DRÉLY Pierre, François

Par Gilles Pichavant

Né en 1800 à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; Ouvrier fileur de Barentin (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; Dirigeant de l’organisation locale clandestine des fileurs, qui reposait sur des responsables d’atelier et de manufacture, hiérarchisés sous le nom de vicaires et de curés.

Lettre convoquant les
Lettre convoquant les "curés" des filatures à une réunion — ADSM 10M330

En août 1830, les fileurs de Rouen et des environs demandaient un maximum de douze heures de travail par jour, au lieu de quatorze, seize et dix-sept. Ceux de Rouen amorcèrent à la fin du mois des négociations avec les patrons en vue d’établir en commun un règlement, et ils désignèrent un Conseil d’administration parmi eux, auquel ils invitèrent leurs camarades des autres villes cotonnières à envoyer des délégués. La grève éclata.

Pierre Drély fut désigné comme délégué de Barentin, et, le 28 aout, prit la route de Sotteville-lès-Rouen pour une participer à un conseil des fileurs. Là, on appela les noms des communes l’un après l’autre, et le député de chacune d’elles répondait présent en donnant son nom. Il répondit à l’appel de Barentin, mais comme personne ne se présenta pour Pavilly, on l’engagea à répondre pour cette seconde commune.

Le 2 septembre 1830, il distribua à Pavilly, près de Barentin, des invitations à une réunion ouvrière signées de son nom et écrites par Delahaye. (Arch. Dép. Seine-Maritime, série M non classée, Dossier coalitions ouvrières 1830.) (voir Delahaye).

Cela lui valut d’être renvoyé de son atelier le 3 septembre. Son autorité morale s’accrut alors du fait même qu’il se consacra tout entier à l’organisation des fileurs de Barentin, convoquant régulièrement « curés » et « vicaires », veillant au maintien de l’ordre, réprouvant les violences, interdisant les rassemblements dont l’autorité prendrait prétexte pour une répression.

La grève de Barentin fut ainsi très pacifique. Il n’en alla pas de même à Darnétal, où les grévistes de la localité, grossis de ceux de Rouen, se mesurèrent avec la troupe, le 6 septembre.

Malgré toutes ces précautions, Drély n’en fut pas moins condamné à deux ans de prison et deux ans de surveillance, comme « chef et moteur de la coalition » qui s’était « formée dans les communes de Barentin, Pavilly et de l’Austreberthe, pour empêcher les travaux au delà de certaines heures fixés par les règlements, pour enchérir le prix des travaux », laquelle coalition ayant été « suivie d’exécution, par des convocations, des réunions publiques », par l’établissement d’une cotisation — « une masse » — « de dix centimes par chaque ouvrier, pour salarier ceux qui ne travailleraient point ».

Pour la coalition du Faubourg Saint-Sever de Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), voir : Adonis Amourette, Dominique Labois, Alexandre Levézier, Théodore De Longmare, Alphonse Leloutre, Stanislas Loison, Jacques Revers ; pour celle de Barentin et Pavilly, voir : Louis Coeffier, Pierre Drély. Pour la Vallée du Cailly, voir Jean-Isidore Prévost. Pour Darnétal : Nicolas Halavent. Pour la répression d’un attroupement de Rouen, voir : Paul Caumont. Coalition d’enfants Narcisse Saint-Martin

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30163, notice DRÉLY Pierre, François par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 6 août 2021.

Par Gilles Pichavant

Lettre convoquant les "curés" des filatures à une réunion — ADSM 10M330
Lettre convoquant les "curés" des filatures à une réunion — ADSM 10M330

SOURCES : Arch. Nat., BB 18/1189. — Arch. Dep. de Seine-Maritime, cote 2U/4/1320, Greffe du tribunal correctionnel Rouen, jugements (du 5 avril 1829 au 24 octobre 1831), 10M330, et Journal de Rouen, dimanche 12 septembre 1830 — Michelle Perrot, Les coalitions ouvrières en France, 1815-1834, DES, Paris, 1951. — Gazette des Tribunaux, 13 et 14 septembre 1830.

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