MAILLARD Fernand, Albert dit MASCRET

Par Daniel Grason

Né le 1er mai 1913 à Sainte-Geneviève (Oise), mort le 31 octobre 1998 à Toulon (Var) ; tourneur sur métaux ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant ; déporté à Buchenwald (Allemagne).

Fernand Maillard
Fernand Maillard

Fernand Maillard obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. Militant communiste, il s’engagea dans les Brigades internationales en Espagne. Rapatrié en novembre 1938, il était noté comme un non militant qui nécessitait une enquête. Il vivait avec son amie au 2, rue Gustave Rouanet à Paris (XVIIIe arr.). De la classe 1933, il a été mobilisé, puis affecté spécial le 12 novembre 1939.
En 1942 Fernand Maillard travailla chez Fenwick rue des Godillots à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis). Il quitta cette usine pour l’AMCD au 5, rue Pleyel à Saint-Denis. Au début de sa filature, très actif, les policiers étaient persuadés qu’il s’agissait d’un dirigeant. Il rencontrait régulièrement Louis Héracle qui vivait 45, rue de Clignancourt à Paris (XVIIIe arr.). Ce dernier était filé à la sortie des usines Alsthom à Saint-Ouen où il était contrôleur.
Fernand Maillard, était observé le 7 février 1942 à 18 heures 15 à l’angle des rues de la Chapelle et des Godillots, il rencontra Cendré qui vivait à Clichy, il venait à pied de la porte de Clignancourt. Ils causèrent une vingtaine de minutes puis se séparèrent.
À 18 heures 10, le 12 février à l’angle des rues de la Chapelle et Auguste-Blanqui à Saint-Ouen, il rencontra Marcel Duchet qui vivait au 5 de la rue Blanqui, et un homme à vélo qui n’a pas été identifié. Ils parlèrent quelques minutes. Maillard le quitta pour se rendre, à la salle de la Justice de Paix à la Mairie de Saint-Ouen où il assista à la réunion hebdomadaire de la Chambre Syndicale. Il rentra à son domicile à 21 heures.
Maillard sortit de son usine le 24 mars à 18 heures 10, il rencontra à l’angle des rues Jean-Baptiste Clément-Mariton à Saint-Ouen Marcel Duchet qui vivait au 5 rue Blanqui, Jean Doutre à bicyclette 1210 R.G.7 et un homme non identifié qui arriva à pied avec Duchet qu’il quitta avenue Michelet à l’angle de la rue des Rosiers.
Le 9 avril 1942 Maillard sortait de son atelier de la rue de la Chapelle à 18 heures 05. À la hauteur du n° 105, il rencontra Héracle qui vivait au 45, rue de Clignancourt à Paris XVIIIème arrondissement. Ils firent une halte au Bar Audonien au n° 81, consommèrent, sortirent dix minutes après. Maillard alla à la mairie de Saint-Ouen où il assista à sa réunion hebdomadaire, il rentra chez lui à 20 heures 30.
Quant à Héracle il alla porte de Clignancourt, et à l’angle des rue Championnet et Letort, rencontra Alezard dont le domicile n’était pas connu. Tous les deux firent de nombreux va-et-vient et à l’angle du boulevard Ornano et de la rue Ordener, s’arrêtèrent une quinzaine de minutes. Ils se quittèrent à Château-Rouge et Héracle remettait des papiers à Jean Alezard. Le domicile d’Héracle a été repéré, il vivait 45 rue de Clignancourt (XVIIIe arr.).
Les 11 et 12 avril Maillard se promena dans les rues de son arrondissement sans rencontrer personne. Le 13 avril il quitta son atelier en compagnie de Querrach un collègue, ils rencontrèrent Duchet qui les quitta. Dans la rue de la Chapelle, Louis Héracle les attendait. Tous les trois gagnèrent à pied le boulevard Jean-Jaurès, à l’angle de la rue du Landy, ils quittèrent Querrach.
Maillard et Héracle allèrent Porte Clignancourt à pied, ils rencontrèrent Jean Alezard. Tous trois empruntaient les rues Letort, Joseph Dijon, le boulevard Ornano et Barbès. Les trois hommes étaient sur leurs gardes, un policier nota qu’ils se retournaient « continuellement ». Maillard les quitta et rentra chez lui.
Le 14 avril Maillard sortit de son atelier à 18 heures 05, il se rendit rues Mariton et Jean-Baptiste Clément où il rencontrait habituellement d’autres militants. Il attendit une quinzaine de minutes, puis rentra à son domicile. Il en ressortit quelques minutes plus tard, se rendit dans les rues Marcadet et Francoeur dans le XVIIIe arrondissement. Un policier nota qu’il se retournait « fréquemment et essayant à plusieurs reprises de nous dépister. » Il rentra chez lui à 20 heures 30. Le 15 avril à 18 heures 05, Maillard se rendit dans les rues Mariton et Jean-Baptiste Clément à Saint-Ouen. Il ne rencontra personne, rentra chez lui.
Le 17 avril Fernand Maillard sortit de son atelier à 18 heures 10, il rencontra rue Godillot Louis Kochler qui demeurait 9 rue Kléber à Saint-Ouen, et un cycliste (Louis Héracle). Le 20 avril il était pris en filature à 18 heures 10. En compagnie de Roger Querrach, il se rendit rue des Rosiers à Saint-Ouen à l’angle de la rue Jean-Baptiste Clément à Saint-Ouen. Héracle vint, Querrach les quitta. Par la rue des Rosiers tous deux allèrent jusqu’à la porte de Clignancourt, Maillard rentra chez lui.
Fernand Maillard sortit de chez Fenwick, le 23 avril, à 18 heures 05, il alla au café Au Bon Coin, au 81 rue de la Chapelle à Saint-Ouen. Il y rencontra Roger Benoist et Pierre Pouzol d’Argenteuil.
Le 8 mai 1942, il rencontra un homme à la Porte de Paris à Saint-Denis, il ne fut pas identifié. À partir du 12 mai pendant une quinzaine de jours Maillard se rendit en compagnie d’un collègue d’atelier, Jean Clairet à la porte de Clignancourt. Clairet habitait le quartier au 32 rue du Simplon. Sur le marché de la rue du Poteau Maillard croisa Héracle le 17 mai.
À plusieurs reprises, il était vu avec Doutre. La surveillance de ses militants fut interrompue un mois, les inspecteurs étant affectés à d’autres surveillances. Le 11 juin 1942 les filatures reprenaient, le 21 Roger Grellat objet des surveillances était interpellé en flagrant délit de vol d’une bicyclette sur la voie publique.
Lors de la perquisition domiciliaire chez Maillard des documents du Parti communiste de la région Paris Nord furent saisis. Son nom et ceux de Jean Doutre, Louis Héracle, Roger Querrach et Parfait étaient relevés. Dès le lendemain, les arrestations eurent lieu.
Interpellé à son domicile, il a été interrogé dans les locaux des Brigades spéciales. Lors de son interrogatoire, d’emblée il affirma « Je n’ai jamais appartenu à l’ex-Parti communiste. Je prétends ne pas m’occuper de la question politique. »
Un inspecteur lui demanda pourquoi son nom figurait sur un document saisi chez Grellat en tant que « militant ayant suivi une école de section » et qu’il avait « le numéro 310 dans le premier secteur ». Il affirma qu’il ne connaissait pas Grellat. Sur papier figurait son nom de guerre « Mascret », il joua l’étonné « Je ne vois pas pourquoi mon nom figure sur ce document. » Et le numéro de L’Humanité de juin 1942 ? demanda un inspecteur Il rétorqua imperturbable « Je venais justement de trouver ce tract, il y avait un quart d’heure, lorsque j’ai été arrêté. Je l’ai ramassé sur la voie publique. »
Un inspecteur lui égrena tous ses rendez-vous qui avaient été notés dans les rapports de filatures. Il répondit sobrement « C’était dans le but de nous entretenir de questions syndicales. C’est tout ce que je puis dire. » Et les rencontres avec Marcel Duchet... « Nos rencontres n’ont eu pour objet que des questions strictement syndicales. »
Emprisonné, Fernand Maillard comparut le 12 juin 1943 devant la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris en compagnie notamment des résistants impliqués dans la même affaire : Louis Bougon, Armand Wade, Roger Recouret, Maurice Favre, Jeanne et Pierre Pouzol, Louis Héracle et Émile Pelletier. Il fut condamné à trois ans de prison et 1 200 francs d’amende.
Le 12 mai 1944 il était dans le convoi de 2073 hommes qui parti de Compiègne à destination de Buchenwald en Allemagne, 14 d’entre eux moururent lors du transport et 789 au camp de concentration.
Fernand Maillard participa aux actions de solidarité à l’intérieur du camp qui étaient autant d’actes de résistance à la barbarie. Le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Le Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité précisa Olivier Lalieu dans son ouvrage La zone grise ? La résistance française à Buchenwald.
Dans 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »
Fernand Maillard a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).
Il mourut à l’âge de 85 ans le 31 octobre 1998 à Toulon dans le Var.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235897, notice MAILLARD Fernand, Albert dit MASCRET par Daniel Grason, version mise en ligne le 24 décembre 2020, dernière modification le 24 décembre 2020.

Par Daniel Grason

Fernand Maillard
Fernand Maillard

SOURCES : Arch. RASPI Mfm 545.6.45, Mfm 545.6.1039 n° 4033 BDIC Nanterre. – Archives nationales AN Z-4-80 dossier 536. – Arch. PPo. BA 2056. – Bureau Résistance GR 16 P 384607. – Site internet Match ID. – AD Oise naissance 3 E575/25 (non numérisé). – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.

Photographie : Arch. PPo. GB 159 (D.R.)

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