CAUMONT Paul, Ferdinand

Par Gilles Pichavant

Né le le 15 ventôse an IX (6 mars 1801) à Déville-lès-Rouen (Seine-inférieure, Seine-Maritime) ; ouvrier teinturier à Rouen (Seine-inférieure, Seine-Maritime) ; condamné pour résistance avec violence et voie de fait envers la garde nationale en 1830

En 1830, Paul Caumont était ouvrier teinturier. il avait 29 ans et demeurait à Rouen (Seine-inférieure, Seine-Maritime), place Cauchoise.

À la suite des Trois glorieuses, les ouvriers de Rouen pensèrent que le moment était propice pour faire avancer leurs revendications, tant en matière d’augmentation des salaires, que de réduction du temps de travail. Un vaste mouvement social se développa à Rouen et dans son agglomération à partir du 27 août 1830, à partir de la corporation des fileurs et gagna toute la région en s’étendant à d’autres corporations. D’après le Journal de Rouen la durée du travail était, à cette époque, de 16 heures 30, et pouvait atteindre les 17 heures ; les fileurs revendiquaient qu’elle soit limitée à 12 heures par jour. Le mouvement donna lieu à de nombreux attroupements et manifestations. C’est au cours de l’un d’eux que Paul Caumont fut arrêté et poursuivi par la justice.

Le 2 septembre, vers 6 heures et demie du soir, alors que Louis Caumont trouvait dans un vaste attroupement à proximité de la Porte Guillaume-Lion de Rouen, son camarade Louis Laurent, ouvrier teinturier comme lui, fut arrêté et entraîné le long des quais, vers le poste du grand pont, par un groupe de six gardes nationaux armés de fusils. "La force publique avaient de la peine à comprimer les efforts d’un assez grand nombre d’agitateurs" diront les attendus du jugement.

En suivant les gardes, Paul Caumont ameutait la foule en criant : "c’est abominable que parce qu’un homme n’est vêtu que d’une blouse, il soit arrêté. Si c’était une Monsieur, il ne le serait point." Puis, alors que l’attroupement arrivait à la hauteur de la rue du grand pont, il cria : "Ne crains point Laurent, tu seras sauvé, la garde nationale périra plutôt". N’étant pas en force et craignant que leur prisonnier ne soit délivré, les gardes nationaux décidèrent de poursuivre leur chemin, en l’entraînant vers l’Hôtel de Ville.

Ayant fait quelques dizaines de mètres dans la rue du Grand-Pont, Laurent failli leur échapper, malgré le renfort de plusieurs gardes nationaux qui n’étaient pas en service. Les gardes avaient décidé de bifurquer dans un passage étroit perpendiculaire à la rue, car plus facile à défendre. C’est à ce moment que Paul Caumont aurait crié à Laurent : « tu n’iras point, on ne te laissera pas aller ». Laurent tenta alors de s’échapper en bousculant un garde, comme celui-ci était maîtrisé par derrière par deux manifestants. Le garde reçut un coup de poing, et tomba à terre. Au même moment Louis Chales, troisième ouvrier teinturier inculpé, se jeta sur un autre garde national, et lui porta un coup de poing, puis tenta de se saisir du fusil d’un troisième.

Maîtrisés et arrêtés tous les trois, ils passèrent en jugement le 13 septembre 1830, et furent condamnés pour "Résistance avec violence et voie de fait envers la garde nationale". Paul Caumont fut condamné à 6 mois de prison ; Louis Laurent à 9 mois ; Chales à 1 an.

Pour la coalition du Faubourg Saint-Sever de Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), voir : Adonis Amourette, Dominique Labois, Alexandre Levézier, Théodore De Longmare, Alphonse Leloutre, Stanislas Loison, Jacques Revers ; pour celle de Barentin et Pavilly, voir : Louis Coeffier, Pierre Drély. Pour la Vallée du Cailly, voir Jean-Isidore Prévost. Pour Darnétal : Nicolas Halavent. Pour la répression d’un attroupement de Rouen, voir : Paul Caumont. Coalition d’enfants Narcisse Saint-Martin

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175558, notice CAUMONT Paul, Ferdinand par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 21 septembre 2015, dernière modification le 28 juillet 2021.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. Dép. de Seine-Maritime, Greffe du tribunal correctionnel Rouen, jugements (du 5 avril 1829 au 24 octobre 1831), Cote 3U4-1320 — Journal de Rouen, du 28 août au 12 novembre 1830. — État civil.

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