OISHI Seinosuke (pseudonyme : ROKUTEI Eishō)

Né le 29 novembre 1867 dans le département de Wakayama ; mort le 24 janvier 1911 à Tōkyō. Leader du groupe socialiste de Shingū ; médecin. Victime de l’Affaire du complot de lèse-majesté.

Issu d’une famille de savants, ŌISHI Seinosuke était le troisième fils d’ŌISHI Masuhei, demeurant à Shingū, dans le fief de Kū (actuel département de Wakayama). Son frère aîné, Yohei, était devenu un chrétien fervent sous l’influence des frères Alexander et John Rail, qui baptisèrent Seinosuke vers 1884. Mais celui-ci abandonna le christianisme peu de temps après son entrée à l’Université Dōshisha.
Afin d’apprendre l’anglais, il se rendit ensuite à Tōkyō où il mena une vie peu ordonnée : il vendit des livres appartenant à ses amis sans permission, ce qui lui valut un mois et vingt jours de prison ferme et une surveillance de six mois par la police. Arrivé aux États-Unis en 1890, ŌISHI Seinosuke fréquenta d’abord l’école secondaire de Saint-­Paul, puis la Faculté de Médecine de l’Université de l’État d’Oregon dont il sortit diplômé de médecine en 1895. Il regagna le Japon en novembre de la même année, et ouvrit, l’année suivante, un cabinet de consultations à Shingū. Puis, vers la fin de 1898, il se rendit à Singapour pour y pratiquer la médecine. Un an plus tard, il partit pour Bombay et fit des recherches médicales à l’université de Bombay jusqu’à son retour au Japon, en janvier 1901. Ce fut pendant ce séjour en Inde qu’il s’intéressa au socialisme. Il avait auparavant, en 1897, commencé à envoyer des « tanka » humoristiques (poèmes japonais de trente et une syllabes) : jōka (kyōka ou dodoitsu) an journal Maru muru shimbun (Journal tout à fait bizarre) et, vers 1902, son maître, ŌTEI Kinshō, lui permit de prendre le pseudonyme comme poète de « jōka » de ROKUTEI Eishō.
A partir de 1903, ŌISHI Seinosuke écrivit de courts articles pour divers journaux locaux et pour des journaux de tendance socialiste comme par exemple Shakaishugi (Socialisme), Shūkan heimin shimbun (Journal hebdomadaire de l’homme du peuple), Choku gen (A vrai dire), Hikari (La Lumière), Muro shimpō (Dépêche de Muro), Kumamoto hyōron (Critique de Kumamoto) et Shakai shimbun (Journal social). Vers cette époque, il fit aussi une quête en faveur du mouvement socialiste.
En 1906, il alla à Tōkyō pour s’entretenir avec KŌTOKU Shūsui et autres. L’année suivante, il reçut SAKAI Toshihiko et MORICHIKA Unpei à Shingū. KŌTOKU rendit à son tour visite à ŌISHI Seinosuke en juillet 1908 ; celui-ci revint à Tōkyō, en novembre, pour faire passer à KŌTOKU et KANNO Suga entre autres, une visite médicale de routine. Ce fut en 1909 que NIIMURA Tadao s’installa chez ŌISHI pendant six mois.
ŌISHI Seinosuke exerça une influence décisive sur les militants socialistes de Shingū parmi lesquels NARIISHI Heishirō, NARIISHI Kanzaburō, TAKAGI Kenmyō, MINEO Setsudō et SAKIKUBO Seiichi. Ils adoptèrent les conceptions d’ŌISHI, qui était favorable à la formation d’un front uni des divers partis de gauche, mais qui s’associa, après le démembrement des organisations socialistes, à la Fraction d’action directe (Chokusetsu kōdō ha) dirigée par KŌTOKU Shūsui avec lequel il sympathisait.
En juin 1910, ŌISHI Seinosuke fut accusé d’avoir ourdi un complot de lèse-majesté avec les militants de Shingū cités plus haut. L’acte d’accusation d’ŌISHI prétendit, en déformant les faits, qu’il avait aidé NIIMURA Tadao à envoyer de chez lui, à MIYASHITA Takichi, de la potasse chlorhydrique pour la fabrication d’explosifs ; qu’il avait machiné une conspiration contre l’empereur Meiji avec KŌTOKU et d’autres lors de son séjour à Tōkyō, en novembre 1908 et qu’il avait incité des militants d’Ōsaka dont TAKEDA Kuhei, OKAMOTO Eiichirō et MIURA Yasutarō, et ses partisans de Shingū, à participer au complot. Condamné à la peine de mort Je 18 janvier 1911 par la Cour suprême avec vingt-trois autres accusés, ŌISHI Seinosuke fut exécuté le 24 du même mois en même temps que onze autres condamnés.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237487, notice OISHI Seinosuke (pseudonyme : ROKUTEI Eishō), version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 29 juillet 2022.

SOURCES : NISHIMURA Jsaku, Ware ni eki ari (J’y ai intérêt), 1960. — ITOYA Toshio, ŌISHI Seinosuke (ŌISHI Seinosuke), 1971. — HAMAHATA Eizō, ŌISHI Seinosuke shōden (Biographie brève d’ŌISHI Seinosuke), 1972. — MORINAGA Hidesaburō, ŌISHI Seinosuke no jōka (Les « tanka » humoristiques d’ŌISHI Seinosuke), 1965. — Taigyaku jiken arubamu (Album de l’Affaire du complot de lèse­majesté), édité par le comité de rédaction des Œuvres complètes de KOTOKU Shūsui, 1972.

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