TELEKI SÁNDOR József János (comte)

Par Gauthier Langlois

Né le 27 janvier 1821 à Kolozsvár dans l’Empire d’Autriche, aujourd’hui Cluj-Napoca (Roumanie), mort le 18 mai 1892 à Nagybánya en Autriche-Hongrie, aujourd’hui Baia Mare (Roumanie) ; homme politique, militaire et révolutionnaire hongrois, il a participé à la seconde guerre carliste en Espagne, à la révolution hongroise en 1848, à l’unification de l’Italie aux côtés de Garibaldi. Pendant son exil à Jersey et Guernesey il était un familier de Victor Hugo.

Sandor Teleki en costume de paysan hongrois photographié par Charles Hugo à Jersey en 1853 (Source BNF. Voir Vacquerie, Profils et grimaces)
Sandor Teleki en costume de paysan hongrois photographié par Charles Hugo à Jersey en 1853 (Source BNF. Voir Vacquerie, Profils et grimaces)

József Teleki Sándor (appelé par les français Alexandre Téléki) appartient à une famille de la haute aristocratique hongroise. Il est le fils du comte János Teleki (en français Jean Téléki, 1792-1860), chambellan de l’empire autrichien et d’Erzsébet Mikes (en français Élisabeth Mikès), comtesse de Zaloba (1802-1882).

Il a grandi jusqu’à l’âge de dix dans le village de Sándor Teleki, à Nagysármás, en Transylvanie. Après le lycée de Kolozsvár il a fait des études de droit dans les universités allemande de Berlin, Halle, Iéna et Breslau (actuellement Wrocław en Pologne).

Suite à sa rencontre rencontre le prince Felix von Lichnowsky, ancien général carliste, il participa à la deuxième guerre carliste du côté du prétendant Charles VI. Fait prisonnier par les troupes de la reine Isabelle II à Barcelone, il ne dut la vie sauve qu’à l’intervention du consul de France Ferdinand de Lesseps. Revenu à Berlin pour achever ses études, il se lia d’amitié avec le compositeur Franz Liszt en compagnie duquel il se rendit en Russie puis à Paris. Après son retour il fut élu député au parlement de Transylvanie où il se posa en porte parole du peuple, soutenant l’abolition du servage et les nationalistes roumains.

En 1848 il participa au Printemps des peuples en soutenant la révolution hongroise contre l’Autriche et fut élu député de Pest au parlement de Hongrie. Puis il fut choisi, avec le grade de colonel, pour diriger l’armée hongroise de Transylvanie qui se battait contre les nationalistes roumains. Prisonnier, il parvint à s’échapper et rejoignit Constantinople via Belgrade. Suite à l’échec des révolutions hongroises et roumaines en 1849, il fut condamné à mort par contumace par un tribunal militaire autrichien et ses biens lui furent confisqués.

Réfugié en France il fut contraint à l’exil après le coup d’État du 2 décembre 1851, il accompagna Victor Hugo à Jersey. Familier de l’écrivain, il fréquente sa résidence de Marine Terrace où il se faisant photographier dans des costumes hongrois par Auguste Vacquerie et Charles Hugo. Intéressé par le spiritisme, il participait avec Victor Hugo et sa famille aux séances de table tournante chez Edmond Le Guével et sa femme Rose.

À Jersey il fut l’un des membres les plus actifs de la proscription. Malgré la confiscation de ses biens il gardait suffisamment de revenus pour aider les proscrits et employer les services d’une domestique. En renvoyant celle-ci il provoqua toute une affaire. Le proscrit Charles Heurtebise, qui se rendrait clandestinement en France, fut reconnue par la domestique à Port-Bail (Manche). Il y fut arrêté le 20 avril 1854 et accusa celle-ci de l’avoir dénoncé.

Teleki participa aux les obsèques d’Hélain-Dutaillis au cimetière de Green Street à Saint-Hélier, le 9 avril 1853.

Il fut l’un des fondateurs, le 30 novembre 1853, de L’Homme, journal de la Démocratie Universelle, à l’occasion du 23e anniversaire de la Révolution de Pologne. Il était à la commission du banquet présidé par Alphonse Bianchi avec les polonais Albert Schmitz et Zéno Zwietoslawski, l’italien Mazzolini, les français Fulbert Martin et Léon Martin. Après des discours du général lituanien Bulharin, du polonais Jancewitz, du romain Louis Pianciani, du jersiais Wellmann, des français Joseph Cahaigne, Jean-Claude Colfavru, Benjamin Colin, Xavier Durrieu, Pierre Leroux et d’un pasteur protestant, Victor Hugo évoqua le dilemme de l’heure : « Europe républicaine ou Europe Cosaque » : « Toutes les nations qu’on croyait mortes relèvent la tête... saluons l’aube bénie des États Unis d’Europe » ; il concluait « Vive la République Universelle ! » quand A. Bianchi répondit : « Oui, la République sera universelle, à la condition d’être démocratique et sociale » et « pour en faire la base de la grande alliance des peuples, le critérium, je l’appelle l’Émancipation du travail et des travailleurs ».

Avec Victor Hugo, Albert Barbieux, le docteur Jacques Barbier, l’italien Pianciani, le polonais Zuno Swietoslawski il fit partie de la commission des proscrits de Jersey qui rédigea, en mai 1854, un appel aux « Républicains restés dans (leurs) patries, concitoyens de la République universelle », sollicitant leurs dons pour secourir les exilés les plus démunis : « En les affamant, on espère les dompter ».

Il fit partie des 36 proscrits qui signèrent, le 17 octobre 1855, la protestation rédigé par Victor Hugo contre l’expulsion de Jersey de Charles Ribeyrolles, du colonel Louis Pianciani et de Philippe Thomas. Cette signature lui valu, comme tous les autres, l’expulsion de l’île. Il suivit alors la famille Hugo à Guernesey et devint un visiteur régulier de leur résidence Hauteville House.

Il se maria à Londres le 20 janvier 1856 avec lady Jane Bickersteth-Harley (1836-1870), fille unique de lord Bickersteth, de laquelle il divorcera deux ans plus tard. Il quitta Guernesey pendant dix mois pendant lesquels il se rendit à Constantinople. Selon Cédric Bail et Stéphanie Duluc « De retour sur l’île en février 1858, il rapporte à Victor Hugo huit panneaux persans, un bout de colonnette noire du Parthénon et un morceau de marbre de la prison de Socrate que Teleki a cassé lui-même ».

Il quitta définitivement Guernesey en mars 1858 afin de s’engager auprès de Giuseppe Garibaldi qu’il rejoignit à Nice et participa à ses côtés, avec le grade de général, à l’ « Expédition des Mille » à la conquête du royaume des Deux-Siciles.

Revenu un temps en France il y épousa, en 1860, Mathilde Maria Litez-Tiverval (1836-1910) fille du contrôleur des douanes français Philippe Rose (1801-1859 ) et de la britannique Harriett Oxley (1802-1887). De cette union naquirent trois garçons et une fille : Sándor à Paris en 1861, László et János en Italie en 1863 et 1868, Blanka à Nagybánya en Hongrie.

Suite au compromis austro-hongrois de 1867 il fut amnistié, rentra en Hongrie, retrouva son siège au parlement hongrois et ses biens.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229950, notice TELEKI SÁNDOR József János (comte) par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 9 juillet 2020, dernière modification le 9 janvier 2021.

Par Gauthier Langlois

Sandor Teleki en costume de paysan hongrois photographié par Charles Hugo à Jersey en 1853 (Source BNF. Voir Vacquerie, Profils et grimaces)
Sandor Teleki en costume de paysan hongrois photographié par Charles Hugo à Jersey en 1853 (Source BNF. Voir Vacquerie, Profils et grimaces)
Teleki en général italien. (Source : Wikipedia)
Teleki en général italien. (Source : Wikipedia)
Teleki en uniforme hongrois. (Source : Bildarchiv Austria)
Teleki en uniforme hongrois. (Source : Bildarchiv Austria)
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