La vie à en mourir, op. cit. – J.-M. Fossier, Zone interdite, op. cit. – Site Internet du ministère de la Culture. – Plaque commémorative, citadelle de Lille.