DHERBILLY Alexandre, François

Par Daniel Grason

Né le 30 mars 1912 à Rennes (Ille-et-Vilaine), mort le 18 janvier 1945 à Gusen ; ouvrier boulanger ; communiste ; résistant ; déporté à Mauthausen (Autriche).

Fils d’Alexandre, Anatole, chargeur des postes, et de Louise Tardif, Alexandre Dherbilly exerça son métier chez Papillon, boulanger route de Gonesse à Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis), puis chez Bheilly avenue du Mont dans la même ville. Secrétaire de la section communiste, et selon les Renseignements généraux, il était en relation régulière avec Charles Tillon, secrétaire de la Région Paris Nord. Il s’était marié le 31 juillet 1930 à Paris (XIIIe arr.) avec Andrée Roy, puis épousa le 15 décembre 1937, Lucienne Braunshausen, le couple eut deux enfants, la famille vivait 16, rue Blanche à Aulnay-sous-Bois. Du bureau de recrutement de Rennes (Ille-et-Vilaine), incorporé dans le 47ème Régiment d’infanterie, il a été démobilisé le 7 août 1940 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
Le décret-loi du 22 septembre 1939 ordonnait la dissolution du Parti communiste. Selon la police il continuait « à se livrer à une activité clandestine intense ». Le 21 octobre 1940, un arrêté d’internement était pris, mais Dherbilly avait quitté son domicile et était passé dans la clandestinité. Interrogée par la police sa femme affirma qu’elle avait abandonnée par son mari.
La police estimait qu’il était « un militant particulièrement ardent, qui n’a pas hésité à renoncer [sa] la vie familiale pour obéir aux directives de son parti enjoignant aux militants de tout quitter pour pouvoir continuer la propagande plutôt que de risquer l’arrestation ».
Alexandre Dherbilly fut interpellé le 3 août 1941 par deux gendarmes, alors qu’il distribuait des tracts sur le marché de Puteaux, il lança aux deux agents de la force publique « Vendus » et de « Salauds » et ajouta « Oui ces collaborateurs ce sont les boches qui les paient ». Il a été inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 et aussi pour « Outrages à agents de la force publique ».
Avaient été saisis : un tract ronéotypé « Ce que presse et radio fasciste ne disent pas » ; La Voix populaire organe de Gennevilliers du Parti communiste Français N° 4 du 14 juillet 1941 ; un appel « Commerçants défendez-vous » ; une vignette de couleur jaune « Pour le Parti de l’Avenir, souscrivez 5 Francs » orné de la faucille et du marteau ; un rapport interne signé par lui d’une quinzaine de lignes ; La Voix Populaire organe de Gennevilliers du Parti communiste N° 4 numéro spécial du 14 juillet 1941 (recto-verso). Figurait une liste de trente-trois noms. Sous le titre « Démasquons les lâches et les Traîtres » figurait neuf noms dont trois ex-conseillers municipaux communistes. Un autre tract publié après l’agression hitlérienne du 22 juin 1941 contre l’Union Soviétique était intitulé « Ce que presse et radios fascistes ne disent pas ! »
Ayant comme avocate Maître Odette Moreau, il a été entendu par un juge d’instruction, il reconnaissait avoir crié « Vendus mais je ne m’adressais pas spécialement aux gendarmes » affirma-il. Sa fausse carte d’identité il se l’était procurée « par l’intermédiaire de différentes personnes dont je ne connais pas les noms. Je me servais de cette carte pour échapper aux recherches de la Police. J’avais su que je devais être arrêté comme suspecte ».
Il assuma son « activité communiste, comme agent de liaison, depuis le mois de septembre 1940 ». Il affirma avec le plus grand sérieux : « Je me trouvais par hasard, ce jour-là sur le marché de Puteaux, je n’y avais pas été convoqué et j’ignorais qu’une manifestation communiste devait s’y produire ». Il reconnaissait avoir crié « vendu », mais déclara avec le plus grand sérieux « je ne m’adressais à personne ».
Le 3 août 1941 il a été mis à la disposition au Parquet de la Seine. Le 5 août Alexandre Dherbilly a été « inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, et infraction à l’article 154 du Code Pénal pour « Outrages par paroles à agents de la force Publique », une carte d’identité portant sa photographie au nom de Duval Jean Pierre, métallurgiste fut également saisie.
Il comparut le 19 novembre 1941 devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris, il fut condamné à 15 ans de travaux forcés et aux dépens envers l’État pour outrages à agents de la force publique, de détention et distribution de tracts communistes.
Emprisonné, il était le 28 février 1944 dans le convoi d’une cinquantaine d’hommes à destination de Mauthausen en Autriche. Tous étaient étiquetés "NN" Nacht und Nebel (Nuit et brouillard), ce qui signifiait condamnés à disparaître sans laisser de traces. Cette expression avait été empruntée par Hitler au livret de L’Or du Rhin de Richard Wagner.
Vingt-trois moururent, la situation de deux d’entre eux resta inconnue, vingt-cinq rentrèrent. Parmi les survivants Hippolyte Genard, Lucien Germa, Jean Gourdoux, Artur London, Eugène Toulgoat. Alexandre Dherbilly matricule 60733 mourut le 18 janvier 1945 à l’âge de trente-trois ans à Gusen.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article247323, notice DHERBILLY Alexandre, François par Daniel Grason, version mise en ligne le 17 avril 2022, dernière modification le 27 juin 2023.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z-4-14 dossier 126. – Arch. PPo. BA 2056, CB 90.31 main courante du commissariat de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine). – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. — État civil de Rennes en ligne cote 2 E 120, vue 70.

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