VOLLAIRE Ernest, Marcel, André

Par Jacques Girault, Gérard Leidet

Né le 19 juin 1901 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 11 décembre 1982 à Marseille ; instituteur, maître de cours complémentaire ; militant du SNI, secrétaire général adjoint de la section des Bouches du Rhône (1937-1938) ; Résistant ; militant du Mouvement de la Paix.

Fils d’Auguste Vollaire, douanier, et de Marie Clavel, sans profession, Ernest Vollaire devint instituteur. Marié à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) le 12 août 1928 à Marie-Louise Latil, institutrice, père d’un enfant, il enseignait à Marseille, à l’école de garçons de la rue Hesse puis à l’école de garçons de Saint-Marcel (XIe arr.). Il devint ensuite, en 1936, maître de cours complémentaire aux Chartreux (IVe arr.) où il eut comme élève, dans les années 1950, François Walger*, futur secrétaire général du SNI et de la FEN des Bouches-du Rhône qui lui rendit souvent hommage pour ses qualités de professeur de Français et son passé de Résistant.

Ernest Vollaire adhéra en 1923 au Syndicat national, affilié à la CGT à partir de 1925. Membre du conseil syndical, il devint en novembre 1934 secrétaire adjoint de la section départementale, responsable du bulletin, en remplacement de Gilbert Mouton, qui prit en charge le secteur des sous-sections. Au lendemain du 6 février 1934, il s’adressa dans le bulletin aux instituteurs des Bouches-du-Rhône pour les inviter à rejoindre la Fédération des officiers de réserve républicains.

En octobre 1935, Ernest Vollaire était secrétaire de la commission propagande de la section départementale, aidé dans cette tâche par Raymonde Jaubert, secrétaire adjointe pour la publication de La Terre libre. Les autres membres de cette commission étaient : Bard, Lucien Bernard, Buon, Ernest Margaillan, Gilbert Mouton, Louis Planel et Roger Ponson. Il participait également à la commission pédagogique animée par Vielmas*.

Lors de l’unification syndicale de la fin de 1935, Ernest Vollaire fit partie du bureau provisoire du Syndicat unique des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône, toujours responsable du bulletin. Dans la même période, il participa à la création du syndicat départemental de l’enseignement des Bouches-du-Rhône, section de la Fédération générale de l’enseignement (FGE-CGT) qui regroupait les enseignants du Primaire, Primaire supérieur, Technique, Secondaire et Supérieur dans le nouveau contexte unitaire du mouvement syndical. Élu au conseil syndical de la FGE lors de l’assemblée générale du 14 novembre 1935, il fut réélu lors des assemblées générales de 1936, 1937 et 1938. Il fit partie de deux commissions d’études : “pédagogique“ (avec Lieutaud, secrétaire, Allemand, Cayssials, Bens, Béros, Laville, Peyron, Vailhen et Vielmas) et “Éducation sociale“ (avec Jaume, secrétaire, Bernard, Labeille, Malosse, Rigolot, et Péretti).

A la réunion de la commission exécutive du 23 janvier 1936, Ernest Vollaire présenta un rapport très fouillé concernant le bulletin mensuel. Ce travail de synthèse faisait suite à une enquête adressée par le Syndicat aux « camarades ruraux » du département. Au-delà d’aspects formels (décoration et couleur de la couverture) ou de questions de fond (rubriques, distribution repensée des responsabilités, tribunes libres et rubrique « sons de cloches » etc.), il suggéra de nombreuses solutions retenues par la commission, notamment le titre du bulletin : « Syndicat Unique des institutrices et instituteurs », en lieu et place de « Bulletin du Syndicat national des institutrices et instituteurs de France et des colonies ». Ce dernier point mettait en évidence l’unité enfin réalisée entre instituteurs de la fédération unitaire de l’enseignement (CGTU) et ceux du SN (CGT).

L’assemblée générale de l’Union locale CGT ayant décidé de créer quatre commissions, la CE du SNI du 17 mars 1938 désigna Ernest Vollaire pour représenter le syndicat à la commission « coût de la vie ». Lors de la réunion du CE du 16 juin 1938 qu’il présida, il fut désigné - ainsi que Marc Bernardini et Marcel Bens - par le secrétaire général Louis Malosse pour représenter le SNI à la CA de l’union locale CGT.

Dans le cadre du congrès départemental du 7 juillet 1938 qui se tint à la nouvelle Bourse du Travail, Ernest Vollaire présenta le rapport sur le régime des congés dans l’enseignement primaire (« congés pour convenances personnelles ; congés pour éviction et pour couches ; congés pour tuberculose ou maladies mentales »). Il participa ensuite au congrès national de Nantes et en rendit compte dans le bulletin départemental. Il rappela l’intervention très appréciée du secrétaire général André Delmas relative à la revalorisation des traitements, et de leur assimilation à celle des officiers subalternes. Il évoqua aussi cet amour de la paix que Delmas sut, selon lui, traduire en termes élevés : « Les instituteurs sont pacifistes, profondément pacifistes ; […]. Sauver la paix pour nous, ce n’est pas sauver le pacifisme et la doctrine pacifiste, c’est sauver la vie des hommes ».). Mais surtout, il exprima ses craintes concernant la création de minorités dans le syndicat. Si la masse des adhérents pouvait paraître sage, « sans trop de mordant », par ailleurs, les militants plus actifs, plus intransigeants dans leur idéal et leurs exigences pouvaient rendre de réels services au syndicat en « l’empêchant de s’engourdir ». Ils pouvaient alors, selon Ernest Vollaire, être stimulants pour l’organisation syndicale à une condition cependant : « […] ne pas tomber dans un sectarisme intransigeant ou dans une démagogie malfaisante en attaquant méthodiquement le syndicat national plutôt que [les] adversaires extérieurs ».
 
En novembre 1937, Ernest Vollaire devint secrétaire général adjoint de la section syndicale. Il conserva cette responsabilité jusqu’en novembre 1938 ; il fut alors remplacé dans cette fonction par Irma Rapuzzi. Dans une déclaration commune avec Marc Bernardini*, secrétaire administratif, candidat aux élections au Conseil départemental de l’enseignement primaire, il fut élu le 5 avril 1938 en obtenant 660 voix (sur 954 inscrits et 826 votants), ainsi que Bernardini (636 voix). Du côté des institutrices, Mme A Févat et Raymonde Jaubert furent élues avec un total respectif de 1 376 et 1 375 voix (sur 2 103 inscrites et 1 629 votants), les autres candidat(e)s issu(e)s de l’Union nationale obtenant entre 45 à 186 voix.

Gréviste le 30 novembre 1938, Ernest Vollaire fut sanctionné d’une retenue de huit jours de salaire. Il approuva la campagne du SNI contre la guerre à l’automne 1938.

Mobilisé en août 1939 comme lieutenant au 242e RACP, prisonnier à l’Ofalg VI C, libéré, il reprit son activité enseignante à Marseille et participa à la vie syndicale clandestine. Membre de la commission exécutive du syndicat à la Libération, il présenta un amendement dit « amendement Vollaire » excluant la grève comme action possible dans le syndicat. Il ne se présenta pas aux élections des instances dirigeantes du syndicat en 1945 qui portèrent Georges Cheylan et Edouard Sicard à la tête d’une nouvelle équipe syndicale structurée autour de la section des Bouches-du-Rhône du Front national de l’enseignement et du Comité national des instituteurs.

Dans les années 1950, Ernest Vollaire fut désigné par le SNI pour siéger au comité technique paritaire départemental. Après sa retraite, au début des années 1960, il milita dans le Mouvement de la Paix et fut membre de son conseil national. Il fut ensuite, dans les années 1970, le secrétaire départemental de la Fédération générale des retraités civils et militaires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180501, notice VOLLAIRE Ernest, Marcel, André par Jacques Girault, Gérard Leidet, version mise en ligne le 8 mai 2016, dernière modification le 26 mai 2016.

Par Jacques Girault, Gérard Leidet

SOURCES : Arch. Nat., 581AP/119. — Presse syndicale. — Renseignements fournis par l’intéressé à Jacques Girault en 1976. — Bulletin du syndicat national des institutrices et instituteurs de France et des colonies (années 1934-1936) - section des Bouches-du-Rhône ; puis Bulletin du syndicat unique des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône - section départementale du syndicat national (années 1936-1939). — L’Université, bulletin trimestriel du syndicat départemental de l’enseignement des Bouches-du-Rhône- section de la FGE (années 1936-1939). — Témoignage de François Walger, 4 mai 2016.

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