DENEUVE, Joseph-Hilaire

Par Gilles Pichavant

Né le 22 mai 1895 à Saint-Gilles-de-la-Neuville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 20 août 1968 à Bolbec (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; ouvrier mouleur en fonderie ; syndicaliste CGT ; Conseiller prud’homme de Bolbec (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), déchu en 1941.

Fils d’un journalier, absent le jour de sa naissance et sans domicile connu et d’une tisserande, Joseph-Hilaire Deneuve naquit au domicile de sa mère à Saint-Gilles-de-la-Neuville, commune rurale située à 10km à l’ouest de Bolbec. Il se maria à Bolbec le 12 février 1918, avec Germaine Follez.

Joseph-Hilaire Deneuve était de la classe 1915. Il fut incorporé dans 74e RI, à compter du 9 septembre 1915, puis dans l’artillerie. Malgré ses qualifications il ne bénéficia pas du statut d’affecté spécial et resta au front, bien que sa fonderie — la fonderie du Val Ricard — ait été louée par Westinghouse pour y fabriquer des obus et des grenades. Il fut libéré le 1er septembre 1919. Évacué à plusieurs reprises comme malade au cours de la guerre, il conserva d’elle un emphysème pulmonaire, qui se transforma en bronchite chronique dans les années 1930. Il fut définitivement réformé en 1935, avec une pension de 30%.

Ouvrier fondeur à la fonderie du Val Ricard, il prit une part active aux grèves de 1936. Il fut membre du conseil des prud’hommes de Bolbec, section industrie, première catégorie. A la suite de la grève du 30 novembre 1938, il fut licencié de la fonderie du Val Ricard à Bolbec, et travailla au Havre. En 1940 il fut réintégré à la fonderie du Val Ricard.

Au début de 1940, la préfecture de Seine-inférieure, engagea une procédure visant à le déchoir de son mandat de conseiller prud’homme en application du décret du 26 septembre 1939, car le patronat de Bolbec le tenait pour être ou avoir été membre du parti communiste, et d’en être toujours sympathisant. Cependant, les renseignements transmis le 18 mars 1939 par le préfet ayant été jugés par les services du ministère « trop sommaires et incertains » pour démontrer son appartenance au parti communiste, le ministère ne prononça pas immédiatement sa déchéance, ni celle d’Oscar Laudéa, un conseiller prud’homme du Havre. Il demanda le 25 mars des renseignements complémentaires, ce qui eut pour effet de prolonger la procédure. Le 8 avril, les renseignements obtenus du sous-préfet du Havre n’étant pourtant pas plus précis que les précédents, le préfet maintint au ministère sa proposition de déchéance. Mais, sans doute en raison de la précipitation des événements de la guerre, la déchéance de Joseph-Hilaire Deneuve ne fut pas prononcée immédiatement, de même pour l’ensemble des conseillers prud’hommes de la Seine-Inférieure.

Ce n’est qu’en date du 22 février 1941, que Joseph-Hilaire Deneuve fut effectivement déchu de son mandat de conseiller prud’homme « pour n’avoir pas répudié publiquement et catégoriquement toute adhésion au parti communiste, et toute participation interdite par le décret du 26 septembre 1939 ». Il le fut en même temps qu’un autre conseiller prud’homme de Bolbec : Ernest Delcourt. Mais aussi, en même temps que ceux de Rouen : Paul Boufflet, Hélène Caudron, Maurice Jeanne, Abel Poirson, Roger Sporry, et Georges Bourgois ; de Darnétal : Fernand Campard, et Roger Bourgeois ; d’Elbeuf : Georges Mesnil ; du Havre : Oscar Laudéa, et Hervé Guyader ; de Fécamp : Suzanne Roze.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article176926, notice DENEUVE, Joseph-Hilaire par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 23 novembre 2015, dernière modification le 23 novembre 2015.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. Dép. de Seine-Maritime, cote 1M313, fiche matricule 1R3384.

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