GOLDSZTAJN ou GOLDSTEIN Genendel [née WAJBROT]

Par Daniel Grason

Née le 15 janvier 1908 à Lodz (Pologne), morte en 1958 à Paris ; bobineuse ; militante de la sous-section juive du Parti communiste et de la Main d’œuvre immigrée ; résistante déportée à Auschwitz (Pologne).

Fille de Hersch et de Ruchla, née Ismach, Genendel Goldsztajn était mariée, mère d’une enfant de dix ans, elle habita jusqu’en janvier 1943 au 4, villa Gagliardini à Paris (XXe arr.). Elle a été à une période inconnue l’épouse de Samuel Weissberg dit Gilbert. Elle exerça sa profession de bobineuse dans un atelier de fabrication de tricots.
Le 3 juillet 1943 entre 20 heures 30 et 21 heures, Genendel Goldsztajn fut interpellée par deux inspecteurs de la BS2 au domicile de Chana Goldgewitch, 42 rue Compans dans le XXe arrondissement, Goldgewitch était déjà inculpée de « menées terroristes. » Fouillée, Genendel Goldsztajn était en possession d’une carte d’identité au nom de Jadwiga Bonnet, née Kochanowska portant le timbre humide du commissariat du Raincy (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis), d’une clef, et une carte d’alimentation et une carte de textile au nom de Samuel Weissberg. La perquisition de son domicile a été infructueuse, elle était inconnue de la police avant d’avoir été filée, elle portait une gabardine, les policiers la surnommèrent « gabardinette ».
Quatre autres inspecteurs de la BS2 perquisitionnèrent un autre domicile loué au nom de Paternotre par le couple Goldsztajn. Ces derniers n’étaient pas parus dans les lieux depuis une quinzaine de jours. Une carte d’identité d’étranger au nom de Samuel Weissberg né le 28 avril 1912 en Roumanie, étudiant, demeurant 83, rue du faubourg Saint-Denis (Xe arr.) ; une carte d’identité de travailleuse juive portant son nom à l’adresse de son domicile de la villa Gagliardini ; le livret de famille du couple Goldsztajn ; deux fausses cartes d’identités au nom de « Fortu » et « Dima » portant la photographie de Weissberg ainsi que deux faux certificats de démobilisation aux deux noms et deux certificats de travail ; une fausse carte d’identité au nom de Madeleine Morin ; deux feuilles de papier annotées ; des papiers au nom de Szmul Goldsztajn avec des photographies et deux clefs.
Lors de son interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, elle déclara avoir quitté son domicile du 4, villa Gagliardini depuis neuf mois pour le 67 rue Compans qu’elle avait loué sous le nom de Patenotre. Elle déclara connaître le couple Goldgewitch depuis l’avant-guerre, elle ajouta : « Il y a deux ou trois semaines, j’ai cru que j’étais suivie. […] J’ai demandé à Goldgewitch si elle consentait à me coucher, elle a accepté. Je ne me suis jamais aperçue qu’elle s’occupait de politique. Pour ma part je n’ai jamais adhéré à une quelconque organisation. »
Interrogée sur les papiers saisis, elle s’expliqua. Sur la fausse carte d’identité au nom Jadwiga Bonnet elle assura qu’elle lui avait « été vendue par un inconnu dans un café de Belleville pour la somme de deux mille francs. » Sa fillette Lili était avec elle au moment de son arrestation. Née le 27 octobre 1932 à Bordeaux (Gironde), elle a été confiée aux enfants assistés 74 avenue Denfert-Rochereau (XIVe arr.).
Internée au camp de Drancy sous le matricule 3222, Genendel Goldsztajn a été déportée le 31 juillet 1943 dans le convoi n° 58 à destination d’Auschwitz (Pologne). Le convoi comptait mille déportés (hommes et femmes), 662 furent gazés à l’arrivée, 232 hommes et 106 femmes ont été sélectionnés. Elle participa la résistance au sein du camp, ses camarades l’appelaient familièrement Gina Goldstein. Quand l’armée Soviétique libéra le camp le 27 janvier 1945, il ne restait que treize survivants dont cinq femmes, Genendel Goldsztajn, Esther Baginski, Hadassa Lerner, Rose Besserman, Mira Honel, militantes communistes, et Rywka Grynberg, de l’oeuvre de secours aux enfants (OSE). Il en était de même de deux hommes : Berek Baginski, militant de la Main-d’oeuvre immigrée et Maurice Honel, ex-député communiste de Clichy-Levallois (Seine, Hauts-de-Seine).
Elle retrouva sa fille Lili, mais elle ne survécut peu de temps aux épreuves de la déportation à Auschwitz-Birkeneau,
La commission rogatoire du 19 mars 1945 concernait l’inspecteur Pierre B… impliqué dans l’arrestation de Genendel Goldsztajn, le rapport indiquait : « La trace de cette dernière n’a pu être retrouvée. En effet, on ne connait pas son domicile, et elle n’est pas notée dans les différents services de la P.P. De plus, les personnes chez lesquelles elle fut arrêtée sont déportées. »
« Comme il s’agit d’une « israélite » on peut envisager l’hypothèse d’une déportation. »
Le 9 mars 1946, l’inspecteur Henri M… de la BS2, l’un de ceux qui arrêtèrent Genendel Goldsztajn comparaissait devant la justice pour son implication dans l’arrestation de résistants. L’un de ses collègues Alfred Angelot, inspecteur arrêté en mars 1944 pour résistance, témoigna sur l’activité d’Henri M…, il affirma qu’Henri M… « Était un paresseux ne poussant pas les affaires. »
Un autre inspecteur non résistant Louis S… confirma l’appréciation de « paresseux » d’Henri M…, il s’étonna que sur les dix-huit inspecteurs de son groupe, dix-sept étaient en liberté et « M… le moins actif est le seul qui comparaît devant vous. » Le Commissaire du Gouvernement demanda « une lourde peine de travaux forcés » contre Henri M… Celui-ci affirma « J’ai toujours détesté les allemands. Je regrette d’avoir appartenu à un service d’où je n’ai jamais pu sortir. » Henri M… a été condamné à quatre ans d’emprisonnement et à l’indignité nationale à vie.
Genendel Goldstein [Goldsztajn] mourut au cours de l’année 1958. Son nom a été gravé sur le mur des noms rue Geoffroy-l’Asnier au Mémorial de la Shoah.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195853, notice GOLDSZTAJN ou GOLDSTEIN Genendel [née WAJBROT] par Daniel Grason, version mise en ligne le 4 octobre 2017, dernière modification le 15 décembre 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. Carton 14 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 12 juillet 1943, BA 1849, BA 2298, GB 130, KB 77, 77W 3112. – David Diamant, Par-delà les barbelés, 1986. – Site internet CDJC.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable