TINELLI Mario, alias Balland

Par Jean-Claude Magrinelli

Né le 7 septembre 1910 à Caorso (Italie), mort le 18 mars 1979 à Briey (Meurthe-et-Moselle) ; maçon ; militant communiste responsable des activités sportives des groupements de jeunesse d’Auboué sous le Front Populaire ; membre de la direction régionale clandestine de juin 1940 à juin 1942 ; participe à la libération de la Nièvre avec les FTP du commandant Roland ; responsable de l’association des FTP d’Auboué après la guerre .

Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, 102 W 1.

Mario Tinelli naquit le 7 septembre 1910 à Caorso, une bourgade de la province de Plaisance en Émilie-Romagne. La famille semble s’être installée à Auboué dans la première moitié des années 1920. Au recensement de 1936, Teresa Tinelli veuve Delprato, née à Caorso en 1872 tenait un café rue du pont. Elle logeait son fils Luigi Delprato, né en 1891 à Caorso, manœuvre aux Ponts et Chaussées et trois « pensionnaires » du nom de Tinelli, tous manœuvres aux Ponts et Chaussées : Agostino né en 1880, Fernando né en 1909 et Mario né en 1910. En 1931, la famille logeait au n° 19 de la rue de Metz. La crise économique commençait ; Fernando travaillait maintenant comme manœuvre à l’usine d’Auboué et Mario comme manœuvre chez Buzzi, une entreprise locale de travaux publics. Dans cette rue habitaient également les familles d’Ilario Meriggiola, d’Oliviero Trasciatti, de Dante et Francesco Pedersoli, de Riccardo Introini, toutes engagées dans la lutte antifasciste. Au début des années 1930, Mario Tinelli adhéra au Parti communiste et à la CGTU. Sous le Front Populaire, il eut la responsabilité d’organiser les activités de plein air du groupe des enfants de l’Entente ouvrière, des Jeunesses Communistes et de l’Union des Jeunes Filles de France d’Auboué après leur création en 1938. À ce titre, il contribua à la formation sociale et politique de beaucoup de jeunes de la localité comme les frères Pierre et Jean Bertrand, Maurice Henry et son frère Roger ou les sœurs Ida et Germaine Pedersoli. Il devint aussi entraineur des sportifs de l’association « Les amis de la liberté », affiliée à la FSGT, elle-même créée par le syndicat des métaux et le syndicat de la mine d’Auboué. Il participa enfin activement aux nombreuses actions de soutien à l’Espagne républicaine. Il était titulaire de la carte d’identité d’étranger n° 39 CB 35 848 délivrée par le préfet de Meurthe-et-Moselle le 7 mai 1940.
Début juin 1940, Mario Tinelli encadra des Aubouésiens qui fuyaient vers le sud devant l’avance des troupes allemandes. Ils furent par elles rattrapés au Champ le Bœuf sur les hauteurs de Nancy. À cette occasion, il réussit à établir le contact avec Camille Thouvenin. Ce dernier venait de s’échapper du train cellulaire avec lequel il avait été évacué de la prison Charles III à Nancy. Il témoigna après-guerre : « Le 21 juin, j’arrivais chez moi, alors que les Allemands s’y tenaient depuis trois jours. Le 24 juin, j’apprenais par Mario Tinelli au Champ le Bœuf sur la route de Nancy/Toul le retour à Nancy de Jean Eggen… Le 25 juin, nous nous rencontrions tous les trois chez Charles Bernaschina. Comme pendant la clandestinité j’avais été investi de mes fonctions par le dernier comité fédéral du 28 août 1939, je pris la direction (…) du groupe de trois de direction départementale. Tinelli fut désigné responsable du secteur Jarny-Briey. Jean Eggen prit la direction du secteur Nancy Nord, Dombasle et Lunéville. Très rapidement nous nous mîmes au travail (…) Mario Tinelli me prépara plusieurs rendez-vous à Jarny, à Auboué, à Piennes et Joudreville. Lui même organisa les groupes d’Auboué. »
Avec son camarade et ami Gino Parentelli, Mario mit progressivement en place les groupes de trois à Auboué. Il y en eut six au début de 1941 ; en fin d’année, ils étaient 10 constituant une trentaine. Cette organisation clandestine importante fit d’Auboué une ville phare de la résistance communiste dans le département, avec Nancy et Neuves-Maisons / Chaligny. Tous les rapports de police et de gendarmerie le signalèrent : le nombre de diffusions de tracts, de collages de papillons, d’inscriptions sur les murs augmenta à partir de janvier 1941, mois de reparution de La Voix de l’Est clandestine, le journal régional du parti. Le 3 avril, le maréchal des logis chef Hubert rapporta : « … Malgré un service discret, il a été impossible jusqu’à présent d’obtenir aucun renseignement sur les auteurs et distributeurs de ces tracts. C’est par l’intermédiaire de MM. les directeurs et ingénieurs de la mine et de l’usine en possession d’un original que copie en a pu être faite » et de conclure : « Un mouvement communiste paraît se dessiner dans la commune ». La menace vint pourtant d’Homécourt quand une lettre anonyme datée du 15 avril parvint au brigadier de gendarmerie de cette ville. Le délateur écrivait : « … A Auboué, il y a Tinelli, ancien secrétaire général des Jeunesses Communistes du bassin de Briey et je crois fort que ce soit sous sa direction que s’accomplit ce sale travail de division du peuple de France… ». Sur cette information, le préfet mandata le 22 avril une perquisition. L’inspecteur de police spéciale de Briey, Yves Courcoux, accompagné du chef de la brigade de gendarmerie d’Auboué l’effectua le 28 avril. Elle eut lieu en présence d’Agostino, le père de Mario qui à ce moment était à son travail. Un tome de la série Fils du peuple de Maurice Thorez et « une carte d’Allemagne sur laquelle sont mentionnés les prisons et camps de concentration » furent saisis. Le 10 juin, le préfet Schmidt « communique (à la FK 591) ce document à telles fins que vous jugerez utiles. » Mario était désormais placé également sous surveillance allemande.
L’agression hitlérienne contre l’URSS le 22 juin 1941 fut suivie dans le bassin de Briey de la distribution massive du tract « Bas les pattes devant l’Union soviétique ». Le 14 juillet, la ville d’Auboué fut pavoisée d’inscriptions et de drapeaux rouges. Le sous-préfet réagit : « Il y a eu à Auboué des inscriptions communistes sur les murs et des drapeaux rouges hissés en plusieurs endroits. Aussi c’est 8 militants communistes que j’ai fait arrêter et pour lesquels je vous ai demandé de m’adresser un arrêté prescrivant leur internement pour 25 jours. » Les jours suivants d’autres actions eurent lieu. « Joseph Schneider paraît être l’instigateur de tout » en conclurent les gendarmes d’Auboué et ils désignèrent 5 « agitateurs » dont Giovanni Pacci qui apparaissait pour la première fois dans un rapport. En fait, le chef de la brigade locale dut reconnaître qu’il ne savait rien des auteurs de ces actions : « Des inscriptions séditieuses (ont été) apposées dans la nuit du 16 au 17 courant : A bas Pétain, A bas Hitler, Vive De Gaulle, Vive Staline, Vive les Soviets, Vive l’Armée Rouge, Thorez au pouvoir… Il y a certainement à Auboué un noyau assez important de communistes mais il s’avère très difficile de pouvoir s’allier des indicateurs sérieux du fait que la population est rouge à 75 %... »
Avant même le 14 juillet, le développement de l’action des groupes de trois dans la ville occasionna une intensification de la répression menée par le préfet régional Jean Schmidt. Sur proposition du sous-préfet de Briey Maurice Mancel, à la suite de la distribution effectuée le 4 juillet, Mario Tinelli fut l’objet d’un arrêté préfectoral d’internement administratif daté du 7 juillet, pour 15 jours à la maison d’arrêt de Briey. Arrêté et écroué le 10 juillet, Mario déclara au commissaire Renard venu l’interroger : « Je travaille à la réfection d’un pont à Auboué… Je n’ai jamais appartenu au parti communiste et je n’ai jamais fait de politique. J’ai participé aux manifestations et meetings dans la région en qualité de moniteur de la FSGT. Je ne connais aucun membre du parti communiste. »
Mario Tinelli figurait sur la liste de 33 militants locaux établie par la gendarmerie d’Auboué le 3 avril 1941 ainsi que sur la liste de 25 militants du bassin de Briey susceptibles d’être internés, dressée le 15 juillet 1941 par le commissaire spécial de Briey, en application de la circulaire du 2 juillet du préfet régional. Huit militants d’Auboué y étaient inscrits ; Mario était en 2e position, juste après « Joseph Schneider jugé « le plus dangereux ».
En représailles du sabotage effectué à l’usine d’Auboué dans la nuit du 4 au 5 février 1942 par deux groupes aubouésiens de l’Organisation Spéciale, l’occupant décida de prendre 20 otages parmi les communistes. Mario figura, en 10e position, sur la liste de 20 communistes élaborée par le préfet Jean Schmidt dans la nuit du 6 au 7 février 1942 et transmise au sous-préfet de Briey à une heure du matin, qui la remit à la KreisKommandantur. Soixante-douze perquisitions furent effectuées dans la ville entre le 5 février et le 21 février par la police et la gendarmerie françaises. Une perquisition eut lieu chez Mario Tinelli le 6 février, suivie d’une seconde le lendemain, sans résultat. Le 8 février, un procès verbal de recherche était établi par les policiers de la XVe brigade régionale de police judiciaire au nom de Giovanni Pacci, Mario Tinelli et Maurice Henry. Le 13 était publiée par la Direction Générale de la Police Nationale une circulaire de recherche les concernant. Mario Tinelli avait trouvé refuge dans le bassin de Longwy. Un rapport du chef de la section anticommuniste de la XVe brigade mobile du 19 juin 1942 indique que « … le nommé Balland, en réalité Tinelli Mario » avait été arrêté « par la gendarmerie de Mont-Saint-Martin le 20 février 1942, à la suite de laquelle il réussit à s’échapper. » Tinelli rejoignit la planque de Gino Parentelli, « au Café Moderne à Mancieulles ».
L’arrestation de Giovanni Pacci le 11 mai amplifia la répression. Les coups de filets de la police allemande et, dans une moindre mesure, de la police française parvinrent à démanteler entre avril et juillet 1942 l’organisation communiste clandestine, politique et militaire. Après que Gino Parentelli ait pu, le 17 juin, avoir un contact à Nancy avec un agent de liaison de la direction nationale qui lui conseilla « de quitter la région », les deux hommes le firent le 18 juin. Par Bar-le-Duc et Auxerre, ils atteignirent la Nièvre et réussirent à prendre contact avec le groupe FTP du commandant Roland. Ils participèrent aux combats de la libération de la Nièvre.
Cependant, parmi les 38 accusés comparus devant le tribunal militaire de la FK 591 de Nancy du 16 au 20 juillet 1942 se trouvait un certain Mario Tinelli, « né le 12 juillet 1909 à Caorso (Italie) ». Il était domicilié à Piennes. Il fut « condamné à un an de prison » pour ses « relations communistes ». Il lui était reproché d’avoir été « membre du parti communiste en 1936 jusqu’au début 1938. Il a été arrêté au café Moderne alors qu’il allait y chercher des pommes de terre sur les conseils de Parentelli qu’il avait rencontré par hasard. » À ses juges, il déclara n’avoir « pas fourni de pommes de terre aux communistes mais qu’il en a seulement vendu à un camarade qui n’avait rien à manger. » Ce Mario Tinelli connaissait donc le café Moderne c’est à dire le lieu de contact avec les deux dirigeants recherchés. Selon un avis de recherche du service régional de police de sûreté de Nancy établi en juin 1943 : « En fuite depuis le début de l’année 1942, inculpé de menées communistes et terroristes, (Tinelli Mario) est recherché par la justice militaire allemande de ce chef, (et) pourrait se trouver chez la nommée : Coperchini Elsa, demeurant à Villaparisis (Seine-et-Marne) 23, Avenue Diderot ou entrer en relation avec sa femme. » Il y aurait donc deux Mario Tinelli. L’existence de deux fiches individuelles de renseignements, la sentence du tribunal militaire allemand et les avis de recherche plaident pour cette hypothèse.
À la Libération, avec son ami Gino ParentelliI, il fut à l’origine du projet de construction du caveau des fusillés à Auboué. Les corps des FTP aubouésiens furent rapatriés et placés dans le caveau avec les honneurs militaires le 18 novembre 1945. En mars 1946, il intervint comme « responsable du mouvement FTPF d’Auboué » devant 400 personnes réunies dans la ville à l’occasion de la « remise des diplômes aux FTP de Joeuf-Homécourt-Auboué-Moutiers ». Il « critiqua l’intervention de la police vichyssoise qui, en collaboration avec la Gestapo, procéda aux arrestations de patriotes d’Auboué et des environs. Il démontra comment s’était faite la création du mouvement local FTPF, son activité durant l’occupation et s’attaqua au traître Pacci qui avait dénoncé ses camarades pour sauver sa peau ».
À son retour du maquis, Mario Tinelli devint « ouvrier d’usine ». Il se maria à Auboué le 24 novembre 1945 avec Madini Giannina née le 22 mars 1921 à Colbordolo, une bourgade de la province de Pesaro dans la région des Marches. Ernest Birgy fut un de leurs témoins. Le couple résida au n° 51 des cités de Coinville. Il eut deux enfants, Daniel puis Joëlle. Au début des années 1950, Mario se retira progressivement de ses activités militantes. Il décéda à Briey le 18 mars 1979.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article239906, notice TINELLI Mario, alias Balland par Jean-Claude Magrinelli , version mise en ligne le 8 avril 2021, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Jean-Claude Magrinelli

Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, 102 W 1.
Equipe de football FSGT d’Auboué en 1938. Mario Tinelli est debout à droite.
18 novembre 1945 au Caveau des fusillés, Mario Tinelli (à droite) tient la couronne FTP avec Gino Parentelli qui porte un brassard.
Archives Jean-Claude Magrinelli.

SOURCES :
Archives départementales de Meurthe-et-Moselle : 6 M 33-28 : Recensements de 1911 à 1936, commune d’Auboué. 102 W 1 Dossier 618 : Procès verbaux d’audition d’Almo Biancalana (5 août 1942) et d’Henri Koziol (25 juillet 1942) sur son rôle dans les organisations de jeunesse sous le Front populaire. WM 312 : Note manuscrite du chef du cabinet du préfet régional du 7 février 1942, 15 heures : « Pacci Giovanni, Tunesi Emile, Tinelli Mario, Henry Roger ont disparu depuis quelques jours » et « Attentat d’Auboué. Complément 13 février 1942 : Recherchés par la police mobile : Tinelli Mario, né le 7 septembre 1910 à Caorso – célibataire – nationalité italienne – demeurant à Auboué, 19, rue de Metz – Moniteur de sports aux Jeunesses Communistes » avec « Pacci Giovanni – Sympathisant tendance communiste » et Henry Roger « Secrétaire des Jeunesses Communistes ». WM 321 : Rapport du commissaire Lucien Bascou au chef de la XVème brigade daté du 19 juin 1942 sur l’organisation des groupes de trois à Auboué. WM 325 : Rapports du gendarme Tilland du 16 juillet, du maréchal des logis chef Thiriet du 18 juillet 1941, du commissaire spécial de Briey du 4 janvier 1941, du maréchal des logis chef de la brigade d’Auboué des 3 et 8 avril 1941, sur les distributions de tracts à Auboué. WM 326 : Rapports du maréchal des logis chef de la brigade d’Auboué du 15 septembre 1941, du capitaine Duval chef de la section de Briey du 19 décembre 1941 sur les « menées communistes » à Auboué. WM 332 : Dossier relatif à l’internement administratif de Mario Tinelli, notamment la perquisition effectuée le 28 avril 1941 par l’inspecteur de police spéciale de Briey, Yves Courcoux. WM 333 : Liste de 25 communistes du bassin de Briey dressée par le commissaire spécial de Briey le 15 juillet 1941. WM 402 : Rapports du commissaire chef des Renseignements Généraux au préfet régional sur le déroulement du procès de Nancy, datés des 16 juillet, 17 juillet, 18 juillet et 22 juillet 1942. 1304 W 17 : Note d’information du commissaire de police de Briey du 18 novembre 1945 adressée à la Direction Générale de la Sûreté Nationale relative aux « funérailles solennelles de 11 habitants anciens résistants, fusillés par les Allemands le 29 juillet 1942 à Nancy ». WM 1306-96 : Procès verbal d’audition de Mario Tinelli, daté du 10 juillet 1941. 1739 W 2 : Dossier Tinelli Mario établi par le SRPJ à Nancy. 1739 W 5 : Rapport du commissaire Lucien Bascou chef de la section anticommuniste de la XVème brigade régionale de police judiciaire daté du 9 juin 1942, concernant 13 « communistes et terroristes identifiés actuellement recherchés » dont Mario Tinelli et Gino Parentelli, « inculpé (s) de menées communistes, en fuite ». Rapport du chef du SRPJ de Nancy au chef du SRPJ de Paris daté du 30 juin 1943.
Archives Municipales d’Auboué, Extraits de l’acte de naissance, de l’acte de mariage et de la transcription du décès (28 octobre 2020).
Bibliographie : Magrinelli Jean-Claude, Le Front Populaire dans la vallée de l’Orne : Auboué-Homécourt-Joeuf (1929-1939), Université Nancy I, 1974. — Magrinelli Jean-Claude et Yves, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, SNIC Nancy, 1985. —Martinet Jean-Claude, Histoire de l’Occupation et de la Résistance dans la Nièvre 1940-1944, Éditions Universitaires de Dijon, 2015. — Rossolini Alfred, Résistance. Engagement d’une cité ouvrière. Auboué 1936-1945, Wotan Éditions, Nancy, 2016. —Thouvenin Camille, La résistance dans la région Est, sans date, 20 pages dactylographiées
Presse : Chardon lorrain (journal du Front National de Libération) du 25 novembre 1945, articles intitulés : « Auboué : 15 000 personnes » et « Auboué honore ses martyrs ». — Pagus ornensis, n° 21, juillet 1996. Article d’Alfred Rossolini intitulé « Auboué. 18 novembre 1945. Retour des corps des fusillés de 1942 ».

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