LARCHEVEQUE Jean, Georges

Par Daniel Grason

Né le 2 septembre 1906 à Vierzon Bourgneuf arrondissement de Bourges (Cher), mort le 20 janvier 1986 à Orléans (Loiret) ; chaudronnier ; résistant ; déporté.

Fils d’Henri et de Louise, marié, père d’un enfant, la famille vivait 71 rue Nationale à Viry-Châtillon (Seine-et-Oise, Essonne). Il travaillait en qualité de chaudronnier au dépôt de la SNCF de Vitry (Seine, Val-de-Marne). Mobilisé en septembre 1939 à Macon au 418ème Pionniers, il a été démobilisé le 1er juin 1940 et remis à la disposition de la SNCF au titre d’affecté spécial.
Il a été interpellé le 19 janvier 1943 par des inspecteurs de la BS1, emmené dans les locaux des Brigades spéciales, il a été interrogé. Il affirma : « Je n’ai jamais été membre d’une organisation communiste ». Il reconnaissait avoir fabriqué une boîte en bois à la demande d’un homme qu’il ne connaissait pas. Il lui donna la boîte qu’il fabriqua une huitaine de jours plus tard.
Des photographies de résistants lui furent présentées, il en reconnaissait plusieurs. Il affirma « Je n’ai jamais participé à aucun attentat. Je n’ai jamais eu d’armes ni d’explosifs en ma possession ». Or, fouillé lors de son arrestation, les policiers avaient découvert sur lui deux tubes en ébonite devant servir de dispositif de mise à feu par acide d’engins incendiaire. Les policiers lui demandèrent des explications.
Il répondit qu’il avait trouvé « Ces deux objets dans un compartiment du train qui part de Choisy à 18 heures 54. Il y avait une quinzaine de ces objets sous la banquette dans le compartiment réservé aux mutilés. J’ai pensé de ces objets concernaient l’appareillage de T.S.F. ».
Aux termes de l’enquête policière, il apparaissait que les engins explosifs étaient destinés à Jean Debrais, responsable du groupe spécial de destruction. Plusieurs résistants étaient en relation avec Jean Larchevêque : Alexandre Pujol, Eugène Leroy, Simone Labadie, Jacques Magrisso, Raymond Legros, Albert Barbet, Raymond Meyer et Paul Thézé.
Mis à la disposition des allemands, il fut envoyé à la prison de Fresnes le 28 janvier 1943. Il fut déporté le 11 juillet 1943 au camp de Natzweiler-Struthof (en Alsace occupée) en compagnie de : Victor Rousseau, Jacques Magrisso, Mohamed Lakdar Toumi, Jean Lemberger, Henri Chrétien, Paul Espiasse-Cabau, Charles Joineau et Roger Linet. Tous étaient étiquetés “NN” (Nacht und Nebel) (Nuit et Brouillard) ce qui signifiait condamnés à disparaître sans laisser de traces. Cette expression avait été empruntée par Hitler au livret de L’Or du Rhin de Richard Wagner. Vingt-neuf déportés de ce convoi de cinquante-six hommes moururent en déportation. Jean Larchevêque sera incorporé au kommando d’Erzingen ( Allemagne ) en mars 1944.
Le camp d’Erzingen a été évacué le 17 avril 1945 et les déportés ont rejoint en train ou à pied le camp de Dachau, près de Munich. Jean Larchevêque fut libéré du KL d’ Allach, par les forces alliés, le 30 avril 1945 et revint en France le 31 mai 1945.
Il témoigna le 21 août 1945 devant une commission rogatoire chargée du dossier d’un inspecteur impliqué dans son arrestation. Il reconnaissait sur photographies quatre des inspecteurs qui l’interrogèrent. Il déclara : « C’est l’inspecteur Hadet qui était le plus acharné. Au cours de ma détention j’ai été matraqué matin et soir, pendant onze jours et c’est Hadet qui venait me chercher en me disant « Allons, Larchevêque, en piste. Tous les inspecteurs que j’ai reconnus m’ont frappé ; il n’y a qu’un seul inspecteur, qui m’a dit être de la Sûreté nationale qui n’a pas participé aux violences. » Ces collègues résistants de la BS2 représentaient ainsi Hadet : « Fasciste notoire, anti patriote. (…) Tortionnaire fanatique sympathisant PPF, tout acquis aux idées nazies, toute son activité a été celle d’un partisan ».
La commission d’Épuration siégeant le 24 mars 1945 proposa sa révocation sans pension et sa révocation sans pension pour atteinte à la sûreté extérieure de l’État. Arrêté le 13 janvier 1945, il a été incarcéré à la prison de Fresnes. Le 8 et 9 mai 1947 André Hadet comparaissait devant la Cour de Justice. Il déclara notamment : « Je n’ai jamais fait aucune arrestation de ma propre initiative. J’ai toujours obéi aux ordres et j’ignorais le caractère politique des affaires auxquelles j’ai été mêlées ».
Plusieurs résistants témoignèrent de violences de sa part, il nia. Hadet prit la parole en dernier, il déclara : « Je reconnais que j’ai eu des torts, je demande pardon à ceux que j’ai arrêtés, mais je le répète je n’ai fait qu’obéir aux ordres de mes chefs. » Après vingt minutes de délibérations, l’arrêt a été rendu André Hadet a été condamné à mort et exécuté.
Jean Larchevêque a été homologué combattant des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), et Déporté interné résistant (DIR). Il mourut le 20 janvier 1986 à Orléans (Loiret).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article245966, notice LARCHEVEQUE Jean, Georges par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 février 2022, dernière modification le 23 mai 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BS2 carton 41 (transmis par Gérard Larue), BA 1849, BA 2309, KB 54, 77 W 5348-291297. – Nos remerciements à Didier Alvarez de nous avoir signalé que Jean Larchevêque avait été déporté. – Service historique de la défense, Vincennes GR 16 P 338580 ; Caen SHD/AC 21 P 586168 – Site internet Match ID. – Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Les policiers français sous l’Occupation, Éd. Perrin, 2001, pp.171-172. – Livre-Mémorial FMD, Éd. Tirésias, 2004.

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