HUREZ Léon.

Par Florian Babusiaux

Strépy-Bracquegnies (aujourd’hui commune de La Louvière et arr. La Louvière, pr. Hainaut, anciennement arr. Soignies) 3 juin 1924 – La Louvière, 27 juillet 2004. Enseignant, militant socialiste, membre de la Jeune garde socialiste, dirigeant régional de la Centrale générale des services publics, député représentant le Parti socialiste belge de Soignies, membre du Mouvement populaire wallon, bourgmestre de Strépy-Bracquegnies puis de La Louvière à la suite de la fusion des communes en 1976, ministre, militant wallon.

Léon Hurez est issu d’une famille de mineurs socialistes. Il est orphelin de mère en 1937, puis de père, victime de la guerre 1940-1945. Il suit une formation d’instituteur (1943) puis de régent scientifique (1946) à l’École normale de l’État à Nivelles (aujourd’hui pr. Brabant wallon, arr. Nivelles). En 1947, il se marie et devient instituteur à l’Athénée de Soignies (pr. Hainaut, arr. Soignies). L’année suivante, il est professeur de sciences et de mathématiques à l’École moyenne de Houdeng-Aimeries (aujourd’hui commune de La Louvière). En 1959, il obtient un diplôme de l’Institut supérieur de pédagogie de Morlanwelz (pr. Hainaut, aujourd’hui arr. La Louvière), et deux ans plus tard, il devient professeur à l’École industrielle des apprentis mineurs.

Bien qu’ilne pense pas encore à une carrière syndicale ou politique, l’intérêt de Léon Hurez pour l’enseignement va de pair avec un engagement militant. Dès la naissance, il est inscrit à la Jeune garde socialiste. À partir de 1947, il assume le rôle de délégué du secteur Enseignement de la Centrale générale des services publics (CGSP) dont il devient le permanent régional.
Opposant intransigeant au retour du roi Léopold III sur le trône au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Léon Hurez participe à la grève massive dans le bassin du Centre (pr. Hainaut) et prépare la « Marche sur Bruxelles » du 1er août 1950 qui, dans la nuit, provoque le retrait de Léopold III.
En 1958, le jeune militant rejoint les travaux de la Commission permanente du Pacte scolaire. Peu après, au cours de l’hiver 1960-1961, il participe énergiquement au mouvement de grève contre la Loi unique.

L’activité de Léon Hurez est repérée par Hector Roland*, secrétaire fédéral du Parti socialiste belge (PSB) pour l’arrondissement de Soignies, qui lui offre alors la troisième place sur la liste socialiste. En mars 1961, Léon Hurez est élu député de l’arrondissement. Réélu à plusieurs reprises, il exercera ce mandat jusqu’en 1981. Ses chevaux de bataille sont notamment la planification, le redressement économique, la démocratisation et le pluralisme de l’enseignement.
Préoccupé par la désindustrialisation rapide du bassin hennuyer, partisan de l’orientation donnée par André Renard à la grève de l’hiver 1960-1961, Léon Hurez adhère au Mouvement populaire wallon (MPW). Sous son impulsion, la fédération socialiste de Soignies entre régulièrement en opposition avec la direction nationale du PSB. Avec Freddy Terwagne, André Cools* ou Ernest Glinne*, il apparaît comme l’un des rebelles fédéralistes wallons du parti du début des années 1960 – il sera exclu plusieurs mois du groupe parlementaire socialiste pour avoir voté contre la loi sur le maintien de l’ordre –.
En 1964, contraint de choisir entre le PSB et le MWP dont il est membre, Hurez décide de rester fidèle au parti, tout en défendant l’idée wallonne en son sein. Il est vice-président du Comité permanent des fédérations socialistes wallonnes en octobre 1971. Il joue un rôle croissant dans les débats qui conduisent aux réformes constitutionnelles notamment comme membre de la « commission des 34 » en 1977 menant au pacte d’Egmont-Stuyvenberg, et comme ministre de l’Éducation nationale (francophone) du 20 janvier 1972 au 16 janvier 1973 dans le gouvernement Eyskens V (coalition sociale-chrétienne - socialiste) et comme Vice-premier ministre et ministre de la Fonction publique du 3 juin 1977 au 20 octobre 1978 dans le gouvernement Tindemans IV (coalition sociale-chrétienne – socialiste – Fédération démocratique des francophones (FDF) – Volksunie (nationalistes flamands)).
En 1979, Léon Hurez accède à la présidence du Conseil culturel de la Communauté française de Belgique et devient l’année suivante le premier président du Conseil régional wallon (aujourd’hui Parlement wallon). Il contribue aussi à la réussite de la réforme de l’État de 1980.
Hurez ne peut néanmoins enrayer le recul (généralisé dans le pays) du score électoral du PSB dans l’arrondissement de Soignies qui passe d’une majorité absolue de 53,1 % en 1961, à 46,4 % en 1979 (devenu suite à la scission du parti, du côté francophone, le Parti socialiste (PS)), même s’il reste toujours un des plus élevés.

L’engagement wallon de Léon Hurez dans la politique de sa région natale ne fait que s’intensifier. Membre et responsable de la propagande de la régionale du Centre de Wallonie libre (1962), membre du Comité central d’Action wallonne dans la région du Centre (1962-1964), vice-président de la régionale du Centre du Mouvement populaire wallon (1962-1963), président d’honneur de la section de Houdeng-Aimeries du même mouvement, il participe au Congrès d’Action wallonne de Namur (pr. et arr. Namur) du 23 mars 1963.

En 1965, Léon Hurez devient bourgmestre de Strépy-Bracquegnies, sans jamais avoir été conseiller communal ou échevin auparavant avant les élections de 1964. Il travaille notamment sur l’urbanisation du cœur de sa cité, qu’il remodèle. Le 1er janvier 1977, la fusion des communes, décidée en 1976, se concrétise. Léon Hurez est le premier bourgmestre du grand La Louvière (1977, 1979-1984).

Les années 1980 voient Léon Hurez s’immerger dans des préoccupations régionales. Il obtient la construction de l’ascenseur pour bateaux de Strépy-Thieu (La Louvière), à partir de 1982. En 1983, avec l’aide de Michel Debauque et Jean-Pierre Hubert, il crée l’Écomusée régional du Centre sur le site de Bois-du-Luc à Houdeng-Aimeries. Il prépare la gestion du Hall des expositions et la création d’une réserve naturelle sur le site des étangs de Strépy. Ami d’Idel Ianchelevici, il lui ouvre les portes de l’ancien Palais de Justice de La Louvière qui deviendra, en 1987, un musée consacré à l’artiste.

Rencontrant des problèmes de santé, Léon Hurez démissionne de son poste de bourgmestre en septembre 1984 au profit de Michel Debauque et achève la législature jusqu’en 1988 comme conseiller communal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244033, notice HUREZ Léon. par Florian Babusiaux, version mise en ligne le 28 novembre 2021, dernière modification le 6 décembre 2021.

Par Florian Babusiaux

SOURCES : Archives de la ville et du CPAS de La Louvière – JORIS F., 1885-1985. Histoire des fédérations. Soignies-Thuin, Bruxelles, 1985 (Mémoire ouvrière, 10) - DEBAUQUE M. et HUWÉ M., Léon Hurez. Fidélité à un idéal, Bruxelles, Labor, 1988 – La Louvière... aux urnes ! Vies et combats politiques dans l’entité louviéroise du 19e siècle à l’an 2000, La Louvière, 2007 – « Hurez Léon », dans Encyclopédie du Mouvement wallon, t. IV : Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), Namur, Institut Jules Destrée, 2010, p. 328-330.

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