GÉLY Fernand, Joseph

Par André Balent

Né le 24 août 1900 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 10 novembre 1974 à Perpignan ; charcutier ; militant communiste des Pyrénées-Orientales ; conseiller municipal de Perpignan (1937-1940, 1944-1947).

Fernand Gély était le fils d’Armand, Auguste Gély, employé de commerce à Perpignan, et de Marie Angélique Adgé, âgés respectivement, en 1900, de vingt-huit et vingt-neuf ans. Lorsqu’il était âgé de six ans, il vint, avec sa famille, vivre à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Son père, devenu ouvrier agricole chez un propriétaire de vignes royaliste, L’Héritier, devint rapidement un militant de l’importante section socialiste de Rivesaltes (voir Armand Gély).

Fernand Gély fréquenta l’école primaire puis le cours complémentaire pendant deux ans. La mobilisation de son père et de son frère interrompit ses études.

Fernand Gély se maria à Rivesaltes le 8 juin 1920 avec Marie, Éléonore Triquère, employée d’alimentation.

Enfant, il fut influencé par l’ambiance très particulière du « milieu » socialiste rivesaltais que son père fréquentait étroitement. La maison paternelle était le lieu de rendez-vous de nombreux militants, parmi lesquels les dirigeants départementaux comme Jean Payra*, Lucien Deslinières*, Claude Risal*, Alfred Soubielle*, ou même nationaux comme Marcel Cachin. Fernand Gély se lia d’amitié avec le fils d’un autre militant socialiste, Émile Dardenne. Pendant son enfance il vécut très intensément les luttes des socialistes rivesaltais, émaillées de multiples péripéties (événements de 1907, élections municipales mouvementées de 1912 où la section socialiste emporta la mairie de haute lutte).

Fernand Gély quitta Rivesaltes en 1919. Tant dans l’entre-deux-guerres qu’après 1945, il changea plusieurs fois de domicile. S’il vécut parfois à Perpignan (Pyrénées-Orientales) il quitta plusieurs fois cette ville pour s’installer dans des départements – nous ignorons lesquels – du nord de la France où il travailla dans les douanes à Willems. Il revint rapidement en Catalogne.

Fernand Gély, qui exerçait la profession de charcutier, adhéra au Parti communiste en 1925.

Dans les années 1930 il vivait à Perpignan. Pendant plusieurs années il travailla comme charcutier au groupement d’achats, « l’Abeille d’or ». Entre 1936 et 1939, Fernand Gély s’affirma comme un des dirigeants du Parti communiste à Perpignan. Le 5 décembre 1937 il fut réélu au comité de la Région catalane du Parti communiste et il fut élu membre du bureau régional par le comité régional réuni à la mairie d’Estagel le 1er janvier 1939. Le bureau régional le désigna comme responsable de l’action municipale du PC. Entre 1936 et 1938, Fernand Gély était secrétaire adjoint de la section locale des Amis de l’URSS, le secrétaire étant Paul Combeau. Au début de 1939, Fernand Gély était en outre secrétaire de la section de Perpignan du Parti communiste.

Fernand Gély fut élu avec Michel Athiel conseiller municipal de Perpignan lors d’une élection complémentaire (20 et 27 juin 1937). Au premier tour, les deux candidats du Parti communiste affrontèrent trois autres listes : radicale-socialiste, socialiste SFIO, extrême-droite (coalition du PPF et du PSF). Fernand Gély obtint pour sa part 2 485 voix. Les candidats du PPF et du PSF recueillirent 2 891 suffrages. Au second tour, Fernand Gély et Michel Athiel durent faire face à Jalbert et Sola, candidats du PPF soutenus par le PSF. Ils obtinrent respectivement 5 244 et 5 247 voix, contre 4 513 à Jalbert et 4 514 à Sola. Le 14 septembre 1937, Fernand Gély fut élu secrétaire adjoint du comité local de Rassemblement populaire. En 1938, il fut chargé de s’occuper de la Fédération des municipalités ouvrières et paysannes des Pyrénées-Orientales.

Vers le mois de mai 1938, une crise semble avoir surgi au sein de la section de Perpignan du Parti communiste. Des militants exclus (voir Paul Holl*) adhérèrent aussitôt au PSF. Quel crédit peut-on accorder aux propos d’Henri Castaing, commissaire divisionnaire de la Police spéciale de Perpignan, qui écrivait le 14 mai 1938 dans un rapport au préfet : « […] Parmi les principaux communistes du département ayant l’intention d’abandonner leur parti et d’adhérer au PSF, on cite MM. Terrat*, Marcé et Gély. On ajoute que ce dernier serait déjà au PSF s’il n’était investi d’un mandat électoral. » On peut, semble-t-il, affirmer que des militants comme Pierre Terrat* ou Fernand Gély n’ont cédé en aucun moment aux sirènes d’un populisme de coloration fasciste. D’ailleurs aucun de ces militants n’adhéra ni au PSF ni au PPF (alors assez actif dans les Pyrénées-Orientales). Il n’en demeure pas moins que nombre d’entre eux appréciaient peu les méthodes de direction, imposées depuis Paris ou Albacete par l’illustre Catalan qu’était André Marty. Ces « flottements », constatés en mai 1938, traduisaient vraisemblablement un mécontentement manifesté par des dirigeants et des militants de la Région catalane du Parti communiste.

Fernand Gély demeura donc dans les rangs communistes et fut, jusqu’en août 1939, un des rédacteurs de l’hebdomadaire régional, Le Travailleur Catalan. Le 13 août 1938, il publia notamment un article sur le sculpteur Célestin Manalt dont il était devenu l’ami en 1937.

En septembre 1939, Fernand Gély fut mobilisé dans la 16e compagnie d’artillerie, stationnée dans le département de l’Aveyron. Il était détaché, le 2 mars 1940, en sa qualité de charcutier, à Capdenac (Aveyron), à l’usine des établissements « Raynal & Roquelaure » spécialisés dans la fabrication de plats cuisinés en conserves. Il fut inscrit sur la liste des « suspects du point de vue national » dressée en novembre 1939, plus précisément à l’occasion de la dissolution du Parti communiste. Il fut déchu le 20 mars 1940 de son mandat de conseiller municipal de Perpignan, en application de la loi du 20 janvier 1940 concernant les élus du Parti communiste. Le 30 octobre 1939, il versa à la Caisse autonome de la Défense nationale la somme de 1 018 F., produit d’une tombola organisée par les « amis de l’URSS ».

Démobilisé après l’armistice, Fernand Gély regagna Perpignan. Il semble qu’il ait participé à l’action clandestine du Parti communiste pendant les premiers mois d’existence du régime de Vichy. Le 11 décembre 1940, le commissaire central de Perpignan, dans un rapport au préfet des Pyrénées-Orientales, s’étonnait qu’« après des inscriptions de propagande communiste [à Perpignan...], Fernand Gély, ex-conseiller municipal n’ait pas été envoyé dans un camp spécial ». Pourtant, dans un dossier de « suspects » politiques des Pyrénées-Orientales, il était signalé à l’attention du préfet que Fernand Gély avait « cessé toute activité politique à la signature du Pacte germano-soviétique ». Arrêté dès 12 novembre 1940 il fut libéré le 21 avril 1942. Il avait été interné au « centre de séjour surveillé » de Rivel (Aude) à compter du 2 mars 1940.

Au début de 1944, il adhérait au Front national. Sans doute était-il membre de cette organisation clandestine depuis quelque temps déjà puisque, le 24 janvier 1944, il faisait partie d’une délégation du « Front national » (comprenant en outre André Sola employé à l’hôpital et responsable départemental du « Front national », Vernet et l’abbé Marty, ancien professeur au collège congréganiste Saint-Louis-de-Gonzague à Perpignan) qui rencontra le chef départemental des MUR, Camille Fourquet, afin de lui faire des propositions pour la constitution du Comité départemental de Libération (CDL) qui furent refusées par ce dernier.

À compter du 5 septembre 1944, Fernand Gély siégea dans le conseil municipal provisoire mis en place à la suite de la libération de Perpignan, à partir du Comité local de Libération (CLL) élargi à quelques autres personnes. Lors des élections municipales générales des 28 avril et 13 mai 1945, il fut candidat à Perpignan sur la « liste commune républicaine et patriotique » conduite par Félix Mercader*. Cette liste comprenait des communistes comme Fernand Gély, Jean Batllo et Joseph Baurès. Mais elle englobait également des radicaux-socialistes, des militants de « Jeune République », des candidats issus des mouvements de Résistance (MLN, Front national), des adhérents de la SFIO comme Félix Mercader* ou Gabriel Delbreil qui ne se présentaient pas sur la liste constituée par leur parti. La « liste commune d’union républicaine et patriotique » fut élue en entier car la liste socialiste et radicale dut déclarer forfait (voir Camille Fourquet). Pour sa part, Fernand Gély obtint 11 378 voix. Il n’était plus candidat sur la liste présentée par le PC le 19 octobre 1947.

Fernand Gély vécut à Perpignan (du moins entre 1970 et 1974). Jusqu’à sa mort, il ne cessa de militer dans les rangs du PCF, mais ne joua plus aucun rôle important. Il fut un moment le correspondant pour les Pyrénées-Orientales du Patriote du Sud-Ouest (Toulouse).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49414, notice GÉLY Fernand, Joseph par André Balent, version mise en ligne le 12 mars 2009, dernière modification le 16 novembre 2021.

Par André Balent

SOURCES : RGASPI, 495 270 3914, autobiographie, Perpignan 22.10.38, classé A1. — Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, versement du cabinet du préfet (13 septembre 1951), liasse 169 (essentiellement : dissolution du Parti communiste, 1939-1940), liste des « suspects du point de vue national », déchéance des élus communistes ; liasse 186 (« suspects » d’avant 1940 A à L), dossier « Holl Paul », rapports du commissaire divisionnaire de police spéciale, Castaing Henri, au préfet, 14 et 19 mai 1938 ; versement du cabinet du préfet (16 septembre 1959), liasse 60 (personnes surveillées ou internées par le régime de Vichy), dossier « Gely Fernand », rapport du commissaire central de Perpignan au préfet des Pyrénées-Orientales ; 49 W 6, suspects G à M, Seconde Guerre mondiale. — Arch. Com. Perpignan, 1 D 144 ; état civil. — C. Fourquet, Le Roussillon sous la botte nazie. Années 1940 à 1944, manuscrit inédit dactylographié, Perpignan, s.d. [1959], p. 59. — Le Travailleur Catalan, hebdomadaire de la Région catalane du Parti communiste, 26 juin 1937, 3 juillet 1937, 18 septembre 1937, 11 novembre 1937, 19 mars 1938, 13 août 1938 et 7 janvier 1939 ; hebdomadaire de la fédération communiste des Pyrénées-Orientales, 18 octobre 1947. — Le Républicain (Perpignan), 9 septembre 1944, 29-30 avril 1945 et 5 mai 1945. — Georges Sentis, Les Communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales, Biographies, Lilles, Marxisme/Régions, 1994, p. 90. — Témoignages de Fernand Gély (1971) : écrit (concernant les années antérieures à 1919, Arch. privées André Balent) et oral (concernant ses relations avec Célestin Manalt). —Interview d’Émile Dardenne, militant du PCF à Rivesaltes.

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