POUJOL Roger, Hippolyte

Par Claude Pennetier

Né le 13 avril 1894 à Périgueux (Dordogne), mort en déportation à Buchenwald le 26 juin 1944 ; instituteur ; militant communiste de Seine-Inférieure depuis le congrès de Tours.

Roger, Hippolyte POUJOL- Rubrique
Roger, Hippolyte POUJOL- Rubrique "Nos Martyrs" in "L’Avenir du Havre" 1946

Fils d’un cuisinier, François Poujol, (employé d’hôtel devenu hôtelier en 1906 selon son autobiographie) et d’une lingère, Louise, devenue « maîtresse d’hôtel à l’hôtel Pouzol) », (ils seront amis d’Ezra Pound, poète nord-américain, qui avait semble-t-il séjourné dans leur hôtel en 1912 et 1919), Roger Poujol fut élève de l’école primaire supérieure d’Excideuil jusqu’en 1911, puis travailla par correspondance avec l’École universelle. Après avoir été évincé du concours d’entrée à l’école normale d’instituteurs, il devint employé de banque et d’usine à Excideuil avant de devenir instituteur en Seine-Inférieure en 1912, département déficitaire. Il appartenait au Parti socialiste avant la Première Guerre mondiale. Mobilisé comme sergent fourrier, blessé, il fut versé dans les services auxiliaires puis fut réformé. Il reprit son métier d’instituteur au Havre.

Il fut candidat aux élections législatives du 16 novembre 1919 en deuxième rang sur la liste socialiste, composée de Édouard Blanchou, Paul Bouthonnier, Marcel Delagrange, Adrien Delsol, Paul Loubradou, lui-même, liste qui obtint une moyenne de 11 829 voix sur 93 998 suffrages exprimés.

Il rejoignit le Parti communiste après le congrès de Tours. Secrétaire adjoint de la section communiste du Havre en 1920, il interrompit son militantisme en 1924-1925. En effet, à la suite d’un « divorce administratif », conséquence de l’impossibilité de rapprocher le lieu de travail de son épouse, il fut nommé en 1924 instituteur à Conteville (Eure) sur la rive opposée de l’estuaire de la Seine face au Havre. Il demeura dans cette commune pendant onze années tout en étant secrétaire de mairie. Ami d’Albert Costentin, en mars 1925, il fut élu secrétaire du syndicat unitaire de l’enseignement laïc du département et, succédant définitivement à Paul Briard* à la tête du syndicat de l’enseignement laïc en mars 1930, le resta jusqu’en 1935. Il intégra la section du Syndicat national des instituteurs après la fusion et fut membre du conseil syndical dès 1936 tout en étant le secrétaire de la Fédération générale de l’Enseignement en 1936-1937.

Il se maria en avril 1916 à Excideuil avec Marcelle Loffet, institutrice, militante communiste, fille d’un employé aux chemins de fer départementaux de la Dordogne. Le couple eut un garçon qui mourut en 1935 alors qu’il préparait le concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure. Une fille naquit en 1931.

Il devint instituteur à l’école Corneille à Petit-Couronne (près de Rouen) poste qu’il occupa jusqu’à la dissolution du Parti communiste en 1939 et son déplacement ordonné par les renseignements généraux à Rétonval (Seine-Inférieure) à l’extrémité nord-est du département. Ceci dans le but avoué de le neutraliser. Il était de fait en résidence surveillée.

Orateur très écouté dans les réunions publiques, après avoir souffert d’une mise à l’écart consécutive à l’éviction de la direction Costentin, Trouillard, Brière, affaire dans laquelle il n’eut « aucune part », précisa-t-il, il fut secrétaire adjoint de la section communiste, membre du comité régional, membre de la commission régionale d’éducation et membre de la commission de travail des élus. Il représentait le parti au comité local de Front populaire et fut appelé peu après à faire partie du bureau de la région Basse-Seine, Son épouse était alors responsable du comité local du Rassemblement mondial des femmes.

Il fut arrêté dans sa classe le 23 juin 1941 et interné à Compiègne où il devint membre du triangle de direction du PC clandestin avec Georges Cogniot. Maintenu au Front stalag 122 (de Compiègne) plus de deux ans, il fut secrétaire de l’infirmerie du camp où il participa à l’organisation du moral des détenus. Scrupuleux à l’extrême, il refusa l’évasion que lui proposait le Comité central, parce que, malade, il craignait d’apporter plus de gêne que d’aide à ses camarades. Déporté à Buchenwald (Allemagne) en septembre 1943, il fut infirmier au "Revier" et vint en aide aux déportés de toutes nationalités qui l’appréciaient.
Malade, en dépit de l’aide alimentaire de ses camarades pour le sauver, il mourut à cinquante ans, au camp, le 26 juin 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127149, notice POUJOL Roger, Hippolyte par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 mars 2021.

Par Claude Pennetier

Roger, Hippolyte POUJOL- Rubrique "Nos Martyrs" in "L'Avenir du Havre" 1946
Roger, Hippolyte POUJOL- Rubrique "Nos Martyrs" in "L’Avenir du Havre" 1946

SOURCES : RGASPI, 495 270 4164, autobiographies, octobre 1937 et 10 novembre 1938, classé A. — Arch. Dép. Seine-Inférieure, 10 MP 1410, cote 1M525. — G. Cogniot, op. cit. — Aux 210 communistes de Seine-Maritime morts pour la France, 1985. — Notes de Jacques Girault, de Valérie Quevaine et de JG Mckechnie.

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