Par Marianne Enckell
Né le 10 juin 1861 à Naples (Italie), mort le 21 janvier 1937 dans la même ville ; tailleur d’habits ; anarchiste.
Emigré à Paris en 1886 après une condamnation en Italie pour insoumission, Pietraroja fut arrêté en avril 1890 avec Saverio Merlino pour instigation à l’insubordination et au crime. Tous deux furent emprisonnés au Dépôt à Paris, où Petraroya avait accepté d’être « auxiliaire » : il pouvait ainsi, en balayant les corridors, rencontrer les autres compagnons emprisonnés, comme Charles Malato ou Ernest Gégout.
Expulsé de France par arrêt du 13 mai 1890, il fut ensuite condamné par contumace, le 18 juillet, à deux ans de prison et 3000 francs d’amende pour avoir distribué des manifestes aux soldats, pour les encourager à ne pas tirer sur le peuple.
Il se réfugia à Genève, où il participa notamment à la réunion du 7 novembre 1890 chez Moïse Ardaine où la diffusion d’affichettes en mémoire des anarchistes pendus à Chicago fut décidée. Pietraroja en aurait été l’auteur, et c’est lui qui les aurait fait imprimer en trois langues avec le concours de Marco Sullam et de Luigi Galleani.
Lors d’une réunion ultérieure, le 11 novembre, sa femme proposa la formation d’un groupe de femmes anarchistes, disant que la femme est plus au courant de la misère que l’homme.
Il fut expulsé de Suisse le 15 décembre avec Paul Bernard, Lucien Weill, Galleani, Rovigo et Stoïanoff pour la diffusion de ce manifeste.
De retour à Naples, il donnait pour adresse celle de sa compagne Teresina Blanco. Ayant participé à une réunion de chômeurs, il fut inculpé pour instigation à la haine de classes, et condamné à 14 mois de prison. En liberté privosire, il publia un manifeste en défense de Ravachol* et dut retourner six mois en prison.
En 1893, il s’exila pour quelques années à Londres, où il retrouva Merlino et participa au Congrès international socialiste de 1896, dans la fraction antiparlementaire. Il tenait une boutique de tailleur dans Upper Rupert Street et s’en sortait probablement bien, puisqu’il répondit à des sollicitations financières de la part de Louise Michel.
Revenu à Naples en 1907, il ne cessa pas de militer, payant parfois ses engagements de peines de prison. Après des années de camp de concentration sous le fascisme, il finit sa vie en hôpital psychiatrique.
Par Marianne Enckell
SOURCES : AFS E21 14096 — Dizionario biografico degli anarchici italiani, op. cit. — La Révolte, mars 1891 — Album photographique des individus qui doivent être l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières, Paris 1894 (photo) — Charles Malato, « Mémoires d’un libertaire », Le Peuple (Paris), 23.1.1938 — Louise Michel Papers, IISG Amsterdam. — Arch. de Paris D.2U8 263.