PETIT Marcel [PETIT Jean, Marcel]

Par Pierre Lévêque, Jean Belin

Né le 13 avril 1893 à Branges (Saône-et-Loire), mort le 14 octobre 1971 à Dijon (Côte-d’Or) ; employé aux PTT ; secrétaire général de l’Union des syndicats confédérés de la Côte-d’Or puis de l’Union départementale CGT réunifiée ; membre du Conseil national économique (1936-1940 ; membre du CDL pendant l’occupation ; militant socialiste.

Fils de Jean et de Marie Petit, parents cultivateurs, Marcel Petit fut employé aux PTT dès l’âge de dix-huit ans comme auxiliaire puis commis à la Poste de Mâcon. Incorporé de novembre 1913 à septembre 1919, il reçu la croix de guerre pour son comportement pendant la Première Guerre mondiale. Il réintégra dès son retour les PTT à Macon. Il fut muté à Dijon à partir d’avril 1927. Elu secrétaire général de l’Union des syndicats confédérés de la Côte-d’Or au 20e congrès de mars 1934 et au 21e congrès de mars 1935 succédant à Georges Desprès, Marcel Petit fut élu secrétaire général de l’UD-CGT réunifiée au 22e congrès qui se tint le 29 décembre 1935 à la Bourse du travail. Il participa avec la délégation de l’UD à la commission départementale paritaire de conciliation et d’arbitrage mise en place par le préfet à la suite des grèves de juin-juillet 1936. En mai 1938, au congrès de cette organisation, il fut vivement attaqué par les minoritaires (ex-unitaires) et défendu par le journal socialiste le Socialiste côte-d’orien pour avoir voulu préserver l’indépendance syndicale. Il fut un des trois principaux orateurs avec Robert Jardillier, député-maire de Dijon, René Lallemand, secrétaire Régional du Parti communiste, lors d’un rassemblement de protestation qui rassembla plusieurs milliers de personnes place Wilson à Dijon le lundi 27 juin 1938. Cette manifestation était organisée à l’appel du Comité départemental du rassemblement populaire pour exiger la dissolution des ligues factieuses qui organisaient le même jour dans la ville un rassemblement en présence de Gaston Gérard, ancien maire de Dijon, député et de Jacques Doriot. En novembre 1938, la direction nationale de la CGT décida de riposter aux décrets-lois Daladier-Reynaud qui remirent en cause les acquis de 1936 par un appel à faire grève dans toute la France le 30 novembre. En Côte-d’or, Marcel Petit prit la parole au terme d’une manifestation, autorisée par le maire de Dijon, Robert Jardillier, mais interdite par le préfet et qui mobilisa plus de 10 000 personnes dans les rues de Dijon le samedi 26 novembre. Au terme de la manifestation, il invita les salariés à répondre au mot d’ordre de grève lancée par la CGT pour le 30 novembre 1938. Petit et d’autres dirigeants de l’UD furent condamnés à une amende de 1 franc par le tribunal de police de Dijon pour n’avoir pas respecté la décision du préfet quand à l’interdiction de la manifestation. Il fut membre du Parti socialiste avant la guerre et du Conseil national économique de 1936 à 1940.
Il présida une réunion extraordinaire de la CA de l’UD le 29 septembre 1939 avec à l’ordre du jour le Pacte germano-soviétique. Marcel Petit, Eugène Belli, Emile Bardollet exigèrent que les minoritaires (unitaires) désavouent le Pacte où donnent leur démission de la CA. Ces derniers refusèrent et furent exclus par la tendance confédérée majoritaire de la CA.
La Bourse du travail fut occupée par les Allemands dès leur arrivée à Dijon. La CGT étant dissoute en août 1940, l’UD cessa de fonctionner. Seuls les syndicats « légaux » autorisés eurent le droit de se réunir à la Bourse du travail ainsi que les comités sociaux découlant de la politique sociale du régime de Vichy qui étaient animés par Eugène Belli et Léon Seux, tous deux chartistes. Marcel Petit ne figura plus dans le CA de la Bourse du travail élu en 1940. Il réapparaît qu’en novembre 1943 pour représenter l’UD CGT au comité départemental de Libération de la Côte-d’Or présidé par le socialiste Claude Guyot. La CGT n’était pas invitée à la première réunion du CDL clandestin, et ce fut sur insistance des représentants du Front national (FN) et du Parti communiste clandestin que Guyot accepta qu’elle y participa. Ce dernier porta son choix sur Marcel Petit, mais refusa que la tendance unitaire, pourtant très active dans la Résistance, soit également membre du comité. D’après un témoignage de Maurice Loriguet (Avenir de la Côte-d’Or, janvier 1946), qui représentait le FN au CDL, Marcel Petit s’opposa à la proposition de Marcel Asmus d’organiser une vaste manifestation le 29 novembre 1943 dans les rues de Dijon afin de soutenir la grève générale de protestation des cheminots du dépôt de Perrigny-lès-Dijon contre la condamnation à mort par le tribunal allemand siégeant à Dijon de sept de leurs camarades accusés de sabotages. Petit refusant tout action de masse au prétexte de son inefficacité pour mettre en échec les allemands et au risque que ceux-ci exercent des représailles. La manifestation fut toutefois organisée par la plupart des organisations de résistance et rassembla 1500 personnes rue de la Liberté à Dijon et sans l’accord du CDL et de son président.
Un dossier déposé au service historique de la Défense (SHD) à Vincennes indique que Marcel Petit était homologué comme résistant au sein des Forces françaises combattantes (FFC), réseau EMPTT. Petit demeura secrétaire de l’UD-CGT reconstituée après la Libération de Dijon jusqu’au 27e congrès de janvier 1946 qui se tint sous la présidence de Robert Bothereau, secrétaire confédéral et ami de Petit. Pendant les séances du congrès, les débats et les échanges furent tendus entre les deux tendances. Bothereau, voyant la partie perdue pour sa tendance, quitta le congrès avant la séance des votes pour regagner Paris. Marcel Petit et ses amis furent battus par la tendance unitaire. Il se présenta en candidat libre à la CA, mais ne fut pas élu. Gabriel Lejard, qui était membre de la CA avant la guerre, devint secrétaire général de l’UD. Marcel Petit rentra en lutte contre la nouvelle direction. Il quitta la CGT lors de la scission de décembre 1947 pour rejoindre le groupe des amis de Force ouvrière animé par Henry Aigueperse. Il fut ensuite un des dirigeants locaux de Force ouvrière (FO) et prit sa retraite en 1955. Il était domicilié à Dijon lors de son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article125892, notice PETIT Marcel [PETIT Jean, Marcel] par Pierre Lévêque, Jean Belin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 22 juillet 2021.

Par Pierre Lévêque, Jean Belin

SOURCES : Le Socialiste côte-d’orien, 1936-1939 et 1945. — L’Avenir de la Côte-d’Or, 1945- janvier 1946. — Cl. Guyot, Historique du Comité départemental de Libération de la Côte-d’Or, édition de 1962. — Rens. de Ch. Vèque et Madame Marcel Petit. — Le Travailleur de l’Yonne-Côte-d’Or, éditions de juin et novembre 1938. — Arch. IHS CGT Côte-d’Or, fonds de l’UD, notes et témoignage de Gabriel Lejard repris dans l’ouvrage : Gabriel Lejard un passeur de vie, Jean Belin, édition de 2018. — SDH Vincennes, GR 16P471649. — Arch. Dép. de Côte-d’Or, série 10M, dossiers et rapport de police sur les grèves de 1936. — Arch. Dép. de Saône-et-Loire, état civil, fiche de recrutement militaire. — Arch. Municipales de Dijon, sous-série 7F.

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