MORAN Denise [Marthe SAVINEAU, née JENTY dite]

Par Anne Mathieu

Née le 11 septembre 1885 dans le XIe arrondissement à Paris ; membre de l’administration coloniale africaine ; chargée de missions ethnologiques ; essayiste, romancière ; journaliste, reportrice

La Lumière, 23 mai 1936, p. 5.
Source gallica.bnf/BnF

Marthe Jenty naquit le 11 septembre 1885 à Paris, de Joël Jenty, comptable, et de Caroline Baur, institutrice. Elle épousa à dix-neuf ans Marie Jean Baptiste Joachim Ronzi, peintre-décorateur, qui mourut en 1907. Le 12 juillet 1927, dans le VIe arrondissement de Paris, elle se maria avec Maurice Edmond Savineau, qu’elle accompagna en 1927 en Afrique-Equatoriale où il alla travailler dans l’administration. Elle participa là-bas à la fondation de plusieurs écoles. En 1929, Edmond Savineau mourut mais elle resta en AEF pour travailler au bureau des Affaires politiques. Elle publia, en 1934, Tchad. Comme tous ses écrits, cet ouvrage est signé de son pseudonyme, Denise Moran. Il semble qu’elle revint en France à cette période.
En mai 1935 a eut lieu à Paris une réunion contre le décret Régnier, qui renforça la répression dans les colonies : l’Humanité indiqua que « l’écrivain Denise Moran » était solidaire de cette protestation (l’Humanité, 29 mai 1935). En 1936, elle publia une brochure, Le Meurtre d’André Aliker, affaire dont s’occupa également Magdeleine Paz. Entre le 19 octobre 1937 et le 25 mai 1938, elle parcourut l’Afrique Occidentale Française, mandatée par son Gouverneur général Marcel de Coppet. Elle rédigea dix-sept rapports.
La question noire la préoccupa donc, comme peuvent en témoigner un essai publié en 1937, Noirs et blancs, ou une conférence le 26 mai 1939 à la Galerie d’Anjou, « Les noirs d’Afrique et la culture ».

Elle s’engagea également pour l’indépendance de l’Éthiopie, et présida le 19 février 1935 à Paris une conférence pour défendre celle-ci. Elle publia cette année-là un article sur l’Abyssinie dans Regards, hebdomadaire proche du parti communiste auquel elle collabora de temps à autres.

L’Espagne fut aussi une de ses préoccupations importantes. Membre de la Société des amis du peuple espagnol en 1935, elle donna une conférence le 23 avril avec Elie Faure, sur « L’Espagne spirituelle et révolutionnaire », alors qu’elle revenait d’Espagne (l’Humanité, 23 avril 1935). De retour dans la péninsule ibérique à la mi-mars 1936, elle livra des reportages sur la victoire du Frente popular et ses suites dans l’hebdomadaire de Georges Boris La Lumière, le quotidien libéral de gauche L’Œuvre, Regards et l’hebdomadaire intellectuel du Front populaire Vendredi.
Son engagement envers l’Espagne républicaine se manifesta parallèlement dans le soutien à diverses manifestations : elle signa l’appel du 20 août 1936 dans l’Humanité réclamant des armes et des munitions pour l’Espagne ; son nom fut apposé au bas d’une affiche contre le blocus de l’Espagne républicaine en novembre 1936, aux côtés de nombreuses personnalités, dont Jean-Richard Bloch, André Malraux ou Jean Zyromski..
En 1939, elle fit partie de la mission internationale visitant les camps de réfugiés espagnols du Sud-Est de la France et livra son témoignage en mai dans la brochure du Comité International de coordination et d’information pour l’aide à l’Espagne républicaine.

Nous n’avons que peu de traces d’elle à partir de 1940. Signalons qu’elle donna sa signature, dans l’Humanité du 2 novembre 1944, à une pétition protestant contre les attentats allemands à Paris, aux côtés de Pierre Emmanuel, Edith Thomas, Vercors ou Andrée Viollis notamment. Et qu’elle publia deux romans : en 1945, Cette sacrée gamine ; en 1946, Ta douce moitié.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article185919, notice MORAN Denise [Marthe SAVINEAU, née JENTY dite] par Anne Mathieu, version mise en ligne le 10 octobre 2016, dernière modification le 23 mars 2022.

Par Anne Mathieu

La Lumière, 23 mai 1936, p. 5.
Source gallica.bnf/BnF

ŒUVRE : Tchad, Gallimard, 1934. — Le Meurtre d’André Aliker, Défense-éditions, 1936. — Noirs et blancs, ESI, 1937. — Cette sacrée gamine, La Bibliothèque française, 1945. — Ta douce moitié, La Bibliothèque française, 1946. — La Famille en AOF : condition de la femme : rapport inédit, Présentation et étude de Claire H. Griffiths, L’Harmattan, 2007.

SOURCES : Anne Mathieu, "André Aliker : un journaliste communiste martiniquais assassiné" , Retronews, 6 septembre 2021. — Anne Mathieu, Nous n’oublierons pas les poings levés - Reporters, éditorialistes et commentateurs pendant la guerre d’Espagne, Paris, Syllepse, 2021. — Notes de Vincent Bollenot. — Etat civil. — Journaux et articles de presse cités dans la notice.

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