JOUVESHOMME Antoine

Par Jean Maitron et Claude Pennetier

Né le 15 septembre 1888 à Saint-Germain-l’Herm (Puy-de-Dôme), mort le 10 janvier 1974 à Paris (XIVe arr.) ; instituteur ; militant socialiste dès 1914, puis militant communiste de Colombes (Seine), en rupture en 1928 ; secrétaire du syndicat de l’enseignement laïque de la région parisienne de 1918 à 1927 ; militant de la Fédération unitaire de l’enseignement puis du Syndicat national des instituteurs.

A sa sortie de l’École normale d’instituteur de Clermont-Ferrand en 1908, Antoine Jouveshomme fut nommé à Viverols (Puy-de-Dôme) et adhéra à l’Amicale des instituteurs. Pour permettre à ses trois soeurs de faire des études, il sollicita un poste hors de l’hexagone pour bénéficier d’un meilleur salaire. Il obtint un poste en 1910 au lycée Tereki à Salonique (Turquie) et en 1911 au lycée d’Alexandrie (Égypte). A son retour en France, il fut nommé en 1913 au groupe scolaire Henri Martin à Colombes (Seine) où il resta dix ans. En 1916, il quitta Paris pour se rapprocher de son poste et habita à Colombes puis à Bois-Colombes, ville qu’il quitta en 1928 pour habiter le XIVe arr.

Réformé du service militaire pour faiblesse de constitution, Antoine Jouveshomme fut maintenu dans cette position le 4 décembre 1914 par le conseil de révision de la Seine. Son frère fut tué le 24 août 1914. La police disait Jouveshomme membre de l’Union fédérale de transformation sociale et de la Société d’études documentaire et critique sur la guerre. Il était, en 1915 et 1918, secrétaire de la section socialiste de Colombes (Seine). Il devint le secrétaire de la section socialiste de Colombes le 15 février 1915. À ce titre, il invita Bourderon, représentant du Comité pour la reprise des relations internationales (dont il partageait l’orientation) à venir exposer la thèse zimmerwaldienne à une réunion le 30 janvier 1916. Sans doute garda-t-il cette fonction pendant plusieurs années car, peu après le congrès de Tours, l’Humanité du 21 janvier 1921 annonçait sa nomination au secrétariat de la section communiste de Colombes, entouré de Aufrère et Monier (secrétaire adjoint). Ses activités politiques devaient être discrètes si l’on en juge par un rapport de police du juin 1927 constatant : « l’enquête n’a pas établi qu’il soit adhérent au Parti communiste. Cependant ses opinions sont acquises aux doctrines de la IIIe Internationale car en maintes circonstances il s’est montré admirateur de la République des Soviets » (Arch. PPo. 50). Il fut pourtant désigné, en juillet 1924, comme secrétaire de la commission des enseignants communistes. Ceux-ci étaient au nombre de deux cents selon Joseph Rollo* qui avait constitué la commission et postulé à son secrétariat avant de se voir préférer Jouveshomme par le Bureau politique. Signataire en octobre 1925 de la Lettre au Comité exécutif de l’Internationale communiste, dite Lettre des 250, très sévère pour la direction du Parti communiste français, il quitta vraisemblablement ce parti avant 1929, date de la rupture des principaux dirigeants de la majorité de la Fédération unitaire de l’Enseignement.

Antoine Jouveshomme, instituteur à Paris (Ve arr.), puis à Nanterre, était surtout un syndicaliste. Franc-maçon (une lettre envoyée de Bois-Colombes le 10 décembre 1918, au préfet de la Seine, comportait les trois points maçonniques dans la signature) (il démissionnera de la Franc-maçonnerie par discipline), il devint secrétaire du syndicat de l’Enseignement de la Seine à l’issue de l’assemblée générale du 7 novembre 1918. Il siégeait au conseil fédéral de l’Enseignement et, en 1920, au Comité central des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR). Gérant et principal rédacteur des Semailles, bulletin officiel du syndicat des membres de l’enseignement laïque de la région parisienne, il fut secrétaire de cette organisation affiliée à la Fédération unitaire de l’Enseignement (CGTU), jusqu’au 13 janvier 1927. Il avait été secondé par Marthe Bigot (secrétaire pédagogique) et Henri Fulconis (trésorier). Eugène Blaise* lui succéda mais Antoine Jouveshomme resta en 1928 membre du conseil. En 1922, en plein Bloc national, pour protester contre la révocation de Marthe Bigot, les conseillers départementaux, dont le rôle était consultatif, avaient démissionné. Leur réélection provoque, le jour du dépouillement du scrutin dans la salle Saint-Jean de l’Hôtel de ville, un rassemblement massif du personnel, profitant de l’occasion pour donner plus de poids à la protestation, il invita ses collègues à chanter l’Internationale, ce qui eut pour effet de faire fuir les officiels par une porte dérobée. Orateur de talent, il représenta son syndicat dans de nombreuses réunions publiques et dans des mouvements comme le Comité central pour l’amnistie, en 1920. Quatre ans plus tard, il demanda une loi d’amnistie étendue « non seulement aux délits politiques, mais aussi à certains délits de droit commun tels que l’avortement » (intervention au meeting de l’Union des syndicats unitaires de la Seine, le 19 juin 1924). Ses informations sur la répression en URSS l’avaient amené à se détourner du PC. Il avait personnellement recueilli les témoignages concordants de Aufrère, correcteur qui fut secrétaire adjoint alors qu’Antoine Jouveshomme était secrétaire général à la création de la section de Colombes du PC en 1921 et de Blutte*, instituteur, l’un et l’autre de retour d’un séjour en URSS. Lors d’un vote d’orientation en 1926, qui fut de peu favorable à la minorité animée par Fernand Loriot et Marthe Bigot, il s’abstint, désirant rester hors des tendances mais démissionna de son poste de secrétaire. Victorien Barne* écrit dans son autobiographie de 1937 qu’il avait adhéré au PC sous l’influence de Jouveshomme, « aujourd’hui exclu du Parti ».

Il quitta le syndicat unitaire en 1928 pour adhérer au Syndicat national des instituteur (CGT).

En 1931, il approuva l’Appel des 22 pour l’Unité syndicale.

Il avait suivi des cours à la Sorbonne et obtenu un licence de droit et deux certificats d’études supérieures d’histoire moderne et contemporaine et de géographie. Il devint professeur de lettres au cours complémentaire du groupe scolaire 93 rue d’Alésia à Paris XIVe arr.

On le trouve en 1945, militant actif de la Ligue des droits de l’homme. Il fut employé de 1948 à 1958 au Syndicat national des instituteurs (SNI) pour s’occuper des questions juridiques et rédiger des articles (non signés) sur ces problèmes dans l’École libératrice. Il resta durablement abonné à l’École émancipée et à la Révolution prolétarienne.

Il adhéra en 1960 à la section du XIVe arr. du Parti socialiste unifié.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article97042, notice JOUVESHOMME Antoine par Jean Maitron et Claude Pennetier, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 18 avril 2022.

Par Jean Maitron et Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13015, rapport du 20 juin 1924 ; F7/13016 ; F7/13743 ; F7/13747, rapport de novembre 1925. — Arch. PPo. 50, juin 1927. — Le Cri du Peuple, 21 janvier 1931. — Les Semailles. — L’Humanité, 21 janvier 1921 et 27 avril 1925. — La Révolution prolétarienne, février 1974. — Le Syndicalisme dans l’Enseignement, op. cit.. — État-civil de Saint-Germain-l’Herm. — La Révolution prolétarienne, février 1974. — Notes de L. Bonnel et de F. Ferrette.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable