Par Guy Herbreteau
Né le 23 octobre 1944 à Montauban (Tarn-et-Garonne) ; cheminot ; syndicaliste CGT, secrétaire du Comité technique des agents de conduite du secteur CGT de Toulouse (jusqu’en1993), secrétaire de la section des cheminots retraités CGT de Toulouse (2001-2009) ; militant communiste.
Michel Laval grandit dans une famille imprégnée par la vie cheminote et le militantisme. Son père, militant CGT, était chef de train à Montauban (Tarn-et-Garonne). Sa mère était femme au foyer. La famille comptait quatre enfants, une fille et trois garçons.
En 1959, au terme de sa scolarité primaire, Michel débuta son apprentissage de boulanger. Il découvrit un métier difficile aux conditions de travail particulièrement pénibles. En 1962, il décida d’abandonner celui-ci pour intégrer la fabrique de meubles Capelle à Montauban (Tarn-et-Garonne) où travaillait déjà son frère aîné Jean, ébéniste. Ce fut dans cet établissement que Michel adhéra à la CGT en 1967. Aucun syndicat n’était alors présent dans l’entreprise, aussi s’adressa-t-il directement à l’UD-CGT du Tarn-et-Garonne alors dirigée par Roger Lafabrie. Dès son adhésion, les responsables de l’UD lui proposèrent de prendre en charge la diffusion de la Vie Ouvrière sur le département. Ces premiers contacts avec l’organisation lui furent très utiles au moment des évènements de Mai-Juin 1968. Avec un de ses collègues, Michel tenta de profiter des grèves pour implanter la CGT dans la fabrique de meubles mais il se heurta au paternalisme de la direction. Certains petits chefs allèrent jusqu’à espionner les salariés qui participèrent à la manifestation de Montauban (Tarn-et-Garonne). Un jour, attendu par l’ensemble des dirigeants, un débat houleux opposa Michel à la direction. À l’issue de celui-ci, avec un seul de ses camarades, il se déclara en grève. La majorité des salariés ne suivit pas le mouvement mais la confusion régna au sein de l’entreprise, à tel point que le patron décida de fermer l’usine. À la reprise du travail, le constat fut amer. Après avoir réuni les employés, le patron utilisa les mesures arrachées par les travailleurs pour mettre en place la « participation » au sein de l’entreprise. Applaudi par les salariés, Michel n’en fut pas moins écœuré par la tournure des évènements. Face aux difficultés rencontrées avec ses employeurs, il décida de quitter l’entreprise.
La fin du mouvement de Mai-Juin 68 fut également marqué par le décès de Roger Lafabrie, mort accidentellement le 28 mai 1968, alors qu’il se rendait à une réunion pendant les grèves. Michel fut très éprouvé par sa disparition.
En juillet 1968, il fut embauché à la SNCF comme homme d’équipe en gare de Montauban (Tarn-et-Garonne). Son entrée au chemin de fer fut fortement influencée par l’appartenance de son père à la corporation cheminote, mais aussi par le fait que Michel vécut toute son enfance dans une cité de cheminots et toute son adolescence près d’un dépôt de locomotives. Il connut donc précocement l’univers des travailleurs du chemin de fer. Un an après son embauche, il obtint l’examen de facteur Exploitation. En décembre 1970, il entrevit la possibilité de réaliser son rêve de devenir conducteur lorsqu’il fut autorisé à s’inscrire au stage d’élève conducteur. Reçu à l’examen en avril 1972, il fut nommé, en 1974, conducteur et poursuivit sa carrière jusqu’au grade de T5. Affecté dans la région de Toulouse (Haute-Garonne), il assuma des roulements de thermicien, c’est-à-dire la conduite de trains à traction diesel puis autorails. Toutefois, il refusa de faire le stage de conversion électrique et, de ce fait, n’accéda jamais au roulement TGV.
Muté à Toulouse (Haute-Garonne) en 1971, il s’investit très rapidement dans l’activité syndicale. Il fut élu secrétaire de la Section technique des agents de conduite du dépôt de Toulouse (Haute-Garonne), puis il devint secrétaire du comité technique des agents de conduite du secteur CGT de Toulouse jusqu’en 1993. À ce titre, et par la suite comme secrétaire des retraités, il fut membre du bureau de Secteur. Il exerça également différents mandats au sein de l’entreprise. En 1974, il fut élu délégué indiciel puis, en 1983, délégué du personnel. Délégué de groupe, il fut élu à la Commission locale de Toulouse Centre dont il devint l’animateur CGT. Militant intransigeant contre les injustices il donna toute la mesure de son engagement dans ces délégations pour défendre le déroulement de carrière des ADC et l’ensemble des droits et revendications des cheminots. En 1994, il devint secrétaire du comité de secteur des cheminots retraités, six mois avant son départ à la retraite. Il assuma cette tâche jusqu’en 2002. De 2001 à 2009, il fut secrétaire de la section CGT des cheminots retraités de Toulouse (Haute-Garonne) qui comptabilisait environ 250 adhérents. Au titre des formations syndicales, Michel suivit le stage de base, celui de niveau moyen, le stage Droits et Libertés ainsi que celui « Vie Ouvrière ».
Parmi les militants qui l’ont fortement influencé, il cita Georges Séguy, figure de la confédération CGT et de la région toulousaine. Parmi les syndicalistes de l’UD-CGT du Tarn-et-Garonne, il fut très marqué par Roger Lafabrie, Adrien Monfraix et André Fontanier. Au titre de son activité chez les cheminots, ce furent Michel Bordenave, Pierre Peres, Pierre Lapeyre et Maurice Samson qui marquèrent son parcours.
Adhérent du PCF depuis 1967, Michel Laval prit une part active dans le combat politique en général et tout particulièrement au sein de l’entreprise SNCF. Secrétaire de cellule à Montauban (Tarn-et-Garonne), il fut également secrétaire de cellule des ADC de Toulouse (Haute-Garonne) durant de nombreuses années. À ce titre, il fut aussi membre du bureau de la section PCF des cheminots de Toulouse.
Au niveau associatif, il milita dans diverses associations notamment à Toulouse Loisirs Culture, dont il siégea au Conseil d’Administration. À de nombreuses reprises, il fut l’intermédiaire entre cette association et le Comité d’Établissement Régional des cheminots de Haute-Garonne.
Sensible aux questions de la paix il ne cessa de dénoncer les fauteurs de guerre et d’inviter à agir pour un monde solidaire et sans arme. Il fut adhérent au Mouvement de la Paix. L’amitié entre les peuples fut également une lutte de tous les instants qu’il défendit comme adhérent à l’association d’amitié France-Cuba.
Militant aux convictions profondes, Michel privilégia toujours l’analyse politique des évènements tout en demeurant attentif aux réalités du terrain. Il fut de ceux pour qui les relations humaines gardèrent une place privilégiée dans la démarche d’engagement.
Il était marié avec Christiane, agent administratif dans l’Education nationale.
Par Guy Herbreteau
SOURCE : Renseignements fournis par l’intéressé, 2009.