TRÉDAN Yves, Marie

Par Serge Tilly

Né le 4 août 1922 à Kerdoualen en Le Vieux-Marché (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) ; réfractaire au STO ; initiateur de la compagnie FTP "La Marseillaise", capitaine FFI du Bataillon "Le Du" ; décédé le 12 février 1951 à Nice (Alpes-Maritimes) des suites d’une maladie.

Fils de Joseph, Marie Trédan, cultivateur et de Marie, Séraphine Guenveur, ménagère. Il épousa Anna Lafontaine le 13 octobre 1945 à Neuilly-sur-Seine (Seine ; Hauts-de-Seine), le couple n’eut pas d’enfant.
Yves Trédan demeura aux Sept-Saints en Vieux-Marché chez ses parents qui y tinrent une petite épicerie, il fit des études secondaires à Nantes (Loire-Inférieure ; Loire-Atlantique) en vue de devenir ingénieur, la guerre le contraignit à les interrompre. 
Yves Trédan fut un pionnier de la Résistance dans le secteur de Plouaret, début 1944, il mis en place la compagnie FTP "La Marsellaise" sur les communes de Plouaret, Vieux-Marché et Trégrom (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), plus tard vinrent s’ajouter les communes de Pluzunet, Saint-Eloi et Louargat (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). 
Yves Trédan et son groupe, entreprirent le recrutement d’autres FTP, diffusèrent la presse clandestine, firent de la propagande parmi la population, effectuèrent des coups de main, confectionnèrent des faux papiers pour les réfractaires. 
Le groupe fut armé de 4 fusils de chasse, de 6 revolvers récupérés parmi la population et de deux Mauser pris à l’ennemi. 
Le 9 novembre 1943, à Plouaret, il participa à une grande manifestation contre le STO, qui réunie plus d’une centaine de jeunes. Au cours de celle-ci, Yves Léon pris la parole debout sur le monument aux morts pour inciter les jeunes à refuser de partir en Allemagne. Yves Léon fut dénoncé, arrêté à son domicile par des gendarmes français, il connu l’univers concentrationnaire de Bergen-Belsen en Allemagne. Il en revint en piteux état, consacrant le reste de sa vie à la défense de la mémoire de la Résistance et de la Déportation. Yves Léon décéda en 2018.
Dans la nuit du 18 au 19 février 1944, 62 tonnes de paille appartenant à l’armée d’occupation furent détruites, les auteurs furent identifiés : Auguste Le Pape, Arsène Faujouron et Yves Trédan.
Le 28 février 1944, l’un des membres du groupe Eugène Daniel mit le feu à 36 tonnes de paille en gare de Plouaret.
Après le parachutage d’armes du 3 mars 1944 à Maël-Petivien (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), le groupe fut pourvu en armes et explosifs. Vint une période de formation à l’utilisation de tout ce matériel.
A la tête de son groupe il participa à de nombreux sabotages et surtout à plusieurs déraillements sur la voie ferrée Paris - Brest, sur les communes de Saint-Eloi, Louargat, Trégrom, Le Vieux-Marché et Plouaret. Cette voie de communication fut essentielle pour l’armée allemande, desservant la grande base navale de Brest (Finistère). Ces actions contre les voies ferrées se firent avec la complicité de cheminots de la gare de Plouaret.
Les premiers sabotages de voies ferrées se firent en démontant et ripant les rails à l’aide d’une clé à tire-fonds, ensuite le groupe pourvu en explosifs cela devint beaucoup plus discret, rapide, efficace et nécessitant moins de monde.
Les sabotages et déraillements de la voie ferrée Paris - Brest se succédèrent du 15 janvier au 15 avril 1944.
Le groupe fit dérailler à l’aide d’explosifs un train de soldats allemands le 22 avril 1944 à Keranfiol en Louargat (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) avec Marcel Hamonou, Jules Blanchard et Alexis Quérrec.
Les multiples sabotages dans le secteur de Plouaret firent réagir les Allemands.
Préssentant d’être arrêté, il s’aménagea une cache dans un talus à quelques centaines de mètres de son domicile, sa soeur Thérèse lui apportant à manger sur place.
Le 23 avril 1944, les militaires allemands firent une grande opération de police dans le secteur de Plouaret, il échappa de peu à l’arrestation, mais sept de ses camarades Eugène Daniel, Arsène Faujouron, Joseph Hénaff, Léon Le Guerson, Auguste Le Pape, Pierre Menou et Auguste Pastol furent arrêtés, martyrisés, condamnés à la peine de mort et fusillés le 6 mai 1944 au stand de tirs des Croix en Ploufragan, Leurs noms figurent sur Le Monument des fusillés, Zoopôle des Croix en Ploufragan.
A la fin du mois d’avril 1944, le premier maquis fut mis en place à Trégrom.
Sa sœur Thérèse lui sauva la vie lorsque les allemands vinrent pour l’intercepter à son domicile, elle eut le temps de lui crier en breton de partir alors qu’il cassait du bois dans un champ voisin, Thérése fut battue en cette occasion.
Le 23 mai 1944, Yves Trédan avec François Tassel et Marcel Diguerher allèrent en camion envoyer des armes à un groupe de FTP du secteur de Noyal (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), distant de 90km de la base de Kerguiniou en Ploubezre. Ce jour là le maquis de Kerguiniou fut surpris par l’arrivée de feldgendarmes venus de Plouaret, deux FTP, Yves Le Cudennec et Amédée Prigent furent tués au cours d’un combat, un troisième Yves Derriennic fut blessé, arrêté puis massacré le 11 juillet 1944 à Malaunay en Ploumagoar (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). Un jeune réfractaire FTP de Ploubezre qui révéla aux allemands l’emplacement du maquis fut à l’origine de l’arrivée de ceux-ci. Au retour de leur mission ils furent prévenus à temps ne tombèrent pas dans le piège. Une stèle rappelle cet événement tragique.
Dans la nuit du 22 au 23 juin 1944, le groupe participa à un parachutage d’armes et matériel divers aux environs du manoir de Coadélan en Prat (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Dans la nuit du 1er au 2 juillet 1944, le groupe participa à un parachutage d’armes dans le secteur de Prat et Cavan.
Le 3 juillet 1944, le maquis de la compagnie "La Marseillaise" fut attaqué, deux membres du groupe furent tués : François Géron et Georges Le Du à Kerboriou en Pluzunet.
Dans la nuit du 28 au 29 juillet 1944, le groupe participa à un parachutage d’armes à Kerglas en Prat.
Ces armes furent transportées par des charrettes de cultivateurs, mise en lieu sur et réparties par la suite entre différents groupes.
Le 4 août 1944, Plouaret fut libéré, 2 russes furent tués et 9 autres faits prisonniers..
Le 6 août 1944, des membres du groupe en patrouille à la recherche de militaires allemands furent surpris par un camion à bord duquel se trouvèrent des Allemands, au cours d’un échange de coups de feu, plusieurs ennemis furent blessés ou tués, mais Joseph Nédelec grièvement blessé, succomba le jour même à l’hôpital de Lannion.
Les groupes de "La Marseillaise" participèrent à la Libération du secteur de Lannion du 6 au 10 août 1944, certains continuèrent jusqu’à la Libération de Tréguier, Lézardrieux et Paimpol le 20 août 1944.
Après la Libération du département le 20 août 1944, Yves Trédan partit le 19 septembre 1944 avec ses camarades sur le front de Lorient (Morbihan) pour contenir les troupes allemandes retranchées dans la ville et ses alentours.
Affaiblit par la maladie, il fut contraint de rentrer chez lui pour y suivre des soins adaptés à son état.
Durant sa convalescence Yves Trédan rédiga un recueil des actions menées par "La Marseillaise" et fit un inventaire des effectifs, compagnie par compagnie. Ce recueil fut transmis à l’ANACR par sa soeur Thérèse.
Malgré des soins, Yves Trédan décéda en 1951 d’une tuberculose, contractée suite à la vie de clandestin qu’il fut contraint de mener, il avait 28 ans, il fut un responsable très estimé par ses camarades. Le souvenir d’Yves Trédan est resté très marqué dans le secteur de Plouaret.
Son nom figure sur La plaque d’Yves Trédan, les Sept-Saints en Le Vieux-Marché, sur La plaque d’Yves Trédan, cimetière de Vieux-Marché,

Une école de Vieux-Marché porte le nom d’Yves Trédan.

Il fut inhumé au cimetière de Vieux-Marché.

Témoignage de Thérèse Trédan sœur d’Yves Yredan

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article205193, notice TRÉDAN Yves, Marie par Serge Tilly, version mise en ligne le 13 décembre 2019, dernière modification le 23 juillet 2021.

Par Serge Tilly

SOURCES : recueil d’Yves Trédan remis à l’ANACR, archives personnelles de Armand Tilly et de Marcel Diguerher. — "Mémoire d’un Partisan breton" Louis Pichouron "commandant Alain". — Témoignage de Thérèse Trédan recueilli à son domicile à Brest en 2000. — Archives Départementales des Côtes d’Armor.

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